TOURNAN Henri, Robert

Par Gilles Morin

Né le 22 décembre 1915 à Paris (XVe arr.), mort le 25 février 2010 à Montadet (Gers) ; administrateur civil au ministère des Finances ; membre de la mission de contrôle des charbonnages de France (1958-62) ; militant radical puis socialiste du Gers ; maire de Montadet (1947-1983) ; secrétaire de la fédération socialiste du Gers (1962-1966) ; sénateur du Gers (1962-1980).

Fils de Isodore Tournan, militant républicain socialiste qui fut député, de 1910 à 1919, puis sénateur du Gers, de 1924 à sa mort sous l’Occupation, Henri Tournan suivit des études au lycée Buffon, puis à la faculté de droit de Paris. Docteur en droit, diplômé de l’École libre des sciences politiques, il entra par concours en 1941 au ministère des Finances où il exerça les fonctions d’administrateur civil en 1946. Il fut chargé durant plusieurs années du Crédit social puis exerça durant quatre ans comme membre de la Mission de contrôle économique et financier des Charbonnages de France. Il résidait à Paris, mais militait dans le Gers.
S’inscrivant dans la tradition familiale, Henri Tournan fut élu conseiller général du canton de Lombez en septembre 1945, sous l’étiquette radical-socialiste Il rejoignit la SFIO début 1946. Élu ensuite maire de Montadet, à partir de 1947, il était un collaborateur actif du Gers socialiste. Sa carrière politique élective connut une longue traversée du désert de 13 années, lorsqu’il fut battu de 161 voix aux cantonales de 1949, son adversaire radical ayant reçu l’appui du RPF et le candidat communiste se maintenant (il avait obtenu 286 voix au premier tour). Ces échecs ne le découragèrent pas et il demeura un militant actif. Membre de la commission administrative fédérale de la SFIO du Gers, il se présenta sans relâche à tous les scrutins suivants : il fut candidat aux élections législatives de 1951, 1956 et 1958, ainsi qu’au conseil général en mars 1953, puis à une élection partielle dans le canton de Lombez, puis de nouveau en 1955. En 1953, il avait obtenu 959 suffrages (40,4 %) au premier tour et 1243 au deuxième (42,7 %). La Dépêche du Midi l’attaqua violemment dans deux articles et les communistes menèrent une campagne violemment antisocialiste selon le préfet (et non contre le radical qui fut élu).
À Paris, Tournan occupait une place discrète, mais était présent dans la vie politique de la IVe République. Il fut chargé de mission au Cabinet de Paul Ramadier ministre des Affaires économiques et financières en 1956-1957.
Très résolument hostile aux institutions de la Ve République, Tournan publia une multitude d’articles dans la presse du parti, mais aussi dans Sud-Ouest et la Dépêche du Midi. Cet activisme politique, lui permit de devenir secrétaire fédéral SFIO du Gers en 1962, avec comme adjoint Aimé Mauco qui devait lui succéder à ce poste en 1966.
Ce serait le sénateur Abel Sempé qui aurait ouvert la voie du Sénat à Tournan ; élu le 23 septembre 1962, il devançait le sortant, le radical Leygues, avec 275 voix au premier tour et 382 voix au deuxième tour (contre 231 à Leygues). Son implantation locale restait fragile toutefois : toujours maire de la petite commune de Montadet, il a été de nouveau battu aux élections cantonales de 1964 à Samatan : il obtint 26,3 % des voix. Réélu sénateur PS en septembre 1971, avec 351 voix au premier tour et 394 au second. Il a bénéficié aux deux élections, de 1962 et 1971 du désistement communiste. Il fut trésorier du groupe au Sénat et était membre de la commission de Finances du Sénat à partir de 1968. Après le décès de Ludovic Tron, nommé rapporteur spécial de la commission des finances, il fut le porte-parole du groupe socialiste dans les débats budgétaires. À l’image des autres élus socialistes, il critiquait la politique économique des gouvernements de droite, notamment le Plan Barre en 1977, mais il soutint les réformes sociétales, comme la loi Neuwirth sur la régulation des naissances en 1967, la loi fixant la majorité à 18 ans en 1974, les lois Veil sur l’interruption volontaire de grossesse et la réforme du divorce en 1975. Il intervint contre la loi prévoyant le regroupement et la fusion de communes, s’opposa à la création des régions en 1972, dénonçant la marginalisation des zones à dominante rurale. Il a encore été membre de la commission d’enquête parlementaire sur le scandale du marché des de La Villette en 1970 et a été président de la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes du Sénat
Henri Tournan regagna le siège de conseiller général de Lombez en 1973 et fut reconduit en 1979 (avec 65 % des voix au 2e tour), il était alors président de la commission des Finances. Ce fut son dernier succès électoral. Il fut défait aux élections sénatoriales de septembre 1980, victime des divisions internes de la gauche pour avoir été devancé au second tour de scrutin par Abel Sempé, sénateur sortant socialiste dissident.
Tournan a été en outre président du syndicat à vocation multiple du canton de Lambez, président du syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable des cantons de Lambez et Samatan et du syndicat d’électrification de la vallée de la Save.
Adhérent du Parti socialiste dirigé par François Mitterrand à partir de 1971, Tournan semble être longtemps resté fidèle à l’ancienne direction puisqu’il fut signataire de la motion de la « Bataille socialiste » pour le congrès de Grenoble en 1973.
Chevalier de la Légion d’honneur, il mourut à l’âge de 95 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184748, notice TOURNAN Henri, Robert par Gilles Morin, version mise en ligne le 3 septembre 2016, dernière modification le 3 septembre 2016.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/117/B, 218, 302, 305, 561 ; F/1cIV/152 ; 19890523/10 et 13. — Archives OURS, dossiers Gers. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. —Profession de foi, aux élections législatives de 1956. — Le Gers socialiste, 25 septembre 1971. — Le Poing et la Rose, n° 15, mai 1973. — FNESER, Annuaire des conseillers généraux socialistes, sd. (1979). — Encyclopédie périodique, Communes et maires de France, société générale de presse, 1987. — Dictionnaire des parlementaires français en ligne.

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