CAMELIN Solange [née LOMBARD Solange]

Par Rémy Gaudillier, Jacques Girault

Née le 3 juillet 1928 à Mantry (Jura) ; morte le 13 juin 2014 à Lons-le-Saunier (Jura) ; institutrice ; militante syndicaliste du SNI, militante communiste, secrétaire de la fédération communiste du Jura (1976-1977).

Le père de Solange Lombard, fils de sabotier, après une série de petits emplois peu gratifiants, s’engagea dans l’armée, participa à la guerre du Rif et devint sous-officier. Sa mère resta agricultrice jusqu’à son mariage en 1927. La famille maternelle, de tradition catholique, pratiquait à l’occasion ; la famille paternelle était éloignée de la religion. Le couple se maria religieusement et leur fille reçut les premiers sacrements catholiques.

À sa sortie de l’École normale d’institutrices de Lons-le-Saunier (Jura) en 1949, Solange Lombard, titulaire du baccalauréat, exerça dans divers postes (Savigna, Reithouse, Les Deux-Fays, Montmorot) avant de résider à Lons-le-Saunier, depuis sa retraite en 1982.

Membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1949, membre du conseil et du bureau de la section départementale du SNI du début des années 1950 à 1957, elle siégeait aussi à la commission administrative de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale. De 1951 à 1957, elle faisait partie du bureau départemental de la FEN-CGT. Elle remplaça le titulaire du secrétariat (octobre 1951-avril 1952). En 1961, élue suppléante de la représentante du personnel au conseil départemental de l’enseignement primaire et à la commission administrative paritaire départementale, elle redevint membre de la commission exécutive de la section départementale du SNI en 1961. Elle intervenait souvent dans la presse syndicale sur divers sujets, notamment les effectifs des classes, le maintien des classes rurales, etc.

Dans les années 1950, elle s’exprimait régulièrement dans La Voix syndicale, organe des instituteurs et institutrices du Jura. Ses articles développaient la ligne du courant cégétiste devenu « Unité et Action » : « Front Uni des Travailleurs » (septembre-octobre 1953), « le Congrès des Peuples pour la Paix » (janvier 1953), « L’Unité d’Action avec la CFTC » (mars-avril 1954), « la CED » (mai-juin 1954). En juillet 1955, elle présenta à l’assemblée générale du syndicat une motion dénonçant le régime de paix armée et affirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette même année, elle traita de l’enseignement en Pologne et donna un compte-rendu du festival de la jeunesse de Varsovie auquel elle avait participé en tant que déléguée départementale de l’Union de la jeunesse républicaine française ; elle le présentait comme « une remarquable contribution des jeunes du monde entier à la lutte pour la paix et au rapprochement entre les peuples ». La déstalinisation l’amena, en mai-juin 1956, à publier une tribune libre, « Le SNI doit-il s’immiscer dans la vie intérieure des partis politiques ? », où elle défendait le point de vue partagé alors par la majorité des communistes jurassiens.

Solange Lombard épousa en 1955 Maurice Camelin, employé à la SNCF, membre du bureau de la fédération communiste du Jura. Ils se séparèrent en 1984.

Membre du Parti communiste français depuis 1950, membre du bureau départemental de l’Union de la jeunesse républicaine française, secrétaire de la cellule communiste de Reithouse qu’elle avait créée en 1951, elle participa à la caravane des enseignants pour le festival de Berlin en 1951. Deux ans plus tard, elle créa la cellule des Deux-Fays, en assura le secrétariat et prit alors conscience des difficultés particulières que rencontraient les femmes en milieu rural pour être acceptées comme militantes à part entière.

Solange Camelin avait suivi le stage pour les instituteurs communistes organisé par le PCF en septembre 1952 et devint membre du bureau fédéral en 1952, puis, en 1956, troisième secrétaire fédérale, responsable de l’organisation. En raison de ses charges maternelles (des jumeaux notamment), elle ne fut pas reconduite dans ses responsabilités fédérales en 1959. Elle redevint membre du comité fédéral à partir de 1961, puis à nouveau membre du bureau fédéral (1964-1976), du secrétariat fédéral (1976-1977). Au début des années 1970, elle était la responsable des commissions des femmes puis des enseignants communistes. Non réélue au comité fédéral en 1977, elle abandonnait cette responsabilité pour « aider une section rurale ». Elle redevint membre du secrétariat fédéral (1985-1991), du comité fédéral (1985-1988 et 1996-2000) ; elle assuma, de 1982 à 1991, la responsabilité des écoles fédérales du parti. En 1984, elle était la responsable fédérale de l’Humanité et de l’Éducation. Elle avait suivi le stage central des éducateurs en septembre 1957, puis à nouveau en 1982 et en 1983.

Adhérente de l’Union des femmes françaises en 1951, membre du secrétariat départemental (1955-1961), elle resta par la suite membre de son bureau départemental. Elle y prit position contre les guerres coloniales. Elle participa aussi au comité départemental du Mouvement de la paix au milieu des années 1950.

Solange Camelin fut, en 1961 et en 1967 à Beaufort, la première femme à défendre les idées du PCF lors d’une élection cantonale jurassienne ; de nouveau candidate en 1982 à Orgelet, elle arrivait en troisième position avec 127 voix.

En 1982, membre du comité de la section communiste de Lons-le-Saunier, elle en devint la responsable des diffusions des livres et de l’hebdomadaire Révolution.

Par la qualité et la durée de son engagement, Solange Camelin fut un remarquable témoignage du militantisme féminin dans le département du Jura.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18475, notice CAMELIN Solange [née LOMBARD Solange] par Rémy Gaudillier, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 août 2021.

Par Rémy Gaudillier, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Jura : 304 W 246, 247. — Arch. comité national du PCF. — Presse locale et syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressée.

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