BARRIER Michel, Jean, Pierre. Pseudonyme : Coquelicot 76

Par Jacques Defortescu

Né le 16 aout 1946 à Noyen sur Sarthe (Sarthe) ; militant politique et syndical, conseiller municipal du Havre de 1977 à 2001, adjoint au maire du Havre de 1977 à 1995, conseiller général de Seine-Maritime de 1982 à 2015, vice-président du département de Seine-Maritime de 2004 à 2015.

Michel Barrier
Michel Barrier
Cliché Jacques Defortescu, 2016.

Le père de Michel Barrier, Henri Barrier, fut agriculteur, puis laitier, chauffeur poids lourd et gérant de commerce. Sa mère Simone fut tour à tour : comptable, gérante de commerce, caissière d’Hyper marché, chef caissière. Ses parents qui n’exprimaient pas d’opinion politiques montraient cependant un fort attachement au Général de Gaulle.
Élevé dans un milieu religieux non pratiquant, il passa sans trop de conviction les différents moments de la vie catholique, il fut par contre, attiré par les événements de la vie politique, la guerre en Algérie, et suivit avec attention, le dimanche chez ses grands-parents les passages à la radio de Geneviève Tabouis en s’étonnant déjà d’un réel anticommunisme. Il passa son certificat d’étude primaire et son concours d’entrée au lycée professionnel. Il termina ses études au lycée de Segré avec l’obtention du BEI (brevet d’enseignement industriel de mécanique générale). Son parcours scolaire fut ponctué d’activités musicales il jouait de l’accordéon notamment et avec camarades, animant quelques bals, et surtout les différentes fêtes du Lycée, et autres carnavalesques « Corso -fleuris ». Il en fit de même à Saint Dizier, sur la Base Aérienne 113, (de novembre 1965 à février 1967) ou il fit, comme seconde classe, son service militaire.
Michel Barrier avait quelques talents de comédien. Il avait monté avec ses camarades du village de La Chapelle d’Andaine dans l’Orne, Le misanthrope de Molière. Dans un style humoriste avec son frère Claude, il anima, parfois de façon improvisée, et bénévole, les entractes dans les salles de cinéma dans une partie de la région angevine, (canton de Châteauneuf sur Sarthe), et les fêtes familiales.
Michel Barrier jouait à cette époque au football comme défenseur et milieu gauche dans quelques clubs et gardien de but au hand-ball au lycée. Ce qui explique son soutien inconditionnel, plus tard, à l’équipe de football du Havre Athlétique Club (HAC)
Sa famille était peu fortunée. Michel Barrier passait ses vacances d’été à vendre, à Bagnoles de l’Orne, les journaux, d’abord en exclusivité France soir, puis l’ensemble de la presse quotidienne et hebdomadaire. Il rencontra alors un lecteur de la presse communiste, qui était chirurgien. Un déclic s’opéra. C’est ainsi que tous les jours, lisant de l’Humanité, il découvrit qu’il partageait bon nombre des valeurs qui y sont exprimées. Cette opinion fut confortée dès les premiers instants de son service militaire, puisque seul le journal l’Humanité était interdit et que le seul endroit où il pouvait le lire, c’était chez le coiffeur. Celui-ci était prêtre ouvrier.
Au retour du service militaire, après quelques petits boulots (cueillette de pommes), en dehors du coup de main au commerce familial. Il fut embauché comme ouvrier spécialisé dans une entreprise du Mans : « Glaenzer Spicer ». Puis comme régleur avec la préparation d’une nouvelle machine qui remplaçait une dizaine de postes, il en alerta le responsable du syndicat CGT. Puis il postula comme tourneur chez SOCALTRA, entreprise prestataire du site nucléaire de Chinon 1.
C’est à cette période qu’il fit connaissance de Mauricette Ragueneau, elle travaillait à l’épicerie, hôtel, restaurant de ses parents.
Un accident de travail empêcha son départ à Kourou en Guyane sur la base de lancement des fusées, il resta alors sur le site de Chinon, mais changea de fonction.
Alors que son employeur le chargeait de conduire une équipe pour ramoner la chaudière de la centrale thermique de « Blénod-les-Pont à Mousson », l’ingénieur d’exploitation EDF qui le supervisait lui proposa un poste de rondier, qu’il accepta aussitôt. Son jour d’embauche fut fixé le 20 mai 1968. C’était le premier jour de fermeture pour grève du site.
Une nouvelle vie commença alors. Michel Barrier s’était marié avec Mauricette Ragueneau le 11 mai 1968. le couple eut deux enfants : Nadège (octobre 1968) et Magali (novembre 1970).
Il adhéra à la Cgt en juin 1968 puis au PCF le 1er mai 1972, sur invitation de son voisin Jean-Marie Lepezel. Il devint secrétaire de la cellule communiste de Bourgueil du PCF. Sa première action portait sur la lutte contre la guerre au Vietnam, et sa première campagne électorale concerna les élections législatives.
L’évolution de carrière à Chinon étant bloquée, des perspectives s’ouvraient au Havre avec la mise en service de la Centrale Thermique du Havre 3. Il postula avec son ami Philippe Sempé en octobre 1972, ils n’y arriveront qu’en mars 1973. Leur appartenance au PCF ayant constitué un sérieux blocage et comme ils étaient les deux seuls postulants, c’est par obligation que la direction les retenus. Pour ne pas décevoir la direction dès le lendemain matin ils distribuèrent des tracts que leur avait apporté Gérard Eude à l’entrée de la Centrale Thermique.
La vie militante de Michel Barrier débuta ainsi. Les agents EDF lui reconnaissant une grande disponibilité, acteur syndical dévoué, alors membre du secrétariat du syndicat CGT de la Centrale thermique de 1973 à 1976. De 1974 à 1978, il fut élu aux organisations statutaires du personnel de l’EDF SCMP (Sous -Comité Mixte à la production) comme secrétaire, de la Centrale du Havre et CMP (Secrétaire adjoint du Syndicat, auprès de Jean Legras) du GRPT NO (Groupe Régional de Production Thermique Nord-Ouest). C’est à ce titre qu’en l’absence du secrétaire il pose à l’occasion d’une de ces réunions la première pierre de la Centrale Thermo Nucléaire de Paluel.
En 1976, il fut sollicité pour être responsable régional de la CGT à EDF et en même temps candidat pour être conseiller municipal communiste au Havre. Il choisit après discussion en famille, de mener l’activité politique havraise.
Il devint adjoint au maire Havre du Havre de 1977 à 1985et fut chargé de la Vie communale, des travaux communaux (voiries, eaux et assainissement, déchets ménagers, usines incinération, épuration des eaux, de traitement des eaux potables et industrielles), du service de l’énergie, du commerce, de l’artisanat et du Comité des fêtes de la Ville du Havre, dont il fut président général durant 18 ans. Il anima le groupe des élus communistes et républicains du Havre.
Dirigeant de 1973 à 1977 de la section du PCF Havre sud –ouest, il fut élu membre du comité fédéral du PCF en Seine-Maritime en 1973. Il devint permanent politique de la fédération du PCF en 1977.
En 1995, dans un contexte politique national complexe, la gauche conduite par Daniel Colliard, député-maireaire fut battue à la mairie du Havre par Antoine Ruffenacht (RPR).
Il continua d’animer, jusqu’en 2001, comme président le groupe républicain au conseil municipal du Havre dans l’opposition, avec comme principale préoccupation le rassemblement de tous les élus de gauche. Sans succès d’ailleurs.
En mars 1979, Michel Barrier fut candidat dans le 5e canton du Havre, où il obtint 21,5 % des voix au 1er tour, face au candidat de la droite Antoine Ruffenacht qui fut réélu.Habitant un quartier populaire en hauteur du Havre, à Caucriauville, il y fut élu conseiller Général en 1982 au second tour avec 69 ,8 %, dans le 10e canton. Il fut réélu au conseil général de Seine-Maritime jusqu’en 2015.
Dans l’opposition, Il siégea au conseil général de Seine-Maritime sous la présidence de Jean Lecanuet, d’André Martin, puis de Charles Revet (UDF puis UMP). Il fut également président du groupe communiste et républicain au conseil général de Seine-Maritime.
En 2004, formant la majorité de gauche au conseil général de Seine-Maritime (communistes, socialistes et divers gauche) sous la présidence de Didier Marie (PS), puis Nicolas Rouly (PS), il fut élu vice-président en charge de la commission des infrastructures routières et des transports du département, des ports et bacs départementaux, de l’aménagement numérique du territoire départemental. On pourra porter à son bilan : la gratuité des bacs, celle du Pont de Bretonne, la création du syndicat mixte Numérique, de nombreuses actions pour le développement d’une vraie politique sociale des transports, etc.
En 1997, succédant à Michel Grand-Pierre, maire de Saint Étienne du Rouvray, et député de Seine Maritime, il présida l’Association départementale des élus communistes et républicains (ADECR76). Il fut membre du bureau national de l’ANECR. À ce titre il fut le gérant de L’Élu d’Aujourd’hui, le mensuel de l’association. En avril 2015, Noël Levillain, maire de Tourville-la-Rivière, le remplaça à cette responsabilité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184756, notice BARRIER Michel, Jean, Pierre. Pseudonyme : Coquelicot 76 par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 3 septembre 2016, dernière modification le 26 août 2021.

Par Jacques Defortescu

Michel Barrier
Michel Barrier
Cliché Jacques Defortescu, 2016.
Le 31 mars 1990 à Rouen -Manifestation pour la défense de la Sécurité Sociale, 20 000 manifestants, parmi eux les élus communistes de la région havraise, de gauche à droite, Michel Barrier, Gérard Heuzé, Roland Ricouard, Daniel Colliard et Maryvonne Rioual.Derrière eux, Jean Paul Lecoq (avec des lunettes noires) et Gérard Eude.

SOURCES : André Duroméa, Un maire, un militant, entretiens avec Jean Jacques Lallemant. Le temps des cerises- janvier 2005. — Jacques Simon, Raconte-moi Caucriauville, Jacquesimon-normandie-éditions, 2014. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre. Histoire sociale, culturelle et politique (1930-1983), éditions PURH-2010. — Entretiens avec Michel Barrier du printemps 2015 au mois d’aout 2016.

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