GRONER Berek

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 21 septembre 1902 à Nowe Miasto (Pologne), de nationalité polonaise, présumé massacré le 17 ou 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; commerçant et ouvrier d’usine ; victime civile

Berek Groner était le fils de Josek et de Szyfra Rozenewajg. Il était marié avec Elka Grynberg. Berek et Elka Groner partirent de Pologne en 1921 et s’établirent à Paris. Leurs trois filles, Marie, Rachel et Charlotte, naquirent à Paris en 1927 et 1935. Les Groner demeuraient 4 rue des Juges Consuls (IVe arr.). Berek Groner exerçait la profession de commerçant.
En 1939 ou 1940, Berek Groner s’engagea volontaire pour la durée de la guerre et fut réformé pour cause de maladie. En mai 1942, il franchit clandestinement la ligne de démarcation et s’installa à Villeurbanne (Rhône) où il logea au 14 chemin de Gabugy. Il travailla à l’usine Textiles Artificiels du Sud Est à Vaulx-en-Velin (Rhône) et à Villeurbanne. En juillet 1942, sa femme et ses filles demeuraient toujours rue des Juges Consuls à Paris. Elles furent arrêtées et déportées à Auschwitz le 21 août 1942 par le convoi numéro 22 au départ de Drancy. Sur ordre de l’intendant de police adjoint de Lyon, Berek Groner fut appréhendé le 26 janvier 1943 par la police française et conduit au petit dépôt « en attendant la commission d’incorporation des travailleurs étrangers ». Puis il fut incorporé comme travailleur étranger dans le 972e Groupe de travailleurs étrangers (G.T.E.).
Berek Groner fut arrêté le 12 août 1944 à Villeurbanne parce qu’il était juif. D’après un bulletin de recherche signé par le commandant du 972e G.T.E. et daté du 13 août, le travailleur étranger Berek Groner, n° matricule 972.446, taille 1m65, cheveux châtains clairs, yeux verts, nez rectiligne, teint naturel, habitant 14 chemin de Gabugy à Villeurbanne, « détaché en contrat de travail aux Textiles Artificiels du Sud Est à Vaulx en Velin (Rh.) […] aurait été arrêté à son lieu de travail le 12 août par la police allemande ». Berek Groner fut ensuite incarcéré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc. Le 17 août, 50 prisonniers juifs furent extraits de la « baraque aux Juifs » et conduits à Bron. Ils furent contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers 12h, l’un des détenus réussit à s’évader. A la fin de la journée, les Allemands exécutèrent par balles les 49 autres prisonniers au-dessus de trois trous d’obus. Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont les derniers prisonniers juifs de la « baraque aux Juifs » (20 au moins), furent conduits sur le terrain d’aviation de Bron et subirent le même sort. Après avoir travailler à déterrer et désamorcer des bombes non explosées durant la journée, ils furent exécutés par balles au-dessus d’un trou d’obus.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. D’après sa fiche de la prison de Montluc, Berek Groner aurait été identifié par sa sœur parmi les victimes retrouvées. Quoiqu’il en soit, prisonnier dans la « baraque aux Juifs » dès le 12 août, Berek Groner fut vraisemblablement l’un des massacrés du 17 ou 18 août 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184871, notice GRONER Berek par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 6 septembre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3460W1, 3335W22, 3335W11, 829W366, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet du Mémorial de la Shoah

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable