VIEUGUET André

Par Claude Willard

Né le 11 mars 1917 à Thésée (Loir-et-Cher), mort le 16 novembre 2006 à Saint-Martin-du-Tertre (Val-d’Oise) ; instituteur ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF d’Indre-et-Loire (1944-1949), directeur de l’école centrale de quatre mois (1949-1951), secrétaire de Jacques Duclos (1951-1959), membre du comité central (1959-1985), du bureau politique (1967-1979) et du secrétariat (1967-1974) du PCF, directeur des Cahiers du Communisme (1976-1985) ; conseiller municipal de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) (1959-1971).

A la tribune d’un congrès du PCF, années 1970

Son père, Adrien Vieuguet, d’une vieille famille de vignerons, fut gravement blessé durant la Première guerre mondiale ; amputé d’un pied, il dut vendre ses vignes et devint facteur des PTT. En 1945, André Vieuguet décrivait son père comme sympathisant communiste, abonné à l’Humanité. Sa mère, Nathalie, née Decroix, fut également employée des PTT. Après avoir réussi le concours des bourses, André Vieuguet continua ses études comme interne à l’école primaire supérieure de Saint-Aignan (Loir-et-Cher). Admis à l’École normale d’instituteurs de Blois (Loir-et-Cher) en 1933, il en sortie instituteur en 1936. Pour son premier poste, il fut affecté à Samblin (Loir-et-Cher), où il adhéra au comité local d’Amsterdam-Pleyel. À cette époque, il assura les fonctions de secrétaire de mairie. Deux ans plus tard, il effectua son service militaire en Tunisie, comme 1re classe dans l’infanterie. Il resta mobilisé pour la « drôle de guerre ».

Fait prisonnier de guerre en juin 1940, affecté à des travaux agricoles, André Vieuguet parvint à s’enfuir en décembre et passa la ligne de démarcation. Démobilisé, il reprit son métier d’instituteur. En octobre 1941, il fut affecté comme instituteur adjoint à Saint-Georges-sur-Cher (Loir-et-Cher). En janvier 1942, notamment sous l’influence de son directeur d’école Marcel Bisault, il adhéra au Parti communiste clandestin. À l’automne 1942, avec l’aide de la population, il échappa de justesse à la police. La gendarmerie l’arrêta le 21 février 1943 mais, faute de preuves et grâce à un juge bienveillant, il ne fit que trois mois de prison. Relâché mais révoqué par l’Éducation nationale (20 août 1943), André Vieuguet travailla à reconstituer clandestinement le SNI dans le Loir-et-Cher. En janvier 1944, le Parti communiste l’envoya dans la Nièvre, d’abord comme responsable à l’organisation puis comme responsable politique, sous la direction du responsable interrégional Marcel Cherrier. Il y demeura en liaison active avec les FTP, notamment le maquis de Donzy, et représenta le PCF aux réunions clandestines du Comité départemental de Libération.

Le 30 décembre 1944, André Vieuguet se maria avec Germaine Renault, institutrice. Le couple eut cinq enfants : Michèle (1946), Claudine (1948), Jacques (1950), Pierre (1951) et Sylvie (1960).

Après la Libération, bien que réintégré dans l’Éducation nationale, André Vieuguet renonça à son métier pour devenir permanent. De l’automne 1944 à l’automne 1949, il fut secrétaire régional puis fédéral du PCF d’Indre-et-Loire. À ce titre, il participa au comité central d’Ivry de janvier 1945 (élargi aux secrétaires fédéraux), ainsi qu’aux Xe et XIe congrès du Parti communiste (Paris, juin 1945 et Strasbourg, juin 1947). Il fut également désigné comme « instructeur d’organisation » en juillet 1947. Du 1er novembre 1948 au 5 mars 1949, André Vieuguet suivit l’école centrale de quatre mois à Viroflay (Seine-et-Oise, Yvelines). Après un bref retour en Touraine, il fut désigné comme directeur de cette école centrale, d’octobre 1949 à avril 1951. En mai 1951, il fut affecté à la section centrale de propagande, mais, après les élections législatives de juin 1951, succédant Pierre Estradère élu député, il devint, pour huit ans, secrétaire de Jacques Duclos et comme tel invité aux sessions du comité central. Il fut remplacé en septembre 1959 par Léon Mérino.

En mars 1959, André Vieuguet fut élu conseiller municipal de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), mandat qu’il conserva jusqu’en 1971. Quelques semaines plus tard, en mai 1959, il fut désigné membre suppléant du comité central à l’occasion du XVe congrès (Ivry-sur-Seine, mai 1959) puis fut élu comme titulaire au XVIIe congrès (Paris, mai 1964). Après le XVe congrès et jusqu’en 1964, il fut chargé, sous la direction de Waldeck Rochet de l’aide aux fédérations, parcourant ainsi toute la France. Il participa à de nombreuses délégations d’études (RDA, Chypre, Bulgarie, Yougoslavie, etc.). En décembre 1959, il entra au comité de rédaction des Cahiers du Communisme, pour lesquels il écrivit de nombreux articles.

À l’occasion du XVIIIe congrès du PCF (Levallois-Perret, mai 1967), André Vieuguet intégra le bureau politique, comme membre suppléant, et le secrétariat du parti. Il continua d’abord à assurer la liaison avec les fédérations, répartissant notamment les membres du comité central dans tel ou tel département. Après la maladie de Waldeck Rochet, la question du nouveau secrétaire général fut posée dès la fin de l’année 1969. Dans un document établi en 1991, Gaston Plissonnier revint sur la consultation des membres du bureau politique, indiquant que seuls Georges Séguy et André Vieuguet « ont hésité un peu, mais ont finalement admis » que la nomination de Georges Marchais était « une bonne solution ». Ce dernier devenant secrétaire général adjoint puis officiellement secrétaire général, André Vieuguet le remplaça comme secrétaire à l’organisation.

Au XIXe congrès (février 1970), il fut l’un des rédacteurs de « l’Appel au peuple de France », qu’il lut d’ailleurs à la tribune. De 1970 à 1976, il remplaça Georges Marchais comme secrétaire à l’organisation du PCF. Il accompagna ainsi une période de forte progression des effectifs du PCF, porté par la dynamique du Programme commun : entre 1970 et 1976, le nombre d’adhérents du parti passa en effet d’environ 300 000 à 440 000, progression qui se poursuivit jusqu’à la fin des années 1970. Dans sa sphère d’activité se trouvaient également les secteurs « Entreprises » et « Immigration ». À ce titre, il rédigea en 1975 l’ouvrage Français et immigrés : le combat du Parti communiste français.

Lors du XXIIe congrès (L’île-Saint-Denis, février 1976), André Vieuguet présenta un rapport intitulé « un regard politique, pour une grande politique ». A l’issue du congrès, il fut remplacé par Paul Laurent au poste de secrétaire à l’organisation et assura dès lors les fonctions de directeur des Cahiers du Communisme jusqu’en 1985, restant ensuite membre de son comité de rédaction. Il continua de siéger au bureau politique durant un mandat, jusqu’au XXIIIe congrès (, 1979). À cette occasion, lors de la présentation de la nouvelle direction, Gaston Plissonnier indiqua à la tribune qu’André Vieuguet quittait le bureau politique « à sa demande », et il lui rendit hommage, soulignant que Vieuguet avait « la double qualité d’être modeste et d’aimer le travail bien fait. » Il resta membre du comité central jusqu’en 1985. Outre ses responsabilités nationales, André Vieuguet siégea au comité fédéral du Val-d’Oise, entre 1971 et 1985.

Jusqu’à son décès, André Vieuguet appartint à la présidence collective de France-Bulgarie et à la vice-présidence de l’association des Amis d’Henri Barbusse. Il demeura aussi un membre actif des Amis de Rabelais, de Georges Duhamel, de Louis Aragon et Elsa Triolet, ainsi que des Amis de la Commune de Paris.

André Vieuguet était titulaire de la Croix du combattant et de la Croix combattant volontaire de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184877, notice VIEUGUET André par Claude Willard, version mise en ligne le 6 septembre 2016, dernière modification le 25 février 2022.

Par Claude Willard

A la tribune d’un congrès du PCF, années 1970

ŒUVRE : de nombreux articles dans les publications du PCF, notamment dans les Cahiers du Communisme, où il signa de très nombreux éditoriaux. — Français et immigrés. Le combat du Parti communiste français, Paris, Éditions sociales, 1975.

SOURCES : ArchArchives du Comité national du PCF. — Fonds André Vieuguet, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (388 J et 518 J), inventaire en ligne. — Entretien de Claude Willard avec André Vieuguet, 1997. — Notes de Paul Boulland.

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