FRIESS Jean Auguste

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 4 février 1902 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), fusillé le 23 mai 1944 à Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; ingénieur chimiste ; résistant du réseau SR Alliance.

Né d’une mère lorraine et d’un père alsacien, Jean Friess se maria en 1926 avec Geneviève Mercier, décédée en 2002 à l’âge de 101 ans et dont il eut trois filles.
Lors de l’invasion allemande en 1914, sa mère le confia à une famille amie qui se réfugia à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans (Loiret) et dont il épousera une des filles, Geneviève. Il fit des études à l’université de Strasbourg et en sortit ingénieur en 1924.

Il accomplit son service militaire dans un régiment de pionniers en 1924 et 1925 et fut démobilisé avec le grade de sous-lieutenant. Entre 1926 et 1928, il occupa un poste de chimiste en Sarre puis à Autun (Saône-et-Loire) et ayant obtenu son doctorat de chimie en 1930 il devint en 1938 ingénieur et chef du personnel aux établissements Thélot, à Autun.

Dès 1940, Jean Friess s’engagea dans la Résistance intérieure française. En 1942, par l’intermédiaire de Maurice de Mac-Mahon, qu’il connaissait depuis 1928 sur le plan professionnel, il rejoignit le réseau Alliance sur la région Est, secteur "Forteresse" avec le matricule "K 14" puis "K 17". Il participait à la recherche d’informations sur les entreprises de la région, sur le trafic ferroviaire, sur les installations et les forces de la Wehrmacht.

En septembre 1943, il fut informé d’une opération destinée à éliminer l’interprète de la police de sûreté (Sipo) de Chalon-sur-Saône par l’organisation.

Dénoncé par un agent double, il fut arrêté dans la nuit du 22 au 23 septembre 1943 et déporté à partir du camp de Compiègne vers l’Allemagne le 16 décembre. Il fut incarcéré à la prison de Kehl puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne). Jugé les 24 et 25 février 1944 par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre du Reich, présidé par le juge Karl Schmauser, il fut condamné à mort pour activité d’espionnage et non-dénonciation d’un meurtre programmé. Le jugement fut confirmé le 17 mars par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre et le recours en grâce rejeté par le Führer Adolf Hitler.

À l’aube du 23 mai 1944, 16 détenus dont Jean Friess furent réveillés plus tôt qu’à l’habitude et écoutèrent courageusement le jugement qui leur était lu en allemand et en français. Après avoir vu un prêtre et pour l’un d’eux, un pasteur protestant, ils burent un café avant d’être conduits en camion dans une clairière, à trois kilomètres de Ludwigsburg. Selon le Mémorial de l’Alliance, pendant qu’ils étaient liés aux poteaux d’exécution ils firent preuve d’un extraordinaire sang-froid et s’interpellèrent en criant « À très bientôt au ciel » puis la salve retentit au moment de l’amen du Pater prononcé par le prêtre.

Leurs corps furent aussitôt placés dans des cercueils et inhumés dans la dignité au cimetière de Ludwigsburg. Ce n’est qu’en juin 1945 que sa famille apprendra son décès.

Le jardin de la maison de Jean Friess, à Saint-Jean-de-la-Ruelle est aujourd’hui un parc public portant son nom, inauguré le 30 juin 2007 par Christophe Chaillou, conseiller général et maire.

Son nom figure sur le monuments aux morts d’Autun (Saône-et-Loire).

Il obtint la mention "Mort en déportation" par arrêté du 26 février 2013.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184908, notice FRIESS Jean Auguste par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 7 septembre 2016, dernière modification le 22 juin 2022.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — André Jeannet, Mémorial de la Résistance en Saône-et-Loire. Biographies des résistants, 2005, JPM. — Mémorial GenWeb. — Biographie dans "Wikipédia".

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