TYS René, Robert

Par Didier Bigorgne

Né le 7 décembre 1920 à Reims (Marne), mort le 29 janvier 1980 à Reims ; ouvrier métallurgiste, puis cadre permanent PCF ; syndicaliste CGT ; secrétaire fédéral du Parti communiste de la Marne (1954-1976) ; député (1956-1958) et conseiller général de la Marne (1964-1980) ; maire adjoint de Reims (1977-1980).

René Tys naquit dans une famille modeste. Son père Robert Tys, qui exerçait le métier d’employé des postes, devint chef du service expédition au journal L’Union après la Seconde Guerre mondiale. Sa mère Marcelle Hayon, journalière de profession, travailla aussi à L’Union en qualité de plieuse. En 1949, les parents Tys étaient membres du Parti communiste.

René Tys effectua sa scolarité à l’école de garçons du quartier Clairmarais à Reims où il réussit le certificat d’études primaires. Il entra en apprentissage à l’usine Panhard et obtint le CAP d’ajusteur. Il exerça alors le métier d’ajusteur outilleur. Au contact d’un cousin de la famille qui travaillait dans le même atelier et occupait le poste de secrétaire du syndicat, René Tys adhéra à la CGT. Il vécut sa première expérience de lutte ouvrière et syndicale pendant les grèves de l’été 1936.

En 1939, René Tys s’engagea dans la Marine nationale. Il embarqua, avec le grade de quartier maître mécanicien, le 14 décembre. Il stationna en Syrie, puis en Afrique du Nord avant de retrouver la France et son emploi chez Panhard. Au début de l’année 1943, il fut envoyé au STO, sur réquisition de la maison Panhard. En Allemagne, il rencontra des militants communistes parisiens et fit vite partie d’un groupe dont le but était de freiner la production. Il fut condamné à la prison après deux tentatives d’évasion suivies d’un refus de travail.

À la Libération, René Tys s’engagea davantage au sein de la CGT. Il adhéra au Parti communiste en 1945. Enfin, il fonda une famille. Le 13 mars 1948 à Reims, il épousa Janine, Inée Salanié, une jeune communiste qui exerçait le métier d’assistante sociale à la Biscuiterie rémoise. Le couple eut un garçon qui devint photographe à L’Union et responsable syndical des journalistes CGT. Licenciée abusivement, Janine Tys gagna son procès devant le tribunal des prud’hommes. Après une année de chômage, elle reprit des études et devint infirmière à domicile. Elle était assistante sociale scolaire au lycée technique de Reims quand le couple se sépara. Partie à l’île de la Réunion, elle revint en France pour effectuer l’année scolaire 1969-1970. Divorcé le 24 octobre 1969, René Tys épousa, en secondes noces, Gisèle Isabelle Fontaine, médecin de profession, le 30 juin 1970 à Reims.

Dans la vie syndicale, René Tys accéda vite à des responsabilités. Il fut d’abord membre du comité d’entreprise et secrétaire adjoint de la section syndicale chez Panhard avant de siéger au conseil syndical des Métaux de Reims. Embauché à l’usine de teinturerie Laval qui occupait 500 salariés, il exerçait la fonction de délégué d’atelier et celle de délégué du comité d’entreprise en 1948. En 1951, il mena les grèves à répétition dans l’entreprise « pour une augmentation de 10% des salaires de famine ». Enfin, René Tys siégeait au conseil syndical du Textile quand il fut élu au bureau de l’UD-CGT de la Marne en 1954. Il devint ensuite membre de la commission exécutive de l’Union départementale jusqu’en 1961.

L’engagement politique de René Tys fut plus déterminant. Le jeune communiste gravit tous les échelons dans la hiérarchie militante. En 1945, il devint secrétaire de cellule à l’usine Panhard. Responsable du comité de défense de L’Humanité, il occupa la fonction de secrétaire de la 4ème section de Reims dès 1946. Elu secrétaire de la section de la ville de Reims en 1947, il entra au comité fédéral du Parti communiste de la Marne. Il suivit une école fédérale pendant quatre mois. En 1948, il devint membre du bureau fédéral, puis secrétaire à l’organisation. Il rencontra des difficultés dans sa nouvelle fonction, à la lecture d’un rapport de la direction nationale : « Camarade ayant réalisé sur le plan de son usine et de sa section, ne s’est pas mis à sa tâche de secrétaire à l’organisation. Tenir compte qu’il est jeune et a un travail fatigant. Peut encore se développer notamment dans le mouvement syndical où il se réalise. Proposé au secrétariat à la propagande ».

René Tys fut donc secrétaire à la propagande à partir de 1949. Il livra ses premiers articles sur la lutte contre le titisme dans l’hebdomadaire communiste La Champagne ouvrière et paysanne. A titre d’exemple, il titrait le 18 août 1949 : « Tito trahit le prolétariat mondial ». René Tys suivit de nouveau une école fédérale de janvier à mai 1952. Il devint secrétaire fédéral le 29 juillet 1954. Il réussit vite à ce poste, de l’avis du camarade Gustave Ansart qui écrivait le 19 septembre suivant : « Paraît dominer la situation et met beaucoup de bonne volonté à la recherche de l’application de la ligne du PCF à sa fédération ». René Tys quitta sa fonction le 18 janvier 1976, remplacé par Claude Derycke. Il siégea encore au secrétariat fédéral jusqu’au 22 mai 1977, puis au comité fédéral jusqu’au 28 avril 1979.

Pendant toutes ces années, René Tys suivit d’autres engagements. Dès 1945, il fut responsable local du Secours populaire. Militant fort actif de l’ARAC et de l’Amicale des anciens marins de Reims, il fut membre du comité départemental du Mouvement de la paix dans les années 1950.

La première candidature de René Tys à une élection fut au scrutin des 7-14 octobre 1951 pour le conseil général dans le canton de Reims 3. Il arriva en tête au premier tour avec 2016 voix (33,8% des suffrages exprimés), mais il échoua au deuxième tour en rassemblant 2899 voix sur 6015 votants. Aux élections législatives du 2 janvier 1956, il rencontra le succès. Placé en seconde position sur la liste communiste conduite par Alcide Benoît, qui obtint 26,9 % des voix dans le département, il fut élu député de la Marne. Avec le retour du scrutin uninominal à deux tours, René Tys ne retrouva pas son siège lors des élections 23-30 novembre 1958. Candidat dans la deuxième circonscription de Reims, il recueillit 10484 voix (22 % des suffrages exprimés) au premier tour, puis 12321 voix (26,3 % des suffrages exprimés) au scrutin de ballottage. Pendant son bref mandat à l’Assemblée nationale, il vota contre l’investiture du général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision de la Constitution.

René Tys représenta son parti à chaque à chaque élection législative dans la deuxième circonscription de Reims. Il obtint 26 % des suffrages exprimés au premier tour et fut éliminé au second tour en 1962 et en 1967 ; il recueillit 21 % des suffrages exprimés au premier tour, le 23 juin 1968. Il fut candidat une dernière fois dans la première circonscription de Reims aux élections des 4-11 mars 1973. Il obtint 13 101 voix (23 % des suffrages exprimés) sur 59258 votants au premier tour, mais il échoua avec 24 330 voix au deuxième tour face au député sortant UDR Jean Taittinger.

René Tys fut un élu départemental pendant une quinzaine d’années. Après un nouvel échec aux élections de 1958 dans le canton de Reims 3 où il fut devancé de 25 voix par Pierre Schneiter (maire MRP de Reims), il devint conseiller général le 15 mars 1964 dans un scrutin à rebondissements. Arrivé en tête au premier tour avec 3715 voix sur 17459 inscrits et 9178 votants, il devança de 1473 voix le candidat UNR, Roger Raulet qui fut remplacé par le député-maire de Reims Jean Taittinger pour le second tour : Tys remporta la victoire avec 5538 voix contre 4524 voix à Taittinger. Réélu au second tour le 15 mars 1970, René Tys devint conseiller général du nouveau canton de Reims 7, le 11 mars 1973. Il le demeura jusqu’à sa mort. Au Conseil général de la Marne, il siégea dans la troisième commission chargée des affaires syndicales et sociales.

René Tys fut élu conseiller municipal de Reims sur la liste PCF qui remporta douze sièges (contre huit au MRP, cinq au RPF, au Parti socialiste SFIO et aux Indépendants, deux au Parti radical socialiste) aux élections du 26 avril 1953. Il fut réélu à l’élection partielle du 5 mai 1957, le groupe communiste restant le plus important avec douze conseillers municipaux. Aux élections municipales des 14-21 mars 1965, René Tys conduisit la liste de son parti qui arriva en deuxième position en recueillant 34,7 % des suffrages exprimés au premier tour, puis 43 % au scrutin de ballottage avec aucun élu. Il figura à la deuxième place sur la liste d’union démocratique emmenée par le socialiste Gilles Quénard (premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de la Marne) et composée de dix-neuf communistes et dix-huit socialistes, aux élections municipales de 1971. Celle-ci échoua au premier tour avec 40,3 % des suffrages exprimés. Enfin, René Tys redevint conseiller municipal de Reims avec l’élection de la liste d’Union de gauche en 1977. Il fut alors nommé quatrième adjoint au maire communiste Claude Lamblin.

Depuis le 8 mars 1981, le complexe sportif de Reims construit entre 1976-1978, porte le nom de René Tys.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184929, notice TYS René, Robert par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 7 septembre 2016, dernière modification le 7 septembre 2016.

Par Didier Bigorgne

Sources : Arch. comité national du PCF. — La Champagne ouvrière et paysanne,1945 à 1952. — L’Humanité-Dimanche, une semaine dans la Marne,1965 à 1971.— L’Union, 30 janvier 1981 . — Presse locale.— Notes de Jocelyne Prezeau et de Claude Pennetier.— État civil de Reims.

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