Par Daniel Grason
Né le 27 août 1919 à Payrac arrondissement de Gourdon (Lot), mort en action le 22 août 1944 à Paris (XIIe arr.) ; cultivateur ; gardien de la paix ; F.F.I.
Il obtint le CEP dans sa douzième année, ensuite Louis Ladet travailla la terre avec ses parents. À la fin décembre 1933, il vint à Paris passer les fêtes du nouvel an chez des cousins. Il s’engagea dans l’armée. Attendant sa convocation, il travailla du 16 février au 15 avril 1934 à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) chez Gévelot. L’entreprise fabriquait des cartouches pour l’armée et pour la chasse. Le 23 avril 1934, il était incorporé au 401e Régiment de Défense contre avions (DCA).
Après avoir sans succès sollicité un emploi à la Société des transports en commun de de la région parisienne (STCRP), il postula auprès de la préfecture de police un poste de gardien de la paix. Il débuta le 26 avril 1937, le 1er mai dans son autobiographie il retraçait son parcours dans la vie. Il estimait que l’emploi de gardien de la paix était « avantageux du point de vue » du salaire. Ce « qui me permettra de donner un peu d’aisance à mes parents dans leur vieillesse ». Il soulignait qu’il était fils unique et leur seul soutien.
Louis Ladet fut affecté au commissariat du IIIe arrondissement, comme gardien de la paix cycliste. En 1940, il vivait 4 rue Jean-Jacques-Rousseau à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis), il épousa Henriette.
Début juin 1940, les armées hitlériennes menèrent une guerre éclair contre la France, l’armée française capitula. Louis Ladet prit-il peur pour son épouse ? Le 9 juin il était en congé maladie. Il accompagna sa femme ou la rejoignit à la campagne. L’administration policière mena l’enquête. Qui de mieux informée que la concierge de l’immeuble ? Il était parti le 13 juin au matin porteur d’une valise et à bicyclette. « Vraisemblablement » écrivit l’enquêteur « pour rejoindre sa femme à la campagne ».
Le 14 juin 1940 Louis Ladet fut révoqué pour « abandon de poste ». Le 5 juillet 1940, il écrivait depuis Toulouse au ministre de l’Intérieur. En congé maladie jusqu’au 17 juin 1940, il avait accompagné sa femme jusqu’à Brive (Corrèze). Il informait qu’il faisait tout pour rentrer au plus vite à Paris, mais il n’y avait pas de train. Il s’était adressé à la gendarmerie et à la police pour savoir que faire, mais les représentants de ces deux corps de l’état n’en savaient rien.
Le 21 décembre 1940, il se porta candidat à la police d’État de Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), mais sa démarche resta sans réponse. Il demanda sa réintégration par courrier le 3 avril 1941. Maurice Ladet fut réintégré le 17 juin 1941, il informa qu’il avait travaillé du 3 mars au 3 mai 1941 à Forges-par-Radon (Orne).
De nouveau stagiaire un an, sa titularisation eut lieu le 17 décembre 1941, il exerça au commissariat du XIIe arrondissement. D’emblée, Louis Ladet fut noté par sa hiérarchie comme un « bon gardien qui doit continuer ». En 1944 le couple quitta Montreuil-sous-Bois pour le 6 avenue de la Grange à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne).
Louis Ladet devint membre d’un corps franc F.F.I., le groupe se composait de gardiens de la paix et d’employés de la SNCF du corps franc Tante Jeanne de la gare de Lyon. Le 22 août 1944 le corps franc reçut pour mission de faire prisonnier un groupe de soldats allemands qui passait porte de Charenton. Les allemands levèrent les bras et se rendaient. Stratagème ou hasard ? Un camion allemand qui passait sur les boulevards extérieurs, tira à la mitrailleuse. Tué sur le coup le corps de Louis Ladet fut transporté au musée des colonies, porte Dorée qui servit de dépôt mortuaire. Les neuf tués sont : Marius Delcher, Robert Jégou, Louis Ladet, Albert Maderon , Jules Moureau, Paul Pégart, Henri Régnier, Maurice Salomez, Simon Theureau.
Son inhumation eut lieu le 31 août au cimetière de Saint-Maur-des-Fossés.
Le nom de Louis Ladet a été inscrit sur la plaque de marbre à l’entrée du commissariat de XIIe arrondissement 76 avenue Daumesnil dédiée : « À la mémoire des gardiens de la paix du 12e arr. morts pour la Libération de Paris » aux côtés de ses collègues Robert Jégou, Simon Theureau, Paul Pégart et Henri Régnier tués dans les mêmes circonstances :, sur le monument aux morts et la plaque posée en mairie de Saint-Maur-des-Fossés, ainsi que sur la liste des policiers tués lors de la Libération de Paris au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.).
Le ministère des Anciens combattants attribua à Louis Ladet la mention « Mort pour la France », il a été homologué F.F.I.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. KC 20 (notes transmises par Christian Chevandier). – SHD, Caen AC 21 P 67422. – Bureau Résistance GR 16 P 328302. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet « La Libération de Paris » de Gilles Primout. – Site internet GenWeb.