VOLLE Claudius, Marcel

Par Gilles Morin et Jean-Michel Steiner

Né le 7 décembre 1922 à Saintt-Étienne (Loire), mort le 12 septembre 2008 à Saint-Priest-en-Jarez (Loire) ; comptable puis expert-comptable ; résistant ; militant des organisations laïques de jeunes ; militant socialiste, secrétaire de la fédération SFIO de la Loire (1955-1965) ; Conseiller municipal et adjoint au maire de Saint-Étienne (1959-1965).

Claudius Volle était le fils de Régis Volle, 39 ans, plâtrier peintre, et d’Eugénie Couvert, 36 ans, épicière. Jean Favérial, mineur, et Frédéric Lazzoni, employé aux mines, ont signé l’acte de naissance. Son père était né à Freycenet Latour (Haute-Loire) aux confins de l’Ardèche. Il avait trois ans, lorsque la famille vint s’installer à La Ricamarie (Loire). Claudius Volle racontait que son grand-père, devenu mineur, avait accompagné Michel Rondet dans ses combats pour la reconnaissance du syndicat et des droits des mineurs. Lorsque ses parents se marièrent, Régis Volle habitait encore à La Ricamarie et Eugénie dans le quartier de Valbenoîte à Saint-Étienne. Mais Claudius Volle passa toute son enfance et sa jeunesse dans le quartier de Beaubrun, peuplé de mineurs et de passementiers, où sa mère était venue gérer une succursale de la coopérative l’Union des travailleurs. Après avoir fréquenté l’école primaire publique, il obtint le CEP en 1934. Militant laïque il fonda la même année l’Amicale laïque des jeunes de Beaubrun. Après l’école primaire supérieure de la rue des Frères Chappe (1934-1938), il entra à l’École supérieure de commerce à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) (1938-1940), dont il sortit avec une qualification de comptable. Il fonda à l’école un groupe d’étudiants socialistes et, bien que pacifiste, effectua la préparation militaire supérieure. Il se sentait alors proche de la tendance de Jean Zyromski.

Revenu à Saint-Étienne après la débâcle il participa, avec Jean Nocher et Lucien Neuwirth, aux réunions de fondation du groupe Espoir (octobre 1940). Sa rencontre avec Violette Maurice le conduisit au groupe 93 (octobre 1941) avec lequel il diffusa la presse clandestine, organisa des réunions et des manifestations (1er mai 1942). En contact avec Franc-Tireur il participa à la constitution de l’AS dans la Loire. Incorporé fin 1942 aux Chantiers de jeunesse, requis pour le STO, il fut alors envoyé à Grasslitz dans les Sudètes. Il s’évada et rejoignit les Mouvements unis de Résistance (MUR) de la région stéphanoise, où il fut chargé de la propagande. Il participa aux combats du maquis du Mont Mouchet en juin 1944.

Devenu après son retour à Saint-Étienne (août 1944), responsable des jeunes du MLN de la Loire et administrateur national, il s’interrogeait sur ses choix politiques. Proche du maire de Saint-Étienne, Henri Muller, et de Jean Nocher, il s’en éloigna lorsque le second prit part à la fondation du RPF dans la Loire. Impressionné par le rôle des communistes dans la Résistance, il envisagea un moment l’adhésion au PCF. Ayant eu connaissance de la liquidation de trotskystes dans un maquis de Haute-Loire, il préféra revenir à la SFIO. Le 7 avril 1945, il épousa à Saint-Étienne, Paulette, Antonie, Marthe, Périère. Commissaire aux affaires économiques de 1945 à 1949, il ouvrit ensuite un cabinet d’expert-comptable. Le 3 janvier 1951, Claudius Volle fut initié à la loge stéphanoise L’Industrie. Dès les années de l’après guerre Claudius Volle imposa sa parole dans les instances de la SFIO. D’abord à l’échelle de la section où il intervenait pour défendre la place des jeunes face à un appareil vieillissant (26 avril 1946), pour déplorer l’absence de quotidien local du parti (15 décembre 1946) ou pour demander la création d’un hebdomadaire commun aux fédérations de la Loire, du Rhône et de l’Ain (14 mars 1947). Si le 1er octobre 1948 il dénonça le « glissement à droite » du parti jusqu’à se déclarer « surpris de voir des ministres socialistes aux côtés de M Pinay », il était partisan d’une alliance avec les radicaux et les MRP, demandant la création d’une « commission de liaison entre ces partis afin d’avoir plus de chance de succès aux élections cantonales » (18 février 1949). À l’occasion des assemblées générales, il aimait se livrer à un exposé économique et appeler à une double réforme, en matière fiscale et de politique des prix.

Élu secrétaire adjoint de la fédération SFIO de la Loire (1953) puis secrétaire fédéral (1955), il entreprit de redresser une organisation diminuée. Partisan du dialogue avec le PCF et d’une alliance raisonnée il accepta, sur invitation de Théo Vial-Massat, de participer à un voyage d’information et d’étude en URSS avec d’autres non communistes. Quelques années plus tard il déclara : « je me souviens avec émotion de la visite que j’ai faite à Stalingrad en 1955, après avoir visité les vestiges des champs de bataille nous avions admiré la magnifique ville qui avait été rebâtie ». Il fut candidat (non élu) au comité directeur du parti en 1957 et 1958. Devant le conseil national de la SFIO du 12 mai 1957, Claudius Volle accusa le gouvernement d’avoir inversé le rapport entre priorités sociales et priorités financières, au bénéfice de ces dernières. Il intervint à nouveau au conseil national de décembre 1957. Il fut membre de la commission chargée d’étudier les problèmes de politique économique et sociale au conseil national des 3-4 mai 1958, et les 10-11 janvier 1959, et délégué fédéral au congrès national SFIO de 1960. Il appartint aussi à la commission de réintégration aux congrès de 1960, 1961 et au congrès national extraordinaire de décembre 1960. Il a enfin été membre de la commission nationale de contrôle en 1960, 1965-1966 et suppléant en 1961-1963. Dans le discours qu’il prononça au congrès fédéral à Roanne (Loire), le 28 juin 1960, Volle rendit hommage au sens politique et au courage de Guy Mollet. Faisant allusion à la politique algérienne de l’ancien Président de conseil, puis à son ralliement au général de Gaulle en mai 1958, il ajouta « avec celui-ci je n’ai pas été souvent d’accord ». Claudius Volle n’a jamais été un mollétiste convaincu, ce qui semble avoir pesé sur sa carrière au sein du parti : « Guy Mollet, j’ai presque toujours été contre lui, dans les scrutins. Ca m’a même coûté de ne pas être élu au comité directeur, de n’être que suppléant. »

Candidat en avril 1955 dans le canton Sud-Ouest de St-Étienne, il obtint 11,8 % des suffrages, exprimés contre 9 % au candidat socialiste de 1949. Arrivé en 4e position derrière Louis Perrichon, candidat PCF (34,8 %), le gaulliste Paul Pasqualini (24,8 %) et l’indépendant Auguste Ruelle (11,9 %) il refusa de se désister au deuxième tour pour le communiste. Il ne recueillit que 7,9 % des suffrages mais son maintien permit l’élection de l’indépendant. Il fut à nouveau candidat sans succès dans le même canton en mars 1961.

Candidat aux législatives de 1958 dans la 2e circonscription (Saint-Étienne sud) il affronta le gaulliste Lucien Neuwirth En novembre 1962 il fut présenté dans la 4e circonscription de la Loire (vallée de l’Ondaine) avec Jean Rullière, maire de Roche-la-Molière (Loire) comme suppléant. Dans sa profession de foi il affirmait notamment : « je crois fermement que la construction européenne est un facteur de l’équilibre mondial ». Arrivé en 5e position avec 2 814 voix pour 35 429 suffrages exprimés, il était devancé par Théo Vial-Massat (PCF, 9 850 voix), Basset (UNR, 7 750 voix), Claudius-Petit (député sortant, 7 346 voix), et Louis (MRP, 4 375 voix), il se désista pour le candidat communiste contribuant à son élection. Lors des élections municipales de mars 1959, il figurait en deuxième position sur la liste « d’Union des forces de Gauche pour la rénovation de l’Administration municipale » présentée par le Parti socialiste SFIO et le Parti radical socialiste. Alors que la profession de foi critiquait l’équipe sortante « à l’image de la majorité gouvernementale actuelle », Claudius Volle se rallia au maire réélu Alexandre de Fraissinette et devint 6e adjoint. En mars 1965, quelques mois après le décès du maire, il figura en 5e position sur la liste de Rémi Annino composée de nombreux anciens conseillers municipaux démocrates chrétiens, radicaux et socialistes qui fut battue par la liste du premier adjoint Michel Durafour. Après cet échec Claudius Volle ne fut plus candidat et démissionna de ses responsabilités fédérales pour être remplacé par Jean Vincent.

Administrateur pendant 4 ans de la Caisse d’allocations familiales, vice président de l’Office d’HLM de Saint-Étienne, il était aussi délégué cantonal et militant des œuvres post-scolaires et membre de la Fédération des élus cantonaux et municipaux socialistes. Militant des associations d’anciens résistants, membre de l’ANACR de la Loire, il prit une part active à la création du Mémorial de la Résistance et de la Déportation de la Loire (1999) dont il devint le premier trésorier. Le 21 janvier 2006, à l’occasion du colloque « Cent ans de socialisme dans la Loire », Claudius Volle présenta un témoignage sur le parcours de Pétrus Faure.

Expert-comptable honoraire, chevalier de la Légion d’honneur, Claudius Volle était titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185122, notice VOLLE Claudius, Marcel par Gilles Morin et Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 12 septembre 2016, dernière modification le 12 septembre 2016.

Par Gilles Morin et Jean-Michel Steiner

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/311, 562, 704. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 108, 109, 117, 119. — Archives de l’OURS, dossiers correspondance et élections Loire. — Arch. Mun. Saint-Étienne : élections municipales 1959 & 1965 : 10K20 à 22 ; élections cantonales 1955 & 1961, 9K14 & 15 ; élections législatives 1958 & 1962, 7K 15 & 16 ; 1S 346, cahiers de la section stéphanoise de la SFIO (1927-1960). — Romain Thoral, La SFIO dans la Loire de la fin de la seconde guerre mondiale à la fondation de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (1944-1965), mémoire de fin d’études de l’IEP de Lyon, 2003-2004, (dir. Gilles Vergnon). — Jean-Michel Steiner, Le PCF dans la vie stéphanoise (1944-1958). Communisme et anticommunisme dans une grande ville ouvrière sous la IV° République,Thèse, St-Étienne, 2005. — Mathieu Fulla, Les socialistes français et l’économie (1944-1981). Une histoire économique du politique, Paris, Presses de Sciences Po, 2016. — Cent ans de socialisme dans la Loire, Saint-Just-la-Pendue, 2007. — Renseignements fournis par Jacky Nardoux. — Entretiens avec J-M Steiner, décembre 2001, mars 2003. — État-civil.

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