Par John F. Straussberger, Céline Pauthier (trad.)
Né en 1917 à Kolo (Dabola) ; mort au Camp Boiro (Conakry) le 27 mai 1969 ; Homme politique et homme d’Etat ; Membre de l’Amicale Gilbert Vieillard (AGV) ; Vice-Président du Comité d’Entente Guinéenne (CEG) ; Co-fondateur du Bloc Africain de Guinée (BAG) et de l’Union des Populations de Guinée, section guinéenne du Parti du Regroupement Africain (PRA), Conseiller général de la Guinée (1946-1953) ; Conseiller de l’Union Française (1953-1954) ; Député à l’Assemblée Nationale Française (1954-1958), Ministre de l’Education Nationale (1958-1961), Ministre des Finances (1961-1963), Ambassadeur de Guinée au Caire (1963-1966), Directeur de l’Imprimerie Nationale Patrice Lumumba (1966-1969).
Born 1917 in Kolo (Dabola) ; Died in Camp Boiro, Conakry, 27 May 1969 ; Politician and Civil Servant ; Member of Amicale Gilbert Vieillard (AGV) ; Vice-president of the Comité d’Entente Guinéenne (CEG) ; Co-Founder of Bloc Africain de Guinée (BAG) ; and Parti du Regroupement African (PRA), Guinean section ; Conseiller général de la Guinée (1946-1953) ; Conseiller de l’Union française (1953-1954) ; Député à l’Assemblée Nationale Française (1954-1958) ; Minister of National Education (1958-1961), Minister of Finances (1961-1963), Guinean ambassador based in Cairo (1963-1966) ; Director of Patrice Lumumba Press (1966-1969).
Né dans le cercle de Dabola en 1917, Barry Diawadou appartenait à la famille Soriya, l’un des deux lignages aristocratiques parmi lesquels était choisi l’Almamy, ou commandeur, de l’Etat précolonial du Fouta Djalon. Son père, Aguibou Barry, était chef de canton de Dabola jusqu’à la suppression de la chefferie administrative en 1957. Barry Diawadou étudia à l’école normale William Ponty près de Dakar. A cette époque, il devint membre actif de l’Amicale Gilbert Vieillard (AGV), une association culturelle peul animée par les étudiants du Fouta Djalon de Guinée. Après son diplôme de Ponty, il devint fonctionnaire et exerça comme comptable de l’AOF.
Dès 1946, Barry s’engagea dans le nouveau système de partis politiques qui avait éclos sur le territoire de la Guinée. Il joua un rôle dans la politisation de l’AGV et, début 1947, il tenta en vain de prendre la direction du bureau face aux militants qui s’opposaient à la chefferie administrative. Il participa sans succès aux élections législatives de novembre 1946 (sur la liste du Parti Socialiste de Guinée de Mamba Sano, face à Yacine Diallo) mais fut élu conseiller général de Dabola au mois de décembre. En 1947, il adhéra brièvement, comme de très nombreux hommes politiques guinéens, au RDA et prit part au comité de rédaction du Phare de Guinée, son organe de presse. Mais il quitta le parti en 1948 et contribua à la formation, en 1949, du Comité d’Entente Guinéenne (CEG). Il s’agissait d’une plateforme politique des groupements ethnico-régionaux, dont il devint le vice-président. En juin 1951, il se présenta aux élections à l’Assemblée Nationale sur la liste d’Union française d’action démocratique et sociale, mais perdit face à Yacine Diallo et Mamba Sano. Il fut réélu conseiller territorial en 1952 puis remplaça Paul Tétau, décédé en mai 1953, à l’assemblée de l’Union française en 1953-1954. Barry fut finalement élu à l’Assemblée Nationale lors des élections de juin 1954, organisées pour remplacer Yacine Diallo, décédé brutalement en avril de la même année. Lors de cette élection, il battit Sékou Touré, syndicaliste et leader du Parti Démocratique de Guinée (PDG), mais sa victoire fut contestée : l’administration coloniale fut accusée d’avoir organisé la fraude pour garantir son élection.
En 1955, Barry Diawadou créa, avec Koumandia Keïta, le Bloc Africain de Guinée (BAG). Ce parti était une nouvelle tentative pour unir les associations ethniques et régionales de Guinée et pour contrer le succès grandissant du PDG. Mais le BAG peinait à devenir un véritable parti politique, en particulier dans le contexte d’élargissement du suffrage électoral. Plutôt que de mobiliser les Guinéens à la base, il recrutait les élites politiques et rencontrait l’opposition de certaines associations régionales, en particulier l’Union Mandé, qui refusait de déléguer son pouvoir au parti à l’échelle territoriale. Barry se présenta aux élections de 1956 pour l’Assemblée nationale. Son parti rassembla moins de la moitié des suffrages recueillis par le PDG et seul Barry fut élu député.
Le BAG subit une défaite cinglante face au PDG aux élections territoriales de 1957. En février 1958, Barry Diawadou forma, avec Ibrahima Barry dit Barry III, la section guinéenne du Parti du Regroupement Africain (PRA), formation politique ouest-africaine. Reflétant les divergences idéologiques de ses deux leaders, la section guinéenne accusait à la fois le PDG d’exploiter les habitants du Fouta Djalon et d’attaquer la culture peul, tout en appelant au NON au référendum de 1958 sur la Constitution de la Ve République. Un article de La Voix du Peuple, le journal du PRA dirigé par Barry Diawadou, allait jusqu’à affirmer que les leaders du PDG étaient “vendus au Blancs, au pouvoir de l’argent et au colonialisme”.
Après la décision tardive du PDG d’appeler à voter au NON au référendum, Barry Diawadou et Ibrahima Barry se réunirent avec Saïfoulaye Diallo, le numéro deux du PDG - qui était aussi une relation d’enfance de Barry III. Ils convinrent de mener une campagne commune contre la Constitution et en faveur de l’indépendance immédiate. Cet accord offrait la possibilité aux leaders du PRA de quitter l’union après le vote. Mais Ibrahima Barry et Barry Diawadou renoncèrent à relancer le PRA car les problèmes majeurs auxquels la Guinée était confrontée après l’indépendance exigeait un gouvernement d’union nationale, et parce qu’un parti d’opposition dans ce contexte avait peu de chance de réussir. Les deux hommes politiques rejoignirent le gouvernement dirigé par le PDG : Diawadou fut ministre de l’éducation nationale (1958-1961), des finances (1961-1963), ambassadeur de la Guinée au Caire (1963-1966) puis directeur de l’Imprimerie nationale Patrice Lumumba à partir de 1966.
En dépit de ce ralliement, il est clair que certains dirigeants du parti doutaient de la loyauté de Barry Diawadou envers le PDG. Au cours des années 1960, il fut de plus en plus marginalisé politiquement. Sa chute et son décès furent la conséquence des purges drastiques au sein du gouvernement guinéen, suite à la proclamation de la “Révolution Culturelle Socialiste” en 1968. Barry Diawadou fut accusé d’avoir soutenu le prétendu “complot Kaman-Fodéba” dénoncé en février 1969. Il fut arrêté le 29 mars 1969 et incarcéré au Camp Boiro. Plusieurs de ses frères et son père âgé de 75 ans, Almamy Aguibou Barry, furent également arrêtés peu après. Barry Diawadou fut fusillé moins de deux mois plus tard, le 27 mai 1969.
Born in the cercle of Dabola in 1917, Barry Diawadou (he preferred to list his last name first) belonged to the Soriya family, one of the two chiefly lineages that served as the Almamy, or paramount ruler, of the pre-colonial Futa Jallon state. His father, Aguibou Barry, served as the colonial chief of Dabola until the elimination of the administrative chieftaincy in 1957. Barry Diawadou studied at the l’école normale William Ponty outside of Dakar. While there, Barry became an active member of the Amicale Gilbert Vieillard (AGV), an ethnic Fulbe cultural association dominated by students of the Futa Jallon region of Guinea. After graduating from the École Ponty, Barry served as an accountant in the AOF civil service.
In 1946, Barry became active in the emerging system of party politics in the Guinean territory. He played a part in pushing the AGV to adopt a more explicitly political role, and in early 1947 led an unsuccessful coup within the organization’s bureau against activists who had strongly critiqued the colonial chieftaincy. He failed to be elected in the Novembre 1946 elections to the National Assembly (on Mamba Sano’s Parti Socialiste de Guinée list that opposed Yacine Diallo) but was elected conseiller of Dabola in December. In 1947, he became a member of the RDA and took part in the redaction committee of its newspaper, Le Phare de Guinée. But he left the party in 1948 and contributed to the formation of the Comité d’Entente Guinéenne (CEG) in 1949. It sought to serve as an umbrella party for Guinea’s ethno-regional political groups, and Barry became its vice president. In June 1951, he entered the election for Guinea’s three representatives in the Assemblée Nationale as part of the liste d’Union française d’action démocratique et sociale, but lost to Yacine Diallo, an incumbent, and Mamba Sano. Barry was eventually elected to the Assemblée Nationale in the June 1954 special election to replace Yacine Diallo, who had died unexpectedly in April of that year. In that election, he defeated Sékou Touré, a union leader and head of the Parti Démocratique de Guinée (PDG), though his victory was marred by accusations that the colonial administration had committed electoral fraud to ensure Barry’s election.
In 1955, Barry Diawadou, along with Koumandian Keïta, formed the Bloc Africain de Guinée (BAG). The two created the party as an attempt to unite, once again, Guinea’s ethno-regional associations and to counter the increasingly popular PDG. However, the BAG was mostly ineffective as a political party, especially within the context of the growing franchise in the AOF ; it eschewed grassroots organizing in favor of courting Guinean elites, and faced opposition from some regional associations, most notably the Union Mandé, which resisted ceding control to the territorial party. Barry ran on the BAG list in the 1956 national assembly elections. His party received less than half of the votes the PDG did, and only Barry was elected as a deputy.
The BAG suffered a crushing defeat at the hands of the PDG in the 1957 elections for Guinea’s territorial assembly. In February 1958, Barry Diawadou along with the socialist politician Ibrahima Barry “Barry III,” formed a Guinean branch of the AOF-wide Parti du Regroupement African (PRA). Reflecting the divergent ideologies of the two leaders, the PRA branch both decried the PDG’s supposed exploitation of the Futa Jallon’s inhabitants and attack on Fulbe culture while also calling for a “no” vote in the September 1958 referendum on the constitution of the Fifth French Republic. An article in La Voix du Peuple, the PRA newspaper directed by Barry Diawadou, went as far as to claim that the PDG leaders were “a SELLOUT to the Whites, to the power of money, [and] to colonialism.”
Following the PDG leadership’s last-minute decision to endorse a “no” vote in the referendum, Barry Diawadou and Ibrahima Barry met with Saïfoulaye Diallo, a PDG leader and childhood acquaintance of the latter, and decided to form a unity campaign against the constitution and in favor of Guinea’s immediate independence. The agreement left open the possibility for the PRA leaders to leave the agreement after the vote. Recognizing that the significant problems Guinea faced after independence would require a unified government, as well as the limited viability of a opposition party, Barry Diawadou and Ibrahima Barry declined to restart the PRA. Both politicians joined the PDG government, with Diawadou serving as the Minister of National Education (1958-1961), the Minister of Finances (1961-1963), the Guinean ambassador based in Cairo (1963-1966), and finally as head of the state-run Patrice Lumumba Press starting in 1966.
Even if he had joined the PDG-led government, it is rather obvious that some of the leaders doubted he was sincerely devoted to the party. Over the course of the 1960s, Barry Diawadou became increasingly marginalized in Guinean politics. His ultimate fall and eventual death would result from the drastic purges within the Guinean government following PDG’s formation of a “Socialist Cultural Revolution” in 1968. Barry Diawadou was eventually accused of supporting the so-called “Kaman-Fodéba Plot” of February 1969. He was arrested outside his home on 29 March 1969, and imprisoned in Camp Boiro. Several of his brothers and his 75 year-old father, Almamy Aguibou Barry, were arrested shortly thereafter. Barry Diawadou was executed by rifle less than two months later on 27 May 1969.
Par John F. Straussberger, Céline Pauthier (trad.)
SOURCES :“Renseignements a/s Comité de Rénovation de Basse-Guinée,” 20 July 1949 Archives Nationales de Guinée 2Z29 ;
Delmas to Soustelle, October 1950, Archives de la Fondation Charles de Gaulle, RPF 675.
Sidiki Kobélé Kéïta, Les élections en Guinée Française (1945-1958), Paris, Anibwe, 2011.
“Rapport Hebdomadaire, Semaine du 26 Février au 4 Mars 1951” no. 289/128/C/PS/I, 8 March 1951, Archives Nationales de Guinée 1F21
“Renseignements a/s déplacement de personnalités B.A.G. et M.S.A. dans le Cercle de Mamou,” no. 292-99/C/PS.2, 13 February 1958, Archives Nationales de Sénégal 17G622
“Tour d’Horizon,” La Voix du Peuple 2, 6 June 1958
André Lewin, Ahmed Sékou Touré (1922-1984). 7 vols, Paris, L’Harmattan, 2009.
Elizabeth Schmidt, Mobilizing the Masses : Gender, Ethnicity, and Class in the Nationalist Movement in Guinea, Portsmouth, NH : Heinemann, 2005, 191-192 ;
Sidiki Kobélé Kéïta, P.D.G., artisan de l’indépendence nationale en Guinée (1947-1958), Conakry : INRDG, Bibliothèque Nationale, 1978, 143.
Interview with Thierno Oumar Barry, Conakry, 17 February 2013
Almamy Fodé Sylla, L’Itinéraire sanglant, (Paris : ERTI, 1985)