Vidaillat (Creuse), Cosnat, 17 juillet 1944

Par Michel Thébault

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1944, des éléments de la brigade Jesser chargée de la répression de la Résistance en Creuse, attaquèrent au hameau de Cosnat (commune de Vidaillat) un groupe de maquisards appartenant à la 1ère CFL (Corps Francs de la Libération - AS) et massacrèrent 10 jeunes résistants.

stèle du hameau de Cosnat
stèle du hameau de Cosnat

A la mi-juillet, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse en provenance des départements voisins du sud et de l’est pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. L’une des colonnes (colonne rapide du commandant Coqui, régiment de sécurité motorisé n°1000) entra dans le département le 14 juillet en venant de Murat (Cantal) et se dirigea vers le secteur d’Aubusson. Le 1er bataillon du régiment 1000 (commandant Vonalt) installa à Bourganeuf (Creuse) son PC opérationnel. A partir du 16 juillet, le commandement fit rayonner ses compagnies à partir de la ville avec un double objectif : accrocher les groupes de maquisards pour les éliminer et rechercher pour les libérer deux officiers sous-mariniers de la Kriegsmarine fait prisonniers par le maquis avec quatre autres militaires, le 24 juin sur la nationale Limoges - Clermont Ferrand, à la sortie de Bourganeuf.
Dans la journée du 16 juillet, une compagnie ratissa le secteur de Vidaillat découvrant du matériel parachuté et incendiant la mairie-école. Un accrochage à La Pouge (Creuse) dans l’après-midi du 16 juillet avec des éléments de la 1ère compagnie des Corps francs de la Libération (CFL) du lieutenant Robert Undriener, embuscade suivie d’un repli des maquisards, permit à l’unité allemande de localiser en fin de journée, dans la commune de Vidaillat, et plus précisément au hameau de Cosnat, le lieu de repli et de repos de la 1ère CFL. Le commandement allemand décida sans attendre d’intervenir et une opération de nuit fut organisée par la 2ème compagnie du bataillon. Dans le hameau de Cosnat une soixantaine d’hommes de la 1ère CFL cantonnait pour la nuit répartie dans des fermes et des granges, protégée par une seule sentinelle en bas du hameau. L’attaque allemande surprit les maquisards dans leur sommeil. La sentinelle, Fernand gauthier, immédiatement mise hors d’action, les troupes allemandes parvinrent à encercler une des granges. Quatre jeunes maquisards périrent dans l’incendie de la grange qui suivit l’attaque à la grenade, cinq autres faits prisonniers furent interrogés, en particulier sur le lieu de détention de l’équipage de la Kriegsmarine, et fusillés sommairement. Selon un témoignage recueilli en 1962 par la gendarmerie : "L’interrogatoire a eu lieu le 17 juillet 1944 à 2 heures du matin dans ma cuisine et, en ma présence ; puis ces cinq jeunes gens ont été fusillés à l’issue de l’interrogatoire devant ma porte » (Mme. Marie Lecanthe in dossier AVCC Fernand Pouillon).
Liste des victimes :
BOUQUE Gilles ; BOYER Roger ; GAUTHIER Fernand ; GIMENON André ; JOURNEAU Maurice ; LOUYAT Pierre ; MERLE Jean ; PAROT Henri ; POUILLON Fernand ; VIGNANE René.
Un monument commémoratif « A la mémoire de dix FFI tombés le 17 juillet 1944 pour notre libération » fut installé après la guerre sur le lieu des exécutions.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185205, notice Vidaillat (Creuse), Cosnat, 17 juillet 1944 par Michel Thébault, version mise en ligne le 14 septembre 2016, dernière modification le 14 février 2019.

Par Michel Thébault

stèle du hameau de Cosnat
stèle du hameau de Cosnat

SOURCES : Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Creuse Résistance, dossier Jean Geneton Une semaine en enfer : celle du 16 juillet 1944 — Eugène Martres Le Cantal de 1939 à 1945, les troupes allemandes à travers le Massif central (contenant le rapport du commandant Vonalt chef du 1er Bataillon du régiment 1000) — État civil, mairie de Vidaillat.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable