PERRONE Ottorino, dit Vercesi.

Par Anne Morelli

L’Aquila (Les Abruzzes, Italie), 9 mai 1897 – Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 17 octobre 1957. Militant communiste, principal représentant en Belgique de l’opposition de gauche communiste (fraction bordighiste), rédacteur principal de Prometeo et Bilan ; après la Libération, exerce de fait la fonction de consul à Bruxelles jusqu’en avril 1945.

L’informateur de police en Italie considère Ottorino Perrone comme un « propagandiste habile et très rusé, extrêmement dangereux à cause de son intelligence, de ses relations et de sa culture ».

Avec une formation de base d’expert-comptable, Ottorino Perrone étudie l’économie et le droit (licence) à l’École supérieure de commerce de Venise. C’est dans cette région qu’il participe à ses premiers combats antifascistes notamment lors des occupations d’usines à Mira en 1920.

Lors du Congrès de Livourne de 1921 qui voit le Parti communiste se détacher du Parti socialiste, Ottorino Perrone rejoint le premier et adhère aux thèses du fondateur du Parti communiste italien (PCI), Amadeo Bordiga. Sa fidélité aux idées bordighistes ne se démentira jamais.

En 1922, Ottorino Perrone est arrêté à Venise. Il figure parmi les accusés d’un procès dressé contre les antifascistes qui se sont violemment heurtés aux squadristes de Mussolini. À cette époque, rédacteur de l’Unita et de Il Lavoratore, il est en relation avec le Comité exécutif et la plupart des dirigeants du PCI.

En 1923, Ottorino Perrone est ramené de force de Venise à sa province d’origine. En 1924, il se rend à Moscou au Congrès de la IIIe Internationale communiste. Il émigre ensuite clandestinement en France où il participe activement à la défense des thèses de la gauche « bordighiste » au Congrès du PCI à Lyon en 1926.

Expulsé de France en 1927, Ottorino Perrone poursuit en Belgique la diffusion des idées de l’opposition de gauche, désormais exclue du Parti communiste. Autour de lui se regroupe à Bruxelles un certain nombre de « bordighistes » avec lesquels il fait paraître un bimensuel en Italien, Prometeo, qui vivra dix ans, et une revue théorique en français, Bilan.

Ottorino Perrone, intellectuel droit et intègre, jouit de la sympathie de nombreuses personnalités socialistes (Paul-Henri Spaak, P. Vermeylen, etc.) qui font suspendre l’expulsion dont il est l’objet dès 1928. Il fait également intervenir ces socialistes pour protéger d’autres réfugiés antifascistes mais ne profite jamais de leur appui pour améliorer sa situation personnelle. Marié à Ida Zecchini, il travaille comme comptable à la Fédération typographique belge (1929-1940) et vit modestement dans un quartier ouvrier d’Anderlecht (Bruxelles).

Politiquement, Ottorino Perrone reste très actif, maintient un certain temps des rapports avec Trotsky et les opposants russes, noue des contacts avec l’opposition de gauche belge et française, approfondit la réflexion théorique, notamment sur la nature révolutionnaire ou non de l’État soviétique puis de la guerre civile espagnole. Il est, avec une remarquable continuité doctrinale, le fil conducteur des communistes italiens antistaliniens et reste très lié au mouvement socialiste belge, notamment via le syndicat.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les autorités italiennes de Belgique demandent son arrestation à la Gestapo. Activement recherché, il reste caché pendant presque trois ans.

À la Libération, Ottorino Perrone représente la fraction de gauche communiste dans la Coalizione antifascista laquelle défend les intérêts de la communauté italienne devant les autorités belges et les forces alliées. L’honnêteté et le désintéressement de Perrone, reconnus par toute la colonie, le font proposer à la tête de la Croix-rouge italienne qui s’occupe des questions de rapatriement, de regroupement des prisonniers, etc. À travers cette fonction, il exerce de fait dans les locaux du consulat d’Italie, rue de Livourne, toutes les responsabilités consulaires, avec l’aide de quelques employés mis à sa disposition. Dès l’arrivée de la nouvelle équipe diplomatique, Ottorino Perrone se retire de cette fonction que les bordighuistes « durs » lui reprocheront d’avoir acceptée et maintient jusqu’à sa mort une activité axée vers la réflexion politique.

À consulter également BOURRINET P., PERRONE Ottorino, dans Site du Maitron.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185255, notice PERRONE Ottorino, dit Vercesi. par Anne Morelli, version mise en ligne le 16 septembre 2016, dernière modification le 14 janvier 2020.

Par Anne Morelli

ŒUVRE : Prometeo, 1928-1938 - Bilan, 1933-1938.

SOURCES : Archives centrales de l’État, Rome, ACS, CPC, 12.784 – Archives Police des étrangers de Bruxelles, dossier 1.490.208 – BORDIGA A., « Ottotrino Perrone : una pagina della battaglia rivoluzionaria », Programma communista, n° 22, 1967 – SPRIANO P., Storia del partito comunista italiano Einaudi, vol. 2, Turin, 1978, p. 182-272 – DE LAZZARI P., Antifascismo e resistenza a Mira, ANPI, Mira-Venezia, s.d.

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