VERLHAC Jean

Par Claude Pennetier

Né le 3 juillet 1923 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 9 mai 1995 à Grenoble (Isère) ; professeur d’histoire puis universitaire ; résistant ; militant de la JEC, de l’Union des chrétiens progressistes, de l’UGS puis du PSU et enfin du PS ; syndicaliste du SNES ; maire adjoint à l’urbanisme de Grenoble (1965-1983).

Jean Verlhac et Pierre Naville
Jean Verlhac et Pierre Naville
Photographie de Pierre Collombert, disponible à l’ITS

Fils de Théophile Verlhac (né en 1898 à Montluçon, Allier), chef de section aux chemins de fer, et de Raymonde Cailleteau (née en 1897 à Confolens, Charente), employée des chemins de fer, Jean Verlhac disait être né dans une famille petite bourgeoise d’orientation centriste. Les mutations de son père le menèrent à Orléans (Loiret) où il fréquenta les milieux de la jeunesse chrétienne puis à Guéret (Creuse) où il passa la seconde partie du baccalauréat. Il n’était guère politisé ; c’est l’occupation qui pendant son hypokhâgne et sa khâgne à Lyon le conduisit au militantisme dans les Jeunesses chrétiennes combattantes et même à la résistance dans le cadre de l’Armée secrète, où il œuvra comme agent de liaison. Ce militantisme le fit désigner au Comité départemental de libération du Rhône et même présider le comité d’épuration de la police. Avec les membres des Jeunesses chrétiennes combattantes, dont sa fiancée, Colette Martin-Rosset (1924-2010), il entra dans le Front uni de la jeunesses patriotique. (FUJP). Avec Jean Hours, dirigeant de la Résistance chrétienne, il participa au journal Liberté.
Cette expérience journalistique contribua à sa mobilisation sur place comme rédacteur du journal Aux Armes dirigée par le colonel Marcel Descour, qui l’avait connu dans la Résistance. Même après sa démobilisation, le coopération se poursuivit à Paris avec la fonction de rédacteur en chef du journal, avec le directeur Jean-Marie Domenach et ce jusqu’à la disparition de Aux Armes.
Étudiant à la Sorbonne, licencié, admissible à l’École normale supérieure, il soutint en 1947 un diplôme d’études supérieures sur la formation de l’unité socialiste de 1898 à 1905. Il fut reçu à l’agrégation en 1949 en 4e place. Proche de Joseph Rovan et la revue Esprit, il votait cependant communiste.
Son adhésion à l’Union des chrétiens progressistes (UCP), créée en février 1947, le fit entrer dans le militantisme d’extrême-gauche. S’il participa quelque temps au Mouvement de la paix, il resta à l’extérieur du Parti communiste à la différence du créateur de l’UCP, Henri Denis, et il divergea du philosophe des mathématiques Maurice Caveing plus attaché alors au lien avec le Parti communiste. Verlhac collabora à la Quinzaine où se retrouvaient un bon nombre d’anciens de l’UCP après la dissolution de cette organisation en 1951 (organisation condamnée par le Saint-Siège), puis participa au Bulletin qui prenait la suite de la Quinzaine. Il était membre du Mouvement de libération du peuple (MLP).
Enseignant à Arras, à Saint-Quentin puis à Paris en 1951, il militait du SNES (Syndicat national de l’enseignement secondaire) et soutenait la liste B (futur Unité et Action). Il figura sur cette liste pour les élections à la CA nationale du SNES en 1962 et 1964 en 14e position et entra également à la CA du S3 de Paris au début des années 1960.
Jean Verlhac suivit la création de l’UGS au titre du MLP et siégea à sa direction. Il participa en 1958 à la création de l’Union des forces démocratiques, l’UFD. Il s’affirma dès lors comme un des acteurs majeurs de la nouvelle gauche qui déboucha sur la création du PSU en 1960. Membre du bureau national, secrétaire à l’organisation, il participa à tous les grands débats aux côtés de Gilles Martinet. Il prit une position personnelle radicale au moment du débat sur l’insoumission, en s’alliant avec Jean-Marie Vincent et Claude Bourdet pour soutenir le refus de la mobilisation. Grièvement blessé au métro Charonne lors de la manifestation du 8 février 1962, hospitalisé plusieurs semaines, il en un garda des traces.

Verlhac quitta le bureau en 1965 mais resta membre de la CPN. et défendit une orientation de plus en plus favorable à un rapprochement avec la SFIO selon Jean-François Kesler, sans perdre de vue l’autonomie du PSU. En 1967, après avoir soutenu le rapprochement avec la FGDS, il se rallia à une position qui maintenait l’unité du PSU. Mais les évènement s de mai 1968 le virent au côté de la direction du PSU dans une orientation très à gauche. Soutien de Michel Rocard au congrès de mars 1969, il suivit celui-ci au Parti socialiste en 1974 et siégea à son comité directeur.
Une nouvelle période s’était ouverte à lui avec son installation à Grenoble. Il marqua les milieux de gauche par son enseignement au lycée puis à l’Institut d’études politiques et à l’Institut d’urbanisme et surtout par son rôle dans le rapprochement entre le PSU et les GAM (Groupement d’action municipale) au côté d’Hubert Dubedout. Adjoint à l’urbanisme de l’équipe municipale d’Hubert Dubedout à Grenoble de 1965 à 1983, il suivit avec efficacité et imagination plusieurs grands projets de transformation de la ville, notamment la construction du village olympique des Jeux Olympiques de 1968 et du quartier de la Villeneuve de Grenoble dont le parc porte son nom. Il conduisit une politique de réhabilistation des vieix quartiers de Grenobler avec l’objectif de préserver la diversité socioloqique de leur peuplement. Porté par l’utopie de la transformation urbaine comme terreau du changement social, il reconnu l’impossibilité de « changer la vie en changerant la ville » face à laz crise de l’emploi. En 1966, il fut parmi les organisateur de la « rencontre socialiste de Grenoble » (30 avril-1er mai) à laquelle participa activement Pierre Mendès France dont Jean Verlhac fut, avec Hubert Dubedout, à l’origine de la candidature victorieuse à Grenoble aux légilatives de mars 1967. Jean Verlhac, homme discret mais stratège politique, fut qualifié alors d’éminence grise de Dubedout avec qui il formait un binôme atypique mais efficace. Leader du courant rocardien dans l’Isère, il entretenait des relations tendues avec Louis Mermaz, maire de Vienne, alors chef des mitterrandistes.

Il fut conseiller général socialiste de l’Isère entre 1973 et 1979.
Marié le 25 décembre 1945 à Saint-Alban-des-Villards (Savoie) avec Colette Martin Rosset, il était père de quatre enfants : Martine (1947), Pierre (1947), Noëlle (1948) Vincent (1961).

Il eut des obsèques civiles à Grenoble car il avait pris des distances avec la pratique religieuse depuis les années 1950. Selon son souhait il fut incinéré et une inscription fut apposée sur la tombe familiale à Saint-Alban-des-Villards.
Cet intellectuel de culture chrétienne, homme d’action et de conviction, marqua profondément ses milieux de militantisme, particulièrement le PSU et le municipalité de Grenoble.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185263, notice VERLHAC Jean par Claude Pennetier, version mise en ligne le 16 septembre 2016, dernière modification le 26 septembre 2016.

Par Claude Pennetier

Jean Verlhac et Pierre Naville
Jean Verlhac et Pierre Naville
Photographie de Pierre Collombert, disponible à l’ITS

OEUVRE : La formation de l’unité socialiste, 1898-1905, présentation par Marc Heurgon, Paris, L’Harmattan, 1997. — L’Urbanisme, Saint-Martin d’Hères, Association des élèves de l’IEP, 1968.

SOURCES : Jean-François Kesler, De la gauche dissidente au nouveau Parti socialiste. Les minorités qui ont rénové le PS, Toulouse, Bibliothèque historique Privat, 1990 [livre auquel cette notice doit beaucoup]. — Marc Heurgon, Histoire du PSU 1. la fondation et la guerre d’Algérie (1958-1962), Édition La Découverte, 1994. — Bernard Ravanel, Quand la gauche se réinventait. Le PSU, histoire d’un parti visionnaire 1960-1989, Éditions La Découverte, 2016. — Notes d’Alain Dalançon (Arch. IRHSES). — Notes de Vincent Verlhac. — État civil.

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