VIANNAY Philippe

Par Bruno Duriez

Né le 15 août 1917 à Saint-Jean-de-Bournay (Isère), mort le 27 novembre 1986 à Paris ; résistant ; membre de l’Assemblée consultative en octobre 1944 ; créateur du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) et du Centre nautique des Glénans ; militant de la Nouvelle gauche et de l’Union de la gauche socialiste.

Issu d’une famille bourgeoise catholique, Philippe Viannay poursuivit des études jusqu’à l’obtention d’un DES de philosophie en 1939. Après un passage au séminaire d’Issy-les-Moulineaux et à l’École des officiers de réserve (EOR) de Saint-Cyr, il fut officier des tirailleurs marocains pendant la guerre de 1939-1940. En 1941, avec quelques amis, dont Robert Salmon, il lança le journal Défense de la France et le mouvement de résistance du même nom. Il y rencontra sa femme Hélène Mordkovitch qu’il épousa en 1942, celle-ci joua un rôle important dans la Résistance, fit partie des fondateurs avec Robert Salmon, de Défense de la France . Non sans réticences, après avoir soutenu un temps le général Giraud, Philippe Viannay, se rallia à de Gaulle et participa en 1943 à la création du Mouvement de libération nationale. L’année 1944 le vit prendre part à la résistance armée en Seine-et-Oise, non sans tensions avec Henri Rol-Tanguy. Il dirigea le maquis de Ronquerolles (FFI Seine-et-Oise Nord). Le 23 juillet, il avait été blessé et arrêté par les Allemands mais il réussit à s’évader.
Membre nommé de l’Assemblée consultative en octobre 1944, il démissionna avant la fin de l’année. Sous sa signature de journaliste résistant, Indomitus, il publia en 1945 Nous sommes les rebelles.
À la Libération, il créa avec ses amis de la Résistance le Centre de formation internationale, pour contribuer à la formation d’une élite nouvelle. Il y associa, entre autres, André Postel-Vinay, Michel Debré et François Bloch-Lainé. De ce centre sortirent plusieurs initiatives : la Maison des étudiants du Maroc (1949), l’association Éducation et échanges dont est issue l’association des Foyers internationaux avec Jean Arthuys, et le foyer de la rue Cabanis dont est issu le Foyer international d’accueil de Paris (FIAP). Parallèlement, avec Jacques Richet (lui aussi de Défense de la France) il créa en 1946 le Centre de formation des journalistes (CFJ) avec le soutien de journalistes et de patrons de presse, en particulier Léon Rollin. En 1947, avec sa femme Hélène, il créa le Centre nautique des Glénans. Avec Jean-Jacques Herbulot il y conçut le célèbre Vaurien. En 1957, il laissa la responsabilité des Glénans à sa femme. Le journal Défense de la France se transforma en France-Soir. La prise de contrôle du journal par Hachette et des difficultés internes le conduisirent à démissionner en 1950. En 1964, Philippe Viannay fut appelé au conseil d’administration de France-Observateur. Il y était secrétaire de rédaction en 1962. Il créa en 1963 la Société des amis de l’Observateur. Favorable à l’émancipation du journal vis-à-vis du PSU, il soutint le passage au Nouvel observateur et épaula Jean Daniel et Claude Perdriel dans leur recherche de financements.
En 1969, avec Louis Guéry, le CFJ mit sur pied avec l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, la formation permanente des journalistes et, ce faisant, devint en 1972 le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ). À partir du CFPJ sera créé, avec Entreprises et cadre de vie, le Centre d’information sur les médias (CIM) au service des entreprises.
En 1972, avec le CFPJ, il prit l’initiative de créer avec Hubert Beuve-Méry "Journalistes en Europe" qui avait pour objet d’organiser des stages pour des journalistes du monde entier. Il en a assura la responsabilité jusqu’à sa mort.
Après la Libération, il renonça à tout engagement politique, mais la guerre d’Algérie et son indignation face à la torture le firent adhérer en 1955 à la Nouvelle Gauche. Il siégea à son conseil politique en décembre 1957. Philippe Viannay joua un rôle actif dans le rapprochement avec le Mouvement de libération du peuple (MLP) qui aboutit en 1957 à l’Union de la gauche socialiste (UGS). Il participa, avec Louis Guéry, à la rédaction de son journal, Tribune du peuple. Mais il ne suivit pas longtemps le PSU dans lequel s’était fondue l’UGS en 1960. Il participa au club Jean Moulin jusqu’en 1965 et aux réflexions qui furent menées sur la vie associative dans la revue Échanges et projets, créée par Jacques Delors. Il fut ainsi amené à participer à la création avec François Bloch-Lainé et Paul Delouvrier de Développement des associations de progrès (DAP).
Philippe Viannay participa à la création d’autres organismes, en particulier, lors de la préparation du Ve Plan, de la Société centrale pour l’équipement touristique (SCETO), du Conservatoire du Littoral et, plus tard, de l’Institut Auguste Comte.
En 1984 il démissionna des conseils d’administration des journaux qu’il avait soutenus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185314, notice VIANNAY Philippe par Bruno Duriez, version mise en ligne le 18 septembre 2016, dernière modification le 30 avril 2020.

Par Bruno Duriez

OEUVRE : Philippe Viannay. Du bon usage de la France, Ramsay, 1988., 441 p.

SOURCES  : Les Cahiers du GRMF, 4. 1984. — CFJ-Info. 77. 1987. - Universalia, 1987. — Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Le mouvement Défense de la France, 1995. — Geneviève Poujol et Madeleine Romer, Dictionnaire biographique des militants : XIXe-XXe siècles : de l’éducation populaire à l’action culturelle, L’Harmattan, 2000. — Philippe Tétard, France observateur : 1950-1964. Histoire d’un courant de pensée intellectuel, IEP de Paris, thèse d’histoire, 1995. — Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France, 1940-1949, Le Seuil, 1995. — Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006. — Clarisse Feletin, Hélène Viannay : l’instinct de résistance.

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