LAZARD Alexandre, Edmond, Pierre

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 26 juillet 1912 à Paris (XVIe arr.), fusillé après condamnation à mort le 23 mai 1944 à Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; ingénieur ; résistant du réseau SR Alliance.

Alexandre Lazard était le fils d’Alphonse Isaac Lazard, banquier, co-gérant de la banque Lazard, âgé de 32 ans et d’Aline Françoise Lucie Coignet, âgée de 28 ans.
Il fit des études d’ingénieur à l’École centrale de Paris, à Châtenay-Malabry d’où il sortit diplômé de la promotion de 1936. Il était domicilié 49 boulevard Suchet, à Paris XVIe. Une loi du 1er avril 1923 ayant organisé la participation des Grandes écoles à la formation d’officiers de réserve, L’École centrale fournissait des sous-officiers et officiers principalement pour l’artillerie et le génie. Une préparation militaire obligatoire conduisait les centraliens au grade de sous-officier de réserve, une année de service étant prévue après les examens de sortie de l’école. C’est dans ces conditions qu’Alexandre Lazard fut lors de la mobilisation en septembre 1939, nommé lieutenant au 401e régiment d’artillerie de DCA (45e groupe, 840e batterie). Son régiment essentiellement déployé autour de Paris en défense aérienne du territoire, ne survécut pas à la retraite et à la débâcle et fut dissous le 5 août 1940. Démobilisé Alexandre Lazard s’installa en zone libre, ingénieur à Lyon, où il demeurait quai Saint-Antoine, il entra dans la Résistance comme agent de renseignements et de liaison du réseau de renseignements militaires Alliance sur le secteur de Lyon "Villa", avec le pseudonyme "Reille". Il effectuait des missions d’observation pour le compte de Madeleine Croset, une des responsables du secteur.
Il fut arrêté à Marseille au cours d’une mission, le 3 février 1943 et incarcéré à la prison Saint-Pierre, à Marseille. Il fut ensuite transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) le 18 mars 1943 puis déporté vers l’Allemagne le 27 mai au départ de Compiègne et interné à la prison d’Offenburg (Bade-Wurtemberg). L’acte d’accusation d’espionnage au profit d’une puissance ennemie concernant la liste des affaires n° 308 qui regroupait 33 accusés dont Alexandre Lazard fut transmis par l’avocat général du Tribunal du peuple au Tribunal de guerre du Reich qui le reçut le 18 novembre 1943 et y apposa le tampon « Geheim » (secret) ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Alexandre Lazard fut conduit à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg) le 31 janvier 1944, en vue du jugement.
Il comparut le 18 février 1944 devant le 3e Sénat du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et fut condamné à mort au vu de l’acte d’accusation. Le lendemain il fut transféré dans une prison militaire de la Wehrmacht. Le jugement fut confirmé le 17 mars par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre et l’accusé fut conduit à la prison de Ludwigsburg le 14 avril 1944. La grâce étant refusée par le Führer la décision fut prise le 19 avril qu’Alexandre Lazard devait être fusillé.
À l’aube du 23 mai 1944, 16 détenus dont Alexandre Lazard furent réveillés plus tôt qu’à l’habitude et écoutèrent courageusement le jugement qui leur était lu en allemand et en français. Après avoir vu un prêtre et pour l’un d’eux, un pasteur protestant, ils burent un café avant d’être conduits en camion au champ de tir de Poppenweiler, situé dans une clairière à trois kilomètres de Ludwigsburg. Selon le Mémorial de l’Alliance pendant qu’ils étaient liés aux poteaux d’exécution ils firent preuve d’un extraordinaire sang-froid et s’interpellèrent en criant « À très bientôt au ciel » puis la salve retentit au moment de l’amen du Pater prononcé par le prêtre. Il était 6h33 lorsqu’Alexandre Lazard tomba sous les balles.
Leurs corps furent aussitôt placés dans des cercueils et inhumés dans la dignité au cimetière de Ludwigsburg. Les restes d’Alexandre Lazard furent réinhumés le 10 juillet 1987 au cimetière Montparnasse, à Paris.
Il fut homologué comme chargé de mission de 2e classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de lieutenant.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 9 avril 1946 et "Mort en déportation" par arrêté du 9 décembre 1993.
Son nom figure dans l’annuaire édité par l’Association des centraliens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185332, notice LAZARD Alexandre, Edmond, Pierre par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 19 septembre 2016, dernière modification le 20 novembre 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

SOURCES : Dossier DAVCC Caen.— Marie-Madeleine Fourcade L’Arche de Noé éd. Plon, Paris 1999.— Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial Genweb. — État civil.

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