MASSIANI Alexandre

Par Daniel Grason

Né le 8 juin 1910 à Paris (XIVe arr.), mort en action le 19 août 1944 à Paris (Ve arr.) ; vendeur, menuisier-charpentier, chauffeur, manœuvre spécialisé, garde républicain, gardien de la paix ; membre d’Honneur de la Police et d’un groupe franc, F.F.I.

Fils de père et de mère inconnue, Alexandre Massiani fut placé chez des parents nourriciers, fermiers en Auvergne. Il alla à l’école communale du village, mais préférait participer aux travaux des champs. Reconnu par ses parents à l’âge de quinze ans, il quitta la ferme pour Paris. Ses parents décidèrent qu’il apprendrait le métier de menuisier, il fut apprenti un an dans un atelier au 10 Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie (IVe arr.), puis vendeur rue du Cardinal-Lemoine (Ve arr.), charpentier dans une entreprise des Ponts-et-Chaussées jusqu’à l’âge de dix-neuf ans.
Ses parents prirent leur retraite en Corse, il les suivit, rénova toute la menuiserie de la maison familiale, puis travailla la terre. À vingt-et-un an, il s’engagea pendant deux ans au 33e Bataillon d’Ouvriers d’Artillerie (BOA), incorporé le 10 juin 1921, il y exerça sa profession, fut affecté à la caserne de Vincennes (Seine, Val-de-Marne), puis à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines). Le 15 avril 1932 il était nommé brigadier. Démobilisé, il retourna en Corse, exerça le métier de chauffeur pour une société de transports en commun, travailla comme manœuvre spécialisé chez Citroën.
Le 7 décembre 1935, il se maria avec une jeune femme originaire de Bretagne, dame employée aux PTT. La cérémonie eut lieu en mairie de Cachan (Seine, Val-de-Marne). Le couple habita la ville au 33 rue des Jardins, une fille naquit.
Il revint à Paris, postula un emploi de Garde Républicain comme l’avait été son père, débuta en juillet 1934 comme garde à pied à la caserne Napoléon où son père exerça, il accomplit trois ans et demi de service. Le 22 février 1936 le capitaine de la Garde Républicaine, commandant de compagnie, l’appréciait ainsi : « ce militaire a toujours été bien noté. Sa tenue, sa conduite et sa moralité sont très bonnes. Ponctuel dans son service, il donne complète satisfaction ».
Il écrivit à la Préfecture de police, sollicita un poste de gardien de la paix. En raison de son faible niveau scolaire, l’administration policière eut quelques réticences à l’embaucher, malgré ses états de service dans l’armée et dans la Garde Républicaine. Il fut « nommé au titre militaire à l’emploi de gardien de la paix stagiaire », le 16 février 1938.
Dans son autobiographie qu’il écrivit le 20 février, il fit part de ses motivations : « Différentes causes m’ont poussé à demander l’emploi de gardien de la paix. La situation de gardien de la paix est actuellement très enviable et très recherchée. D’autre part elle représente vis-à-vis du public le dévouement, la justice, la sécurité ».
« Je tacherai de donner un effort consciencieux à l’administration en étant déférent envers mes chefs, bienveillant avec mes collègues, complaisant avec le public. En un mot d’accomplir le plus sciemment possible les devoirs du gardien de la paix ».
Alexandre Massiani fut affecté au commissariat du Ve arrondissement, il eut quelques difficultés d’adaptation à son nouveau métier. Le 19 août 1944, vers 21 heures Alexandre Massiani avait pour mission de son groupe franc de surveiller les mouvements de détachements allemands cantonnés. Une cinquantaine de personnes étaient place du Panthéon, une patrouille allemande surgissait en side-car. Le groupe se dispersa immédiatement. Massiani habillé en civil resta sur la place. Il sortit son arme de sa poche, un soldat tira et le tua.
Son inhumation se déroula le 25 août 1944 dans carré militaire du cimetière de Cachan, ainsi que sur le monument de la ville dédié « Aux héros F.F.I. tués aux combats ». Son nom a été inscrit sur la plaque commémorative posée dans la cour de la préfecture de police à la mémoire des agents tombés pendant les deux guerres mondiales et sur la liste des policiers tués dans les combats de la Libération au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.), ainsi que sur une plaque posée contre le mur du Panthéon, côté nord, face à la faculté de droit : « Ici a été tué pour la Libération le 19 août 1944 le gardien de la paix Alexandre Massiani ».
Enfin, à l’entrée du village de Lama, arrondissement de Bastia en Haute-Corse, berceau des Massiani, son nom figure sur le monument aux morts, sur vingt-huit noms gravés dans la pierre, onze Massiani tués aux cours des guerres de 1870, de la Première et de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre d’Algérie.
Déclaré « Victime du devoir ». Alexandre Massiani a été cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945), le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France é, il a été homologué F.F.I.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185346, notice MASSIANI Alexandre par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 septembre 2016, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES| : Arch. PPo. KC 23 (notes transmises par Christian Chevandier). – SHD, Caen AC 21 P 89027. – Bureau Résistance : GR 16 P 401662. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet GenWeb.

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