CANACOS Henry, Julien

Par Nadia Ténine-Michel

Né le 2 mars 1928 à Saint-Étienne (Loire) ; agent technique ; syndicaliste et communiste ; maire de Sarcelles (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) de 1965 à 1983, député du Val-d’Oise (1967-1968, 1973-1981).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils de mineur, Henry Canacos vécut à partir de 1944 à Paris (XVe arr.) où sa mère était concierge. Après avoir obtenu un CAP de tourneur, il travailla à l’usine SOMUA de Saint Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis) où il était délégué du personnel et secrétaire du syndicat CGT. Membre du PCF depuis 1948, il fut licencié en mai 1952 comme meneur de la grève contre la présence à Paris du général américain Ridgway. Rapidement réembauché aux studios Éclair d’Épinay (Seine, Seine-Saint-Denis), il s’installa en 1952 avec sa femme à Sarcelles, locataire d’un pavillon en construction en raison de la crise du logement. Secrétaire de la section d’Épinay du PCF, il commençait aussi à militer à Sarcelles et fut candidat sur la liste communiste aux élections municipales de cette ville en 1953 et 1959.

À Sarcelles, encore semi-rurale, commençait à s’édifier, sous l’égide de la société immobilière de la Caisse des Dépôts, un grand ensemble qui allait devenir le symbole du mal vivre. Il y affluait une population venue de toute la France et bientôt de nombreux rapatriés d’Afrique du Nord. Le maire, ancien socialiste, et sa municipalité de centre gauche représentaient les anciens habitants. Ils étaient très éloignés des problèmes des résidents du grand ensemble, plus jeunes et plus qualifiés. L’équipe en place était de plus compromise dans un projet immobilier hasardeux. La ville fit plus que quadrupler sa population entre 1954 et 1965, passant alors à 47 366 habitants, puis 51 803 en 1968.

En décembre 1962, Henry Canacos, proposé par la fédération du PCF aux militants locaux en sa qualité d’ouvrier, fut élu conseiller municipal lors d’une élection partielle. Il fut élu maire en 1965 à la tête d’une liste qui comprenait 19 communistes sur 33 édiles, ainsi que des socialistes et PSU. L’élection avait été très disputée : six listes au premier tour et trois au second, les vainqueurs obtinrent 47 % des suffrages exprimés. C’est encore sur proposition de la fédération qu’il fut choisi comme maire bien qu’il n’habitât pas le grand ensemble. Henry Canacos devenait membre du comité fédéral de Seine-et-Oise nord, puis du Val-d’Oise en 1965 et jusqu’ à 1969.

Il entreprit des négociations serrées avec la Caisse des Dépôts afin de remédier aux défauts les plus criants des logements et obtint d’importants investissements nouveaux. Ses adversaires devaient lui reprocher, en 1971, sa collusion avec la Caisse des Dépôts.

Henry Canacos fut élu député dans la 5e circonscription du Val d’Oise le 12 mars 1967 et battu en juin 1968. Sa position locale restait fragile : battu aux élections cantonales de 1964, 1966 et 1976, il fut réélu maire d’extrême justesse en 1971. Les élections furent annulées et une délégation spéciale contrôla les élections de juin 1972 où sa municipalité fut réélue. Henry Canacos regagna son siège de député en 1973, devint l’année suivante vice-président du groupe parlementaire d’études des problèmes de construction et de logement et, en 1976, conseiller régional d’Île-de-France. En 1978, après sa réélection, il siégea à la Commission nationale d’urbanisme commercial. En 1976, il fut désigné par « Vie publique en Europe » comme maire de l’année de la région parisienne pour avoir su faire du béton un ensemble vivant et fait disparaître la « sarcellite » (nom donné par la presse à la première version du mal des banlieues).

Il n’en était pas moins en difficulté : battu aux élections législatives de 1981 par le socialiste Coffineau, il n’était arrivé que troisième au premier tour. Il fut réélu maire en mars 1983 avec seulement quelques voix d’avance et les élections furent annulées pour fraude. Il fut ensuite battu. Il fut condamné par le tribunal correctionnel de Pontoise en mars 1991 pour fraude électorale aggravée. Sa carrière avait suivi les succès et les échecs du PCF de ces années. Il se retira ensuite dans le Var et s’investit dans la vie associative de son village où il animait également le PCF.

Henry Canacos s’était marié avec Yvette Chateau et était père de deux filles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18535, notice CANACOS Henry, Julien par Nadia Ténine-Michel, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 décembre 2008.

Par Nadia Ténine-Michel

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

ŒUVRE : Sarcelles ou le béton apprivoisé, Éditions sociales, 1979.

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-et-Oise et Yvelines, 1 W 1016, 1018, 1094, 1141, 1104 W 44, 52, 72, 93. — Arch. Com. Sarcelles, non classées, lacunaires. — Arch. comité national du PCF. — Service de documentation de l’Assemblée nationale. — Le Monde, 8 mars 1991. — Courrier de Henry Canacos du 17 juin 2002.

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