Migné-Auxances (Vienne), Carrières des Lourdines, 15 - 18 août 1944

Par Michel Thébault

Le soir du 15 août 1944, le maquis Anatole (FTPF) hébergé pour la nuit au château de La Roche de Bran (commune de Montamisé, Vienne) fut, après dénonciation d’un milicien, attaqué par une unité de la Kriegsmarine cantonnée aux carrières des Lourdines (Migné-Auxances). Six maquisards faits prisonniers et conduits à Migné-Auxances y furent (à une date imprécise, entre le 16 et le 18 août) fusillés sommairement après avoir été torturés.

stèle Les Lourdines

Le 14 août 1944 alors que la Libération de Poitiers semblait proche, le maquis « Anatole » appartenant au groupement FTPF « Amilcar » (Vienne zone sud – secteur A), comprenant environ 150 hommes et commandé par le lieutenant Choffat, arriva en périphérie de la ville de Poitiers sur la commune de Montamisé. Il demanda l’hébergement pour la nuit à Mme. De la Grandière propriétaire du château de La Roche de Bran qui accepta. Un milicien local, témoin de l’installation prévint les autorités allemandes. Celles-ci firent appel à une unité de la Kriegsmarine (repliée de Rennes à la mi-juin avec les services administratifs) et cantonnée aux carrières des Lourdines (commune de Migné-Auxances), site d’entrepôt et de cantonnement militaire lors des deux guerres mondiales et réquisitionné pendant la seconde guerre mondiale par la marine allemande pour le stockage de ses munitions. Le soir même vers 23 h. les troupes allemandes commandées par l’Oberleutnant Vorländer (sans doute Oberleutnant zur See, c’est-à-dire enseigne de vaisseau) attaquèrent le poste avancé qui assurait la protection du maquis. L’essentiel du maquis put se replier mais un maquisard du poste avancé fut grièvement blessé et ne survécut pas à ses blessures, six autres maquisards furent faits prisonniers. Ils furent conduits aux carrières des Lourdines, interrogés, torturés et fusillés à une date qui reste imprécise (entre le 16 et le 18 août). Leurs corps ne furent retrouvés dans un champ proche que le 11 septembre 1944.
Le lendemain 15 août, à 7 heures du matin, l’unité de la Kriegsmarine revint au château de Bran pour procéder à une fouille qui tourna au pillage. Andrée Choffat, l’épouse du lieutenant Choffat fut arrêtée. Déportée, elle mourut en déportation. Mme de la Grandière et ses deux enfants furent arrêtés et incarcérés à la prison de la Pierre Levée à Poitiers. Au titre des représailles, les communs du château furent incendiés. Deux jours plus tard le 17 août, une unité allemande de retour des combats qui venaient de se dérouler à l’est de Poitiers (vraisemblablement la même unité de la Kriegsmarine), dans le secteur de Savigny-l’Evescault, incendia le château. Elle fit également un prisonnier, un maquisard venu en reconnaissance : Louis Albert. Il fut torturé et exécuté sommairement. A partir du 18 août le contingent allemand stationné aux Lourdines évacua le site en y provoquant d’importantes destructions.
Liste des victimes :
ALBERT Louis ; BABULACK Mathieu ; BOUDELIER Joseph ; CAILLER Jean ; CHOFFAT Andrée (morte en déportation) ; CLERCY Marcel ; DUCLAUD Fernand ; FLEURY Pierre.
Grâce à une souscription publique, un monument fut inauguré le 8 août 1948 à La Roche de Bran portant le nom des victimes. Chaque année, le lieu est l’objet de cérémonies mémorielles. Une stèle commémorative du massacre existe également devant les bâtiments de Château-Gaillard à l’entrée des anciennes carrières souterraines des Lourdines à Migné-Auxances. Ce massacre ainsi que celui d’otages à Chauvigny (Vienne) valurent à l’officier Karl Vorländer de comparaître devant le tribunal militaire de Paris en mars 1950 et d’être condamné à mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185392, notice Migné-Auxances (Vienne), Carrières des Lourdines, 15 - 18 août 1944 par Michel Thébault, version mise en ligne le 20 septembre 2016, dernière modification le 28 mars 2021.

Par Michel Thébault

stèle Les Lourdines

SOURCES : Roger Picard Hommes et combats du Poitou Ed. Martelle 1994 — Ville de MontamiséVRID (Vienne Résistance Internement Déportation) carte des maquis de la Vienne — Association Migné-Auxances-Mémoires Migné-Auxances d’hier à aujourd’hui Ed. Mairie de Migné-Auxances, 1999 — Site Mémoire des Hommes — Site mémorial genweb — Journal La Nouvelle République.

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