CAMUS Nicolas, Pierre [Pierre prénom usuel] alias "DUBOIS" dans la clandestinité

Par André Balent, Philippe Lecler

Né le 10 janvier 1914 à Aouste (Ardennes), mort en action le 31 juillet 1944 à Bellegarde-Sainte-Marie (Haute-Garonne) ; militaire d’active, officier de l’armée d’armistice dans la région toulousaine ; résistant : bataillon "Voisin" de la 6e brigade "Magny" du Corps franc Pommiès (CFP) de l’ORA

Pierre Camus (1914-1944)
Extrait de : Henry, Lallemant, Voisin, PDF, s.l., s.d., op. cit., p. 8. Tiré par les auteurs du livre du généralM. Céroni, Le Corps franc Pommiès, tome 1, La clandestinité. Reproduction André Balent

Engagé volontaire au 17e Régiment d’Artillerie de Mézières (Ardennes) le 15 octobre 1934, Nicolas Camus gravit les échelons de l’institution militaire et fut affecté au dépôt d’artillerie de Fontainebleau avec le grade de sous-lieutenant en janvier 1940. Il participa à la bataille de France et, après l’armistice qui le trouva en Gironde, il fut promu lieutenant en décembre 1941. Il était affecté au 404e régiment d’Artillerie de défense contre les aéronefs, qui, à partir d’août 1941fut divisé en plusieurs groupements affectés aux 12e, 13e, 16e et 17e régions militaires de la zone sud. Camus fut, pour sa part affecté au groupement de cette dernière région, celle de Toulouse (Haute-Garonne). Ce groupement fut dissous le 27 novembre 1942.

Placé en congé d’armistice le 1er mars 1943, il rejoignit l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée), fondée quelques jours après l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes et suite à la dissolution de l’armée française. Il appartint au Corps Franc Pommiès, qui fut, à partir de Toulouse, l’un des principaux éléments de l’ORA en zone sud et notamment dans la R 4.

Dès 1943, le commandant Pierre Conze prit des contact avec le capitaine Pommiès qui entreprit, dans le cadre de l’ORA, de former le Corps franc qui prit son nom. Le bataillon de la Save, "futur bataillon Voisin" du CFP fut constitué dès janvier-février 1943 avec des volontaires civils mais, surtout, avec des anciens du 404e RADCA. Fin 1943, il regroupait 220 hommes, selon des sources issues de ses rangs. Il était implanté dans la basse vallée de la Save, affluent de la Garonne, au nord-ouest de Toulouse, dans la Haute-Garonne, mais aussi dans le Gers, autour de l’Iisle-Jourdain. Il avait aussi en charge une filière d’évasion vers l’Espagne. Le lieutenant Camus était en contact avec le commandant Conze dès le début de 1944. Il fut, à cette date dirigé vers le le capitaine Nicolas Voisin. dont le bataillon qu’il avait sous ses ordres dut bientôt se disperser momentanément du fait d’arrestations dans les rangs de l’ORA et de l’AS de la Haute-Garonne. Il fut à nouveau opérationnel en juin 1944.

Après le débarquement allié sur les côtes normandes, Nicolas Camus devint l’adjoint du capitaine Camille Voisin, chef d’un maquis implanté à Thil (Haute-Garonne) autour du château d’Emmanuel de Thonel d’Orgeix qui avait accepté de les "héberger". Le quartier général du maquis était installé dans le château de cet aristocrate d’origine ariégeoise. Nicolas Camus prit la tête d’une des compagnies du bataillon commandé par Camille Voisin. Ce bataillon se livra, à partir de juin 1944, à des sabotages de voies ferrées et de lignes électriques à haute tension. Le 27 juillet 1944, avec quinze des hommes de sa compagnie, il détruisit un train de munitions qui avait été acheminé jusqu’au terrain d’aviation de Blagnac (Haute-Garonne). Pierre Camus fut promu, en juillet 1944 au grade de capitaine des FFI.

Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1944, les Allemands furieux de la destruction de ce train de munitions à Blagnac par des hommes du bataillon commandé par Camille Voisin et dûment informés par dénonciations de sa localisation, attaquèrent cette formation en investissant le château de l’Arsenne et ses abords. Certains ont écrit que Voisin et Camus, avaient été tués par les Allemands lors de la dispersion du maquis cantonné au château et, principalement, à proximité, dans un bois. Selon un rapport de gendarmerie dressé à la Libération, le maquis qui était cantonné le 31 juillet 1944 dans le parc du château de L’Arsenne à Thil, fut attaqué par une colonne allemande soutenue par des miliciens. Le commandant Voisin et le lieutenant Camus qui étaient à ce moment-là en mission entendirent la fusillade et se portèrent immédiatement au secours de leur groupe. Il était environ 7 heures lorsque arrivés à la hauteur du monastère de la Trappe de Sainte-Marie-du-Désert, commune de Bellegarde-Sainte-Marie, ils furent attaqués par un groupe d’Allemands. Ils furent tous deux abattus par leurs assaillants. Des témoignages d’acteurs (des maquisards) et de témoins (des moines trappistes, entre autres, en particulier le Père Louis-Marie Tissinié qui coucha ses souvenirs sur papier en 1985) ont permis de préciser et de corriger cette version recueillie peu après les événements.

De fait, passant la nuit soit à L’Isle-Jourdain, soit à Ségoufielle, deux localités du Gers, à la limite de la Haute-Garonne, ils se rendaient tous les matins au maquis. Le 31 juillet, vers 4 heures 30, leur automobile fut stoppée par un poste allemand établi à un carrefour à proximité de l’abbaye de Sainte-Marie-du-Désert, entre Bellegarde-Sainte-Marie et Thil. Les deux hommes furent abattus par les Allemands et non par de miliciens comme on l’a écrit parfois.

Le docteur Pradel de Cadours (Haute-Garonne) procéda, le lendemain, 1er août 1944, à l’autopsie des corps de Camus et de Voisin. Il constata des entrées de balles dans la poitrine et le dos et trois blessures, à la tempe provoquée par un coup de talon, une autre au milieu du front et une troisième à la droite de la mâchoire.

Camus et Voisin furent enterrés le 1er août au cimetière de Bellegarde-Sainte-Marie. Vers 9 heures, l’aumônier du maquis, l’abbé Pierre Bockel dit une messe à la chapelle du monastère pour le repos des âmes des défunts. Vers 10 heures, les cercueils arrivèrent de Cadours et on procéda à la mise n bière. Le Père Étienne Lecjercq, du monastère, ancien officier de marine célébra alors une seconde messe, celle de l’enterrement des victimes avant que leurs dépouilles ne fussent conduites au cimetière communal afin d’y être inhumées.

Les trappistes furent ensuite interrogés et brutalisés par les Allemands et les miliciens.Le monastère fut fouillé de fond en comble.

Le corps du lieutenant Camus fut inhumé dans le cimetière communal de Bellegarde, avec celui du capitaine Voisin.

Son nom est inscrit sur les monuments aux morts d’Aouste (Ardennes) et de Prez (Ardennes), sur la stèle élevée à l’endroit où il trouva la mort, près de l’abbaye de Sainte-Marie-du-Désert (commune de Bellegarde-Sainte-Marie), au pied du Mémorial du Corps franc Pommiès à Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées), ainsi que sur le mur du mémorial de la Résistance de Berthaucourt à Charleville-Mézières (Ardennes). Il reçut la mention "mort pour la France" et fut cité à l’ordre de l’armée pour "services exceptionnels". Le dossier du SHD de Caen a été consulté. Il n’en est pas de même pour celui de Vincennes, cote 21 P 103518.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185406, notice CAMUS Nicolas, Pierre [Pierre prénom usuel] alias "DUBOIS" dans la clandestinité par André Balent, Philippe Lecler, version mise en ligne le 21 septembre 2016, dernière modification le 16 décembre 2020.

Par André Balent, Philippe Lecler

Pierre Camus (1914-1944)
Extrait de : Henry, Lallemant, Voisin, PDF, s.l., s.d., op. cit., p. 8. Tiré par les auteurs du livre du généralM. Céroni, Le Corps franc Pommiès, tome 1, La clandestinité. Reproduction André Balent
Bellegarde-Sainte-Marie (Haute-Garonne). Stèle érigée à la mémoire de Camille Voisin."Ici a été assassiné par la Milice de Darnand et la Gestapo le 31 juillet 1944 le capitaine Pierre Camus". En fait, mort en action de combat contre des militaires allemands.
Sourde : MemorialGenWeb

SOURCES : SHD, Caen Dossier DAVCC, 21 P 721235. — Camille Henry, Colette Lallement, Jacques Voisin (enfants de Camille, Sylvain Voisin), « Le bataillon Voisin. Région de Toulouse 1943-1945 », Comité pour la mémoire de la brigade Alsace-Lorraine, [Comebal.free.fr], PDF, 12 p. — Philippe Lecler, Le temps des partisans, Éditions D. Guéniot, Langres, 2009. — Site MemorialGenWeb, consulté le 14 décembre 2020. — Mémoire des hommes, site consulté le 14 décembre 2020. — Site histoire-patrimoine-saveetgaronne, consulté le 14 décembre 2020.

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