MALACINSKI Ajzyk [dit MALACINSKI André]

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 29 juin 1919 à Siedlce (Pologne), naturalisé Français, massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; fourreur ou forain ; victime civile.

Ajzyk (dit André) Malacinski était le fils de Jankiel Malacinski et d’Yvonne (ou peut-être Pelta Ita) Celnikier. Les Malacinski vécurent à Siedlce (Pologne) au moins jusqu’en 1921 puis ils partirent s’installer en France. Le 23 avril 1929, Ajzyk Malacinski, ses six frères et sœurs et ses parents furent naturalisés Français. Ajzyk Malacinski demeurait 3 rue de Palestine à Paris (XIXe arr.) avec sa famille. Il était célibataire et exerçait la profession de fourreur ou de forain.
Ajzyk Malacinski fut interné au camp de Drancy le 22 août 1941 et libéré le 4 novembre 1941 pour cause de maladie. Il se réfugia à Lyon (Rhône). D’après son frère Maurice Malacinski, Ajzyk Malacinski était résistant et combattait sous la fausse identité d’André Millot.
Le 5 juin 1944, à Lyon, la police allemande arrêta André Malacinski sous la fausse identité d’André Millot. Il fut vraisemblablement arrêté en tant que Juif et peut-être parce qu’il était résistant. Il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’André Malacinski fut retrouvé dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, André Malacinski avait été tué d’une balle dans le thorax, « à hauteur de la région sous claviculaire gauche ». Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire qu’André Malacinski faisait vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Son corps fut décrit comme suit : 1m80, cheveux châtains. On trouva sur lui une paire de lunettes à verres biconvexes. D’abord enregistré sous le numéro 101, André Malacinski fut identifié le 13 octobre 1944 par son frère Maurice Malacinski. Il fut inhumé au cimetière de Lyon La Mouche (VIIe arr.).
La Mention Mort pour la France fut transcrite sur son acte de décès en 1945. Il ne fut pas homologué FFI ni interné résistant.

Plus tard, son corps fut ramené sur Paris par ses frères et sœur survivants : André repose désormais au Cimetière Parisien de Bagneux auprès de ses parents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185631, notice MALACINSKI Ajzyk [dit MALACINSKI André] par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 26 septembre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Nat., Pierrefitte-sur-Seine, F/9/5714/1.— DAVCC, Caen, dossier d’André Malacinski.— Arch. Dép. Rhône, 3460W3, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3808W866, 31J66.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série GR 16 P.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Les naturalisations entre 1900 et 1960, 2007.— Mémorial GenWeb.— Site Internet Jri-poland.org

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