KAHN Robert [Pseudonyme dans la Résistance : Renaud]

Par Michelle Destour

Né le 22 septembre 1908 à Paris, exécuté sommairement le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; industriel ; résistant, responsable départemental pour la Loire du mouvement Libération puis des Mouvements Unis de la Résistance (MUR).

Issu d’une famille juive aisée, Robert Khan et son frère Pierre acquirent en 1935 une entreprise métallurgique « Sidexpor » à Saint-Étienne (Loire) où Robert s’installa. Il se maria à Jeanne Labouret, ensemble ils eurent deux enfants : Paul-Émile et Annette.

En 1941, la société passa sous le contrôle d’un administrateur aux biens juifs mais les deux frères ayant pris les devants avaient transféré préventivement leurs actions. Robert, sa femme et ses deux enfants quittèrent Saint-Étienne pour la villa Bénédicte à Saint-Just-sur-Loire (Loire). Durant l’hiver 1942-1943, Robert devint représentant de commerce et se rapprocha de Libération où Pierre excellait déjà dans la fabrication de faux papiers ; rapidement responsable départemental, il assura pour Libération, la liaison avec les réseau des Equipes Chrétiennes, notamment avec l’abbé Robert Plotton, et de Combat. Il participa également à la constitution du NAP, Noyautage des Administrations Publiques. La villa permettait d’assurer l’hébergement de résistants et en partie, le ravitaillement de la famille parisienne.

Le 2 septembre 1943, Robert, alors responsable des Mouvements Unis de la Résistance pour la Loire, fut arrêté au bar Le Tournant, rue Georges Teyssier à Saint-Étienne avec trois autres résistants dont un émissaire des maquis de l’Ain. La Milice intervint et tira sur les hommes qui tentèrent de s’enfuir. Interrogé sous le nom de Robert Renaud, il ne figurait pas dans les fichiers de la Gestapo. Blessé lors de son interpellation, battu par la police allemande, il fut conduit au pavillon des prisonniers de l’Hôpital Bellevue. De faux soldats allemands, porteurs d’un faux ordre de mission, le libérèrent quelques jours plus tard ; des témoignages laissent entendre que Lucie Aubrac était à l’œuvre dans cette évasion. Réfugié à Lyon, il fut à nouveau arrêté le 22 septembre 1943, au 22 rue d’Anvers, par des gestapistes et des miliciens à la recherche du précédent locataire, militant communiste.

Robert Renaud fut interné à Montluc au motif d’appartenance aux milieux de la Résistance mais sa véritable identité de Robert Kahn ne fut découverte que le 6 juin 1944. On fit alors le rapprochement avec une prisonnière Jeanne Labouret épouse Kahn, cellule 29, arrêtée le 6 novembre 1943 au motif d’espionnage. Robert, détenu à Montluc depuis plusieurs mois, fut à nouveau interrogé et torturé, bien qu’il n’eut manifestement aucune information à livrer.

Le 15 août, alors que débutait le débarquement de Provence, les bombardements alliés occasionnèrent des dégâts importants sur l’aérodrome de Bron (Rhône). Des civils et des prisonniers furent requis en urgence pour sa réfection. Le jeudi 17 août 1944, 50 détenus de la Baraque – tous juifs – furent appelés « sans bagages » dans la cour de la prison de Montluc et conduits à Bron pour des travaux de terrassements et de désamorçages d’engins explosifs. A 12 heures, un homme s’étant évadé, les Allemands annoncèrent la mort pour tous s’il n’était pas retrouvé. A la fin de la journée, l’évadé étant toujours en fuite, les prisonniers furent amenés sur un autre chantier où tous allaient disparaître. Le lendemain, 23 autres détenus de la Baraque subirent le même sort. Le charnier, découvert après la Libération, renfermait 109 victimes. Parmi elles, Robert Kahn.

Son nom figure sur le monument aux Morts de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire) et sur la plaque commémorative 1939-1945 de la synagogue de Saint-Étienne (Loire). Médaillé de la Résistance et Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, une rue de Saint-Etienne porte son nom.

Sa femme, détenue à Montluc pendant de longs mois, bien que non-juive, fut déportée à Auschwitz le 11 août 1944, elle survécut et rentra des camps en 1945.

Sa fille Annette, née en 1941, est journaliste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185669, notice KAHN Robert [Pseudonyme dans la Résistance : Renaud] par Michelle Destour, version mise en ligne le 28 septembre 2016, dernière modification le 3 décembre 2022.

Par Michelle Destour

SOURCES : Arch. départ. de la Loire. — Arch. départ. du Rhône. — René Gentgen, La Résistance civile dans la Loire, Ed. lyonnaises d’Art et d’Histoire, 1996. — Annette Kahn, Robert et Jeanne. A Lyon sous l’Occupation, Documents Payot, 1990. — Bruno Permezel, Victimes de l’Occupation, A Lyon et Alentour, Ed. BGA PERMEZEL.

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