LÉVY Alfred, Mathieu

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 14 octobre 1892 à Réguisheim (Haut-Rhin), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; représentant de commerce ; victime civile

Alfred Lévy était le fils d’Émile Lévy, négociant, domicilié 8 rue de l’Ill à Réguisheim (Haut-Rhin), et d’Hélène Kahn. Le 31 décembre 1925, il se maria à Wintzenheim (Haut-Rhin) avec Lucie Ebstein. Leur fils, Jean Lévy, naquit le 19 mai 1928 à Mulhouse (Haut-Rhin). Alfred Lévy était représentant de commerce.
Réfugié d’Alsace, Alfred Lévy résida pendant la guerre à Saint-Laurent-lès-Mâcon (Saint-Laurent-sur-Saône, Ain), 14 rue de la Levée, avec sa famille.
Le 13 août 1944, à Saint-Laurent-lès-Mâcon, Alfred Lévy, son fils Jean Lévy et son neveu Raymond Buchsbaum furent arrêtés lors d’une rafle organisée par la Gestapo et la Milice. Ce 13 août, par ordre des autorités allemandes, tous les hommes du village âgés de 18 à 60 ans durent se rassembler sur la place de la République munis de leurs pièces d’identité. Parmi eux, Alfred Lévy et quelques Saint-Laurentins furent mis à l’écart parce qu’ils étaient juifs. Jean Lévy fut vraisemblablement arrêté au domicile familial avec son cousin Raymond Buchsbaum. Alfred Lévy, son fils et son neveu furent amenés avec sept autres Saint-Laurentins dans la cour de l’école de la rue Poitevin à Mâcon (Saône-et-Loire). Le 15 août, ils furent transférés à la prison de Montluc (Lyon) et incarcérés dans la « baraque aux Juifs ». Lucie Ebstein fut arrêtée le 14 août 1944 à Saint-Laurent-les-Mâcon, internée à Montluc et libérée le 24 août 1944.
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers, parmi lesquels Jean Lévy, Raymond Buchsbaum et vraisemblablement Alfred Lévy, furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Les corps d’Alfred Lévy, Jean Lévy et Raymond Buchsbaum furent retrouvés dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, Alfred Lévy avait été tué d’une balle dans la tête.
Le corps d’Alfred Lévy fut décrit comme suit : 1m75, cheveux blonds et grisonnants. On trouva sur son corps une alliance en or avec l’inscription « L.E. A.L. 4 janvier 1925 ». Il fut d’abord enregistré sous le numéro 94 puis identifié le 9 octobre 1944. Son acte de décès fut dressé à Bron sur la déclaration de son frère Lucien Lévy. Alfred Lévy fut inhumé au cimetière de Bron.
La mention Mort pour la France fut transcrite en marge de son acte de décès en 1946. Il obtint le titre d’interné politique en 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185713, notice LÉVY Alfred, Mathieu par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 1er octobre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers d’Alfred Lévy, de Jean Lévy et de Raymond Buchsbaum.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W27, 3460W1, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem

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