PEZIN Charles, Joseph

Par Daniel Grason

Né le 19 juin 1905 à Elincourt arrondissement de Cambrai (Nord), tué le 20 août 1944 à Paris (IVe arr.) ; tisseur à la main, gardien de la paix, brigadier des gardiens de la paix ; membre d’Honneur de la Police, résistant, F.F.I.

Fils de Charles Pezin, un ancien combattant de la guerre 1914-1918, et de Stéphanie Lamouret, Charles Pezin alla à l’école de l’âge de cinq à neuf ans, la région fut envahie par les troupes allemandes. L’école n’accueillait plus les élèves que quelques heures par jour, présenté en mai 1919 à l’examen du CEP, il échoua. Démobilisé après quatre années de guerre, son père abandonna le foyer familial. Charles Pezin travailla comme tisseur à la main pour subvenir aux besoins de sa mère et de sa sœur.
Mobilisé le 2 décembre 1915 au 1er Zouave, il effectua son service militaire jusqu’au 28 mai 1927 à Casablanca (Maroc). À son retour il entra dans la police municipale d’Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Il l’apprécia comme « mal commandée » et mal « organisée », il y resta dix-huit mois et démissionna. Probablement sous l’influence de l’un de ses oncles Félix Chevalier de quatre ans son aîné, brigadier des gardiens de la paix de la police parisienne, il postula un emploi.
Embauché le 26 février 1931, il écrivit son autobiographie quarante-huit heures plus tard, retraça son parcours et fit part de ses motivations : « J’ai sollicité un emploi de gardien de la paix à la ville de Paris à seule fin de m’assoir à la phalange des braves qui jusqu’à présent ont toujours assuré la tranquillité des habitants placés sous leur surveillance et c’est pourquoi je serais fier d’être un de ceux dont j’ai toujours aimé la bravoure ».
Il épousa Jeanne Vermeersch, le couple habita 26 rue de Wattignies à Paris (XIIe arr.). Affecté au commissariat du IVe arrondissement de Paris, Charles Pezin n’exprimait lors de sa notation annuelle aucun désir de promotion, mais il était apprécié par sa hiérarchie comme un « excellent gardien » qui « mérite d’accéder au grade de brigadier » (1941), deux ans après il fut qualifié de « gardien d’élite ».
Résistant, membre d’Honneur de la Police d’obédience gaulliste, le 20 août 1944, il s’était posté à l’angle de la place Baudoyer et de la rue de Rivoli (IVe arr.). Vers 15 heures 30, un camion allemand passa, des soldats déchargèrent sur lui plusieurs rafales de mitraillette. Mortellement atteint, son corps fut transporté au poste de secours rue du Grenier-sur-l’Eau, puis par un véhicule de la Défense passive à l’Hôtel-Dieu.
Son épouse Jeanne prévenue de la mort de son mari par un gardien de la paix, se rendit avec son parent Félix Chevalier le 21 août à l’Hôtel-Dieu, nulle présence du corps de son mari. Plusieurs jours plus tard, au poste de secours de la rue du Grenier sur l’Eau, elle eut confirmation par une infirmière du transport du corps de son époux à l’Hôtel-Dieu la veille. À l’hôpital ni Charles Pezin ni Edmond Gagnepain un autre gardien de la paix tué ne figuraient sur aucun des registres de l’établissement. Le 18 septembre une enquête fut ouverte pour retrouver les corps.
Auditionné par un inspecteur le 28 septembre 1944, le chef du poste de secours de la Défense passive déclara que « Lors des journées insurrectionnelles les services de la Défense passive de l’Hôtel-Dieu [relevèrent] 1400 corps morts et blessés ; il n’était pas très facile de tenir une comptabilité détaillée pouvant donner le nom du secouriste qui effectuait le transport de chaque corps ». Les recherches aboutirent, son corps fut retrouvé en octobre 1944. Charles Pezin avait été inhumé dans un cercueil censé contenir le corps d’un capitaine des F.F.I.

Considéré comme « Victime du devoir », Charles Pezin a été cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945). Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », il a été homologué F.F.I.
Son nom a été gravé sur la plaque commémorative posée dans la cour de la préfecture de police à la mémoire des agents tombés pendant les deux guerres mondiales, ainsi que sur la liste des policiers morts pour la Libération de Paris au Musée de la police 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.). À proximité du lieu où il a été abattu, rue François-Miron : « Français souvenez-vous. Ici a été tué Charles Pezin Brigadier des gardiens de la paix F.F.I. le 20 août 1944 ». Sur une plaque posée à l’entrée du commissariat du IVe arrondissement figurent les noms des sept policiers tués dans les combats de la Libération de Paris : « Bardon Charles, Chuet Gaston Gagnepain Edmond, Paris Paul, Pezin Charles, Salvat Auguste, Vançon Émile ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185746, notice PEZIN Charles, Joseph par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 octobre 2016, dernière modification le 4 octobre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 28 (notes transmises par Christian Chevandier). – SHD, Caen AC 21 P 130421. – Bureau Résistance : GR 16 P 473632. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet GenWeb. — État civil en ligne cote 3 E 6694 , vue 325.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable