Le BASTARD de VILLENEUVE Alain Marie Henri

Par Jean louis Ponnavoy

Né le 8 juin 1922 à Pau (Pyrénées-Atlantiques), fusillé le 21 août 1944 après condamnation à mort, à Heilbronn (Allemagne) ; agent d’assurances ; résistant du réseau SR Alliance.

Alain Le Bastard de Villeneuve était le fils d’un avocat de Pau. Après l’école primaire, il fit des études secondaires au lycée de Redon (Ille-et-Vilaine). A l’issue de celles-ci, il s’engagea dans un régiment de chasseurs et fut démobilisé fin 1942 lors de la dissolution de l’armée française. Agents d’assurances et réfractaire au STO en mars 1943, il retourna à Redon chez sa mère et rencontra un ami d’enfance Lucien Poulard* qui le convainquit ainsi que son frère Yves d’entrer au réseau de renseignements Alliance. Affecté à la Centrale à Paris avec le pseudonyme "Corbin", il fut agent de liaison du PC avec le sud-ouest (Castelsarrasin, Bordeaux) et l’ouest (Louviers, La Ferté).
Il fut arrêté le 24 septembre 1943, à Paris, ainsi que 4 opérateurs radios de la Centrale et déporté vers l’Allemagne le 16 décembre 1943 au départ du camp de Compiègne, puis interné aux prisons de Kehl-am-Rhein et Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le 28 février 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage concernant également Lucien Poulard, Marc Bernard et Philippe Lefèbvre, au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus ». Alain de Villeneuve fut jugé à Freiburg le 6 juin 1944 par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et condamné à mort. Le jugement ayant été confirmé à Torgau le 26 juin 1944, par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal, il fut conduit à la prison de Schwäbisch Hall (Bade-Wurtemberg), où il apprit que son recours en grâce avait été rejeté le 17 juillet, par le Führer Adolf Hitler.
Dès lors l’affaire était consommée et le 18 août, le directeur de la prison fit le tour des cellules pour annoncer aux condamnés qu’ils seraient transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devraient rester sur place. On leur fit remplir une étiquette indiquant leur adresse en France afin qu’elles soient restituées à leurs familles. Tous comprirent quel sort leur était réservé.
Alain de Villeneuve, son frère Yves et 22 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube, à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant "Vive la France". Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar. Le dernier vœu des 24 condamnés « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau "Alliance" qui fit rapatrier les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Kronenbourg (Bas-Rhin).
Il obtint la mention "Mort en déportation" par arrêté du 9 décembre 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185754, notice Le BASTARD de VILLENEUVE Alain Marie Henri par Jean louis Ponnavoy, version mise en ligne le 2 octobre 2016, dernière modification le 6 août 2021.

Par Jean louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards Tribunal de guerre du 3e Reich, archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014 — Mémorial de l’Alliance, 1948 — Mémorial GenWeb.

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