PIERRARD Marcel, Charles

Par Daniel Grason

Né le 30 décembre 1912 à Paris (IVe arr.), tué le 19 août 1944 place de la Madeleine à Paris (VIIIe arr.) ; serrurier, gardien de la paix ; F.F.I.

Fils d’un garde républicain né dans la Meuse et d’une mère parisienne, Marcel Pierrard alla à l’école maternelle dès l’âge de quatre ans. À l’issue de l’école primaire, il obtint le CEP. Il entra en apprentissage dans la serrurerie, exerça sa profession. Sans attendre d’être appelé sous les drapeaux, il devança l’appel. Le 15 octobre 1931 il fut incorporé au 91ème Régiment d’infanterie à Mézières (Charleville-Mézières) dans les Ardennes. Il suivit le peloton des élèves caporaux, fut reçu 23ème sur 144 candidats, mais seuls les 19 premiers furent nommés et il en fut déçu. Il termina son service comme observateur de bataillon et fut libéré le 15 octobre 1932 comme 2ème classe. Il reprit le chemin de la serrurerie pendant près de cinq ans.
Il se maria à … le… en mairie... et un enfant naquit le 13 décembre 1937. La famille vivait 208 rue Saint-Maur à Paris (Xe arr.). Marcel Pierrard aimait son métier de serrurier, tout en l’estimant « trop sale », et il écrivit donc à la préfecture de police de Paris pour entrer dans le corps des gardiens de la paix. Embauché le 21 août 1937, il donna dans son autobiographie du 2 septembre les raisons de son choix : « me souvenant que dans ma première jeunesse je regardais souvent les agents faire leur service et que l’idée d’être un jour comme eux m’était assez agréable. [Un] emploi qui à mes yeux m’assurant une situation stable et susceptible d’être améliorée par le travail me permettra d’élever et de faire prospérer ma petite famille ».
Après son année de formation, Marcel Pierrard fut affecté au commissariat du Xe arrondissement, puis détaché comme ouvrier serrurier à l’école pratique Beaujon à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine). En 1943, il était apprécié ainsi : « Très bon gardien. Apte au grade de brigadier ».
Le 19 août 1944 Marcel Pierrard était place de la Madeleine, et un soldat allemand le tua. En l’absence de témoignages permettant de connaître les circonstances de sa mort, le rapport du 7 septembre était très succinct : « Cet agent est décédé en accomplissant sa fonction de gardien de la paix ».
Le lendemain dans le courrier du Préfet de Police se trouvait une lettre d’un témoin direct : « [Vers] 14h 30, des bruits de voix françaises et allemandes m’attirèrent à la fenêtre ». Une camionnette remplie de soldats allemands stoppa, deux des soldats descendirent et tentèrent « d’atteindre deux jeunes gens qui courraient sur le trottoir face à la Madeleine ; ils ne les atteignent pas, reviennent, se trouvent « nez-à-nez avec monsieur Pierrard qui venaient lentement […], des paroles brèves rauques rapides allemandes que je ne compris pas naturellement. J’entendis nettement la voix française crier “ Police, Police, Police ” en levant les bras, cela dura bien une minute, les deux Allemands bien que fusil en main dirigés sur le monsieur n’étaient pas en position de tir. J’eus l’impression qu’il allait s’en tirer quand un troisième survint, petite brute trapue, et tira à faible distance comme pour en terminer et repartit. Monsieur P. tomba en avant de côté sans un cri sans un mouvement, les deux autres soldats repartirent ».
« Un quart d’heure […] après une dame de la Croix-Rouge vint et alerta par avertisseur les pompiers qui vinrent et emportèrent le corps ». […] « Je tenais à vous faire connaître qu’au moins il n’a pas souffert ni vu le coup qui l’atteignit. Je ne me fais pas connaître le jugeant inutile mon devoir et mon but est de vous informer ».
La Préfecture de Police mena une enquête, le centre de formation de Beaujon avait confié une mission à Marcel Pierrard « sur laquelle » il n’a pas été « possible d’avoir de précision ». De plus bien qu’habillé en civil il portait son arme de service sur lui. Marcel Pierrard fut donc déclaré « tué au cours d’une mission ». Une copie de la lettre qui relatait les faits a été conservée aux archives de la préfecture de police. Quant à l’original il fut remis à son épouse. Dans la plaquette de Luc Rudolph « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération  », une information nouvelle a été donnée, Marcel Pierrard était membre du corps franc de l’École pratique, et il était en mission de repérage.
Marcel Pierrard a été inhumé le 23 août dans le carré militaire division 6 du cimetière parisien de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis).
Considéré comme « Victime du devoir », Marcel Pierrard a été cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945). Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », il a été homologué F.F.I.
Son nom a été gravé sur la plaque commémorative posée dans la cour de la préfecture de police à la mémoire des agents tombés pendant les deux guerres mondiales, ainsi que sur la liste des policiers morts pour la Libération de Paris au Musée de la police 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.), ainsi que sur la plaque rendant hommage aux morts des deux guerres mondiales dans l’église Saint-Joseph des Nations (XIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185773, notice PIERRARD Marcel, Charles par Daniel Grason , version mise en ligne le 3 octobre 2016, dernière modification le 9 octobre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 29 (notes transmises par Christian Chevandier). – SHD, Caen AC 21 P 127500. – Bureau Résistance GR 16 P 476621. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet GenWeb.

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