CANOVA Albert, François

Par Maurice Moissonnier

Né le 2 octobre 1908 à Lyon (IIIe arr.) ; outilleur-matriceur P3 ; militant syndicaliste CGTU puis CGT de la Métallurgie lyonnaise, membre du Parti communiste, combattant des Brigades internationales, prisonnier de guerre interné disciplinaire à Rawa-Ruska, secrétaire de la Bourse du Travail de Lyon.

Le père d’Albert Canova, d’origine italienne, travaillait déjà dans la Métallurgie lyonnaise comme fraiseur outilleur et sa mère, ménagère, était née à Tenay dans l’Ain. Il avait deux sœurs. Le milieu familial ne fut pas sans effet sur la formation de l’enfant. Il avait onze ans, lorsqu’en 1919 son père - qu’il accompagnait parfois aux permanences du syndicat des mécaniciens de Lyon - l’emmena à la manifestation à la mémoire de Jaurès. À treize ans, lorsqu’il obtint son Certificat d’études primaires, il entra comme garçon de courses au Crédit Lyonnais, mais son séjour à la banque fut court : de novembre 1921 au 1er octobre 1923, l’adaptation à d’autres mœurs, à un autre environnement social s’avéra difficile, sinon impossible. Il entra donc en apprentissage au début d’octobre 1923 aux constructions électriques Lyon-Dauphiné (Etablissements Grammont devenus S.W.). Il devait y rester jusqu’au 27 février 1928. Il suivit son père dans son évolution syndicale, d’abord adhérent à la CGT confédérale, en octobre 1924, après un court passage à la CGT-SR puis il prit sa carte en mai 1926 à la CGTU.
La même année, le 1er octobre, il donnait son adhésion aux Jeunesses communistes et ne tardait pas à entrer au bureau de la 17e Entente des Jeunesses qui, sous la direction de Chabanis* orientait l’action des JC de la région lyonnaise et stéphanoise. Le 1er août 1927 il participa à la manifestation violente contre l’exécution de Sacco et Vanzetti. À la veille de son service militaire il travailla pendant onze mois, du 6 mars 1928 au 18 avril 1929 chez Rochet-Schneider. Affecté au 506e régiment de chars d’assaut, sa période militaire fut écourtée par une réforme temporaire et, en 1929, dès son retour à la vie civile, il adhéra au Parti communiste, fut affecté à la cellule qui fonctionnait dans le quartier de la Bourse du Travail et continua à réserver l’essentiel de son activité au syndicat. Lors de la manifestation du 1er août 1929, il se trouva parmi les cinq cents manifestants cernés et chargés par la police place Jean Macé. Il retrouva du travail le 24 juillet 1930 à l’usine Jeumont mais, dès le 22 novembre 1930, il était licencié en raison du chômage provoqué par la grande crise économique. Au cours de cette année 1930 il fut élu à la CE du syndicat unitaire des métaux de Lyon, mais à la recherche d’embauche, il quitta Lyon pour Paris où, de la fin 1930 à la fin 1932 il travailla boulevard Ménilmontant dans un atelier artisanal. De retour à Lyon, il trouva le 18 mai 1933 un emploi dans une entreprise de culots de lampes, la FLAP, devenue l’usine Seguin où il devait rester jusqu’au 3 février 1937. Élu secrétaire de cellule au début de 1934, puis à la fin de l’année, secrétaire de « rayon » du quartier de la Part-Dieu, il anima la campagne antimilitariste rendue permanente par la présence, sur son secteur, de la principale caserne de Lyon. Il suivait une école de section du PC lorsque les événements de 1934 virent interrompre ses activités « étudiantes ». Il participa aux batailles devant le Progrès, rue de la République, à l’échauffourée du parc Bonneterre à Villeurbanne, en février et, le 19 juin à la contre-manifestation de la place Carnot contre Jean Renaud, de la « Solidarité Française », au cours de laquelle l’intervention de la police fit trente blessés dont l’un, Juston* devait décéder. Il assista en spectateur, de la tribune du public, au congrès national du Parti à Villeurbanne et, en 1935, fut coopté à la commission régionale d’organisation. Au moment de la réunification syndicale, il fit partie pour la CGTU de la commission d’unité avec Henri Forest*, Michallet*, Georges Vuarin*, A. Gelas*. En juin 1936, son action dans son entreprise lors des grandes grèves, fut très limitée car la direction des établissements Seguin céda sur les revendications dès le premier jour. En juillet 1936, dans la CGT réunifiée, il entra à la CE de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie. C’est à ce moment qu’éclata la guerre civile espagnole. Bien que déjà marié et père d’un enfant en bas âge, Canova demanda à partir en Espagne dès les premiers mois. Le secrétaire régional du parti, Julien Airoldi* combattit un moment ce projet et ce n’est que le 3 février 1937, qu’il parvint à quitter Lyon. Il passa les Pyrénées près de Figuéras gagna Albacète où il fut affecté à la 11e Brigade internationale, puis à la 14e comme commissaire politique et brigadier à titre militaire. Il combattit sur les fronts de Madrid, d’Aragon et de Catalogne et ne rentra en 1938 qu’au moment du retrait des Brigades. À son retour, la direction des établissements Seguin refusa de le réembaucher et en 1938-1939 il connut une longue période de chômage. Pendant cette année, il milita à l’Amicale des volontaires de l’Espagne républicaine et au Comité d’aide à l’Espagne dirigé par Bussière*. D’abord inscrit au chômage, il fut radié au bout de deux mois en vertu d’une loi Chautemps qui excluait les volontaires d’Espagne du bénéfice de l’aide aux chômeurs. Au même moment sa femme perdit son emploi. Il ne retrouva du travail que le 19 avril 1939 chez Robert Esnault Pelleterie (REP) une usine qui fabriquait des pièces d’avion (absorbée depuis par Solyvent) où travaillaient beaucoup de communistes, particulièrement des licenciés de la grève du 30 novembre 1938 et où le secrétaire syndical Jean Cagne* se préoccupait d’organiser l’embauche et la solidarité.
Lorsqu’en septembre 1939 le Parti communiste fut interdit, Canova contribua à mettre en route l’organisation clandestine et participa aux premières distributions de tracts jusqu’en avril 1940 date à laquelle, après avoir passé un conseil de réforme, il fut reconnu apte et mobilisé. Affecté en mai 1940, au 99e régiment d’infanterie, il fut envoyé en renfort sur l’Ailette et fait prisonnier le 15 juin. Décidé à ne pas subir l’internement, il tenta trois fois de s’évader et, en 1942 fut envoyé à Ravaruska en camp disciplinaire où il contribua à mettre en place une organisation clandestine du Parti. Envoyé en commando près de Lodz sur un terrain d’aviation il fut ensuite successivement, envoyé à Debling (Pologne), à Ochatz, Leipzig et affecté à l’usine de camions Bussing-Lag où il organisa un groupe de sabotage et manqua encore deux évasions.
Il fut libéré près de Torgau par les troupes américaines et, rapatrié le 25 mai 1945, il rentra à Lyon.
Du 14 novembre 1946 jusqu’au 12 mars 1947, il retrouva du travail chez REP puis chez Wenger du 15 mars 1947 au 7 novembre 1949. Il reprit son action militante dans une cellule du PC, à la direction du syndicat de chez Wenger, à la CE de l’USTM dès juin 1947 et cette année-là, il se dépensa sans compter au cours des nombreuses grèves qui éclatèrent à Lyon comme dans toute la France... En 1949, il perdit son emploi à la suite d’un conflit très dur qui paralysa pendant 63 jours l’usine Wenger. Il retrouva du travail chez Fatte à la Croix-Rousse, comme outilleur, de mai 1950 jusqu’en avril 1954 et, après trois mois de chômage, trouva à l’usine Garnier une dernière embauche qui se prolongea jusqu’à sa retraite, le 29 septembre 1967. Il avait été élu en novembre 1950 conseiller prud’homme, mandat qu’il détenait encore en 1976. Délégué du personnel, délégué au comité d’entreprise et au comité central d’entreprise des établissements Garnier, il avait été coopté au bureau de l’USTM, mais avait été éloigné en 1954 à la suite de désaccords sur des problèmes de tactique. Revenu à la CE de la métallurgie peu après, il fut élu entre 1959 et 1962 trésorier de l’USTM du Rhône. Sur le plan politique, Canova a assumé entre 1962 et 1967 les fonctions de secrétaire politique de la section communiste de Monplaisir-Ville. Devenu permanent au secrétariat de la Bourse du Travail de Lyon le 1er octobre 1967, il conserva cette fonction jusqu’au 1er avril 1973 tout en remplissant ses tâches de membre de la CE de l’UD-CGT (entre 1967 et 1975). En 1976 il était encore (depuis 1967) membre de la commission confédérale des retraités CGT, membre du conseil de l’Union confédérale des retraités CGT, membre du bureau de l’Union fédérale des retraités de la métallurgie, membre de la commission sociale du comité de l’Union régionale CGT Rhône-Alpes (depuis mai 1976), membre de la commission de contrôle de l’UD-CGT du Rhône. Il était encore administrateur et vice-président de l’association générale des retraités par répartition. En 1978, il était membre de la section de Lyon de l’AVER.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18580, notice CANOVA Albert, François par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 20 septembre 2016.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Documents privés familiaux. — Interview de l’intéressé.

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