CHEVRY Nicolas, Valéry, Anatole

Par Romain Delmas

Né le 20 novembre 1859 à Buxière-les-Clefmont (Haute-Marne), mort le 3 juin 1898 au bagne de Guyane (numéro de matricule 26657) ; agent d’affaires ; militant anarchiste du groupe d’Angers (Maine-et-Loire).

Entête de l’affiche saisie chez Chevry, décembre 1893.

Son père était instituteur et sa mère sans profession ;
Nicolas Chevry était un compagnon bien connu à Angers au début des années 1890. Assidûment présent aux soirées familiales et aux réunions du groupe d’Angers, avant sa dernière condamnation de 1894 il aurait été condamné à sept reprises pour des faits d’outrages. Considéré comme dangereux par les forces de police et comme un vrai propagandiste, il fut sous étroite surveillance dès le passage de Tortelier à Angers en 1889.
Il ne semble pourtant pas avoir été très apprécié par les compagnons de Trélazé, comme semblent le montrer les déclarations rapportées de André Bahonneau* et de Ménard* qui peu de temps après sa condamnation au bagne le considéraient toujours comme une canaille. Il ne semble pas absurde de supposer que ce jugement est une conséquence des différences de vues entre partisans d’une propagande non violente et militant d’une propagande par le fait.
Dans tous les cas, dans la nuit du 5 au 6 avril 1892, à Angers, vers 23h45, une cartouche de dynamite placée sur le rebord de la fenêtre du commissariat de police de la rue Cupif explosa. Un agent fut blessé. Dans la foulée, Chevry fut automatiquement soupçonné mais, faute de preuves, il s’en tira avec les tracasseries habituelles. Les policiers eurent leur revanche un an plus tard.
Le 22 décembre 1893, Nicolas Chevry fut arrêté. On trouva dans sa poche des placards anarchistes, notamment Les dynamitards aux panamitards, un pot à colle et un pinceau. Malgré la présence de ce matériel, on le relâcha. Ce n’est que deux mois plus tard, en février 1894, lors des grandes manoeuvres contre le mouvement anarchiste en France, qu’il fut arrêté définitivement. On lui reprocha non seulement d’avoir eu en sa possession de la propagande anarchiste mais aussi, circonstance aggravante, d’être en relation étroite avec Albert Philippe (de chez qui il sortait quand il s’est fait arrêté le 22 décembre), anarchiste accusé d’avoir tenu des propos violents le 15 novembre 1893, dans un local qu’il avait loué à Angers.
Condamné par la cour d’assises d’Angers en mai 1894 à cinq ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour, en vertu des lois scélérates de décembre 1893, il fut déporté aussitôt en Guyane, à Cayenne.
Dans ses Souvenirs du bagne qu’il publia en 1903, l’anarchiste Auguste Liard-Courtois affirme que Chevry serait mort de la dysenterie sur l’île Saint-Joseph.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186000, notice CHEVRY Nicolas, Valéry, Anatole par Romain Delmas, version mise en ligne le 11 octobre 2016, dernière modification le 23 mai 2020.

Par Romain Delmas

Entête de l’affiche saisie chez Chevry, décembre 1893.

SOURCES : ANOM, matricule 26657 — Le Père Peinard, n° 64, 9-16 janvier 1898 ; n° 72, 6-13 mars 1898 — Emile Pouget, "L’application des lois d’exception de 1893 et 1894" in Les Lois scélérates, éd. de La Revue Blanche, 1899 — Notes de Dominique Petit — Archives départementales de la Haute-Marne (registres d’état civil, série 4M) — Auguste Liard-Courtois, Souvenirs du bagne, Chap. XIII, Toulouse : les Passés simples, 2005 (rééd.), 398 p. — Site révolutionnairesangevins.wordpress.com

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