CAPDEVILLE Jean

Par Gilles Morin

Né le 8 novembre 1912 à Estang (Gers), mort le 30 janvier 1977 à Nantes (Loire-Atlantique) : instituteur ; secrétaire fédéral SFIO de Seine-Inférieure [Seine-Maritime] ; député de 1945 à 1956.

Jean Capdeville
Jean Capdeville
Député

Après ses études à l’Ecole normale d’instituteurs de Rouen (Seine-Inférirure), de 1928 à 1931, Jean Capdeville obtint le le brevet supérieur, et devint instituteur à Rouen. Le 17 août 1933, il épousa à Dieppe, Renée Drouin, elle-même institutrice depuis 1927, avec laquelle il eut un fils.

Jean Capdeville s’engagea rapidement dans la vie militante. Lors de la reconstitution de la Fédération des Jeunesses SFIO de Seine-Inférieure le 14 octobre 1934, il fut nommé membre du bureau, puis, peu de temps après, secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes. Il participa au congrès fédéral le 20 juin 1937, au cours duquel il fut désigné pour représenter la fédération au congrès national de la SFIO à Marseille les 10-13 juillet 1937. Au congrès fédéral de décembre 1938, il défendit la position des « munichois » et fut le représentant de la tendance Paul Faure* à celui de mai 1939. Le 11 février 1937 il avait été nommé responsable des « Amicales d’usines de Seine-Inférieure » que la fédération SFIO créait pour essayer de contrebalancer l’influence du PCF dans les entreprises.

Mobilisé en septembre 1939, il fut libéré après l’armistice et devint membre de Libération-Nord puis un des principaux reconstructeurs de la SFIO dans sa région avec Georges Brutelle. En septembre 1943, il fut désigné comme représentant régional de la SFIO pour le CDLN. Il échappa à l’arrestation de la plupart des dirigeants de ce mouvement et devint responsable des FFI. Le 30 août 1944, il fit libérer toute la rive gauche de Rouen par ses FFI qu’il passa ensuite en revue sur la grande place.

Élu député en 1945, il fut réélu aux deux scrutins de 1946 et en 1951. Il fut aussi désigné secrétaire fédéral à la Libération. En 1946, Jean Capdeville fut un des rédacteurs de la motion Guy Mollet*. Il prit rapidement une grande part à la vie parlementaire et appartint à de nombreuses commissions : Défense nationale de juin 1946 à 1955 (il devint vice-président de cette commission en 1951), Marine marchande et pêches de juin 1946 à 1951, commission des Moyens de communication, des Finances et du Contrôle budgétaire et commission de la Réforme administrative de décembre 1946 à 1951. Il fut aussi l’auteur de nombreux amendements comme ceux qui prévoyaient la réduction des dépenses militaires et qui mirent en difficulté le gouvernement Schumann pendant l’été 1948.

Au début des années 1950, il commença à être contesté dans sa fédération pour son manque d’activité militante et, en 1954, il ne se représenta pas aux fonctions du secrétaire fédéral, qu’il assumait depuis 1945, « pour se consacrer exclusivement à l’exercice de son mandat ». Il vota contre la CED au scrutin du 30 août 1954. Il fut suspendu avec sursis le 7 juillet 1954.

À partir de 1955, son nom apparaît dans la presse à propos de l’affaire Bedonan, instigateur d’un double crime. Celui-ci s’était présenté chez Capdeville après le crime alors que le député était en mission parlementaire en Afrique. Le 8 juin 1955 le comité directeur (CD) invita Capdeville à rentrer d’urgence à Paris et, le 15 juin, lui demanda de porter plainte contre ses diffamateurs. Après la confrontation entre le député et Bedonan par le juge d’instruction, le CD l’exclut de la SFIO le 3 juillet 1955 et publia le communiqué suivant :
« Le CD regrette que Capdeville n’ait pas accepté de donner suite à l’invitation qui lui avait été faite de donner sa démission de parlementaire afin qu’il puisse mieux se défendre contre les attaques dont il a été l’objet.
« Le CD ne possède aucun élément qui lui permette de se prononcer sur l’innocence ou la culpabilité de Capdeville au regard de la loi.
« Toutefois les faits reconnus par Capdeville lui-même dans ses déclarations publiques ne sont pas compatibles avec l’attitude qui devrait être celle d’un parlementaire socialiste.
« En conséquence, le CD décide l’exclusion de Jean Capdeville du Parti socialiste. »
Jean Capdeville fit appel devant le congrès qui renvoya devant la commission nationale des conflits. Au conseil national du 15 décembre 1956, le président de la commission proposa au CN de rejeter l’appel, ce qui fut décidé à l’unanimité moins deux voix.

Cette affaire le contraignit à se retirer de la vie politique, et à ne pas se représenter aux élections du 2 janvier 1956 pour la troisième législature. En 1957, il s’engagea volontaire comme chef de bataillon au 15e R.T.S. en Algérie, et, par la suite, se préoccupa toujours de la situation des anciens combattants d’Algérie. Le 7 décembre 1957, il dut déposer très longuement dans l’affaire Bodenan devant le tribunal de Versailles.

Jean Capdeville était président régional de l’Association nationale des officiers et cadres de la Résistance, et avait en outre participé étroitement à la création du périodique Paris-Normandie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18603, notice CAPDEVILLE Jean par Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 août 2021.

Par Gilles Morin

Jean Capdeville
Jean Capdeville
Député

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Le Progrès de Dieppe, 6 février et 27 mars 1937. — J.-M. Cahagne, Le Parti socialiste SFIO en Haute-Normandie de 1914 à la rénovation du PS, Thèse 3e cycle, Université de Rouen, 1980. — Compte rendu du comité directeur SFIO. — Notice extraite du Dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958. — Notes d’Alain Dalançon.

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