CALIN Ion alias STANESCU Nicolas, alias STANESKO Nicholas

Par Daniel Grason

Né le 19 juin 1912 à Bucarest (Roumanie), mort en déportation en avril 1945 à Wöbbelin (Allemagne) ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; membre de l’Organisation Spéciale (O.S.) ; affecté au service des cadres de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.) ; déporté politique.

Ion Calin fut filé le 4 février 1943 depuis le pont de l’Alma par la police alors qu’il était en compagnie de Ladislav Holdos alias Pierre Kaliarik. Quatre inspecteurs de la BS1 les interpellèrent vers 16 heures quai des Tuileries à Paris (Ier arr.). Tous deux étaient emmenés dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police.
Ion Calin présenta sa carte d’identité au nom de Nicolas Stanescu, elle portait le cachet de la Police d’État de Bezons (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Les policiers se rendirent compte que cette carte était fausse, tout comme sa feuille de démobilisation. Ils saisissaient sur lui un almanach de poche sur lequel étaient notés des rendez-vous, des notes manuscrites sur un fragment de papier, ainsi qu’une somme de dix mille francs. La perquisition de son domicile du 29 boulevard d’Algérie à Paris (XIXe arr.) s’avéra infructueuse.
Lors de son interrogatoire, il dissimula son engagement dans les Brigades internationales, il affirma qu’il résidait en Belgique « à une adresse que je ne puis nullement vous préciser ». Il fut interrogé sur les dix mille francs saisies sur lui, alors qu’il ne travaillait pas, il déclara que cette somme lui avait été remise par un camarade rentré en Roumanie « Il a voulu m’aider et d’autre part, il ne pouvait emporter d’argent français ». Quant à la fausse carte d’identité « elle m’a été procurée par une femme que j’ai rencontrée au restaurant je ne sais plus où. Je l’ai payée deux mille francs ».
Les annotations portées sur le fragment de papier, les policiers les déchiffrèrent sans difficultés : « 6 V.O. – 6 H – 3 V.O. – 3 H. – 4 B.I. – 4 V.O. et 6 H. » Pour les policiers pas le moindre doute cela correspondait à la diffusion des publications clandestines : La Vie Ouvrière, l’Humanité et le Bulletin d’Information. La réponse de Ion Calin fut laconique « Je ne peux donner aucune explication. J’ai trouvé ce papier je ne me souviens plus quand ». Il adopta la même attitude concernant deux clefs qu’il portait sur lui. Il déclara les détenir depuis plusieurs années « c’est un camarade qui me les a remises, j’ignore à quoi elles ont pu ou peuvent encore servir ».
Le commissaire Fernand David concluait ainsi l’interrogatoire du 7 et 8 février : « Vos déclarations sont invraisemblables il est à présumer que ces clefs sont celles d’un local que vous utilisez pour les besoins de votre action politique ».
Ladislav Holdos témoigna plus tard auprès de Karel Bartosek sur la façon dont il avait été traité lors des interrogatoires : « Ils m’ont surtout interrogé les neuf premiers jours après l’arrestation. […] Ils me cognaient tellement que j’avais le dos totalement déchiqueté et m’allongeaient tout nu sur une table, deux me tenaient les jambes et deux autres les bras, le cinquième me frappaient jusqu’au sang à coups de cravache ». Ion Calin a été très probablement maltraité de la même façon.
Ion Calin alias Nicolas Stanescu fut incarcéré à la prison de la Santé, extrait de sa cellule le 23 février 1943, il confirma ses déclarations devant un juge d’instruction. Il affirma : « Je n’ai jamais appartenu au parti communiste ni en Roumanie, ni en Belgique, où j’ai travaillé jusqu’en juin 1940, ni en France où je suis venu au moment de l’exode. Depuis lors je n’ai jamais plus travaillé ».
Condamné à plusieurs années de prison, il fut incarcéré successivement dans différentes prisons. Ion Calin sous l’identité de Nicholas Stanesko fut déporté de Compiègne le 12 mai 1944 dans un convoi de 2004 hommes vers Neuengamme (Allemagne) où le convoi arriva trois jours plus tard. Matricule 30317 Ion Calin (Nicholas Stanesko). Il mourut d’épuisement au Kommando de Wöbbelin, la moitié des déportés de ce convoi moururent. Ion Calin a été homologué F.F.I. à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186116, notice CALIN Ion alias STANESCU Nicolas, alias STANESKO Nicholas par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 octobre 2016, dernière modification le 17 mai 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : A.N. Z/4/83 dossier 544. – Bureau Résistance GR 16 P 101548. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Fayard, 1994. – Boris Holban, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle…, Calmann-Lévy, 1989. – Karol Bartosek, Les aveux des archives. Paris-Prague, 1948-1968, Seuil, 1996. – FMD, Le livre mémorial…op.cit.

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