Par Madeleine Singer
Né le 12 décembre 1926 à Houeilles (Lot-et-Garonne), mort le 11 mars 2003 à Nantes (loire-Atlatique) ; professeur certifié de sciences physiques ; membre du comité national du Syndicat général de l’Education nationale (SGEN) de 1960 à 1968.
Marcel Capit était le deuxième des quatre enfants de Daniel Capit qui, bien que né en 1901, n’avait jamais été à l’école et ne savait pas lire ; il avait été placé par ses parents, dès l’âge de six ans, dans une ferme où il gardait les vaches. Daniel Capit était muletier, c’est-à-dire effectuait avec sa paire de mules des transports de bois, essentiellement des billes de pins, abattues dans la forêt ; il les regroupait dans une scierie, installée au cœur de la parcelle exploitée, laquelle se déplaçait lorsque le chantier était terminé. Marcel Capit fréquenta l’école primaire de Houeilles et entra en 1938 à l’EPS de Nérac (Lot-et-Garonne). Reçu en 1943 au concours de l’École normale, il fut affecté au lycée Fermat de Toulouse (Haute-Garonne) où il passa le baccalauréat en 1946. Après un an de formation professionnelle à l’École normale de Toulouse, il y fut détaché comme surveillant et suivit alors les cours de la faculté des sciences de cette ville où il obtint en 1952 la licence de sciences physiques. Il avait été dispensé du service militaire en qualité de soutien de famille car son père était mort en 1945. Reçu au CAPES en 1953, il passa un an au CPR de Toulouse et fut nommé en 1954 au lycée Benjamin-Franklin d’Orléans (Loiret).
Marcel Capit avait connu au CPR de Toulouse Geneviève Lherbier, sœur de Pierre Lherbier*. Il l’épousa en 1955 alors qu’elle enseignait au collège de jeunes filles d’Alençon (Orne) en qualité de certifiée de sciences physiques. Comme ils avaient demandé un poste double, ils furent nommés à Bastia (Corse) où il y avait un lycée de garçons et un collège de jeunes filles. En 1958 ils obtinrent tous deux une nomination à Nantes (Loire-Inférieure, aujourd’hui Loire-Atlantique). Marcel Capit exerça d’abord au lycée Jules Verne qu’il quitta en 1962 pour le lycée Clémenceau car il avait eu un différend avec le proviseur. En 1968 il obtint un poste au lycée Albert Camus, plus proche de son domicile, lequel venait de s’ouvrir ; il y prit sa retraite en 1986. Le ménage Capit eut cinq enfants : deux filles, toutes deux ingénieurs ; trois fils qui firent leurs études à l’ENS (Ulm), à l’École supérieure de commerce de Paris et à l’École centrale de Paris.
Marcel Capit avait adhéré au SGEN dès son arrivée à Orléans en 1954. Vu son origine sociale, il sympathisait depuis longtemps avec un syndicat affilié à une centrale ouvrière, en cette période d’après-guerre qui était favorable à ce type d’engagement. Arrivant en Corse en 1955, il en devint le secrétaire départemental (SD) l’année suivante et le demeura jusqu’à son départ. À Nantes, il fut aussitôt SD du département et passa cette charge en 1962 à un autre militant car on venait de créer l’académie de Nantes avec la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire ainsi que la Vendée ; il en fut le premier secrétaire académique. Au congrès de 1960, il avait été élu au comité national où il se préoccupa dès 1961 du financement des nouvelles sections académiques. Il allait se dépenser pendant cinq ans dans cette académie qui ne comprenait alors que trois départements, mais auxquels on adjoignit en 1966 la Sarthe et la Mayenne. Il fallut d’abord impulser l’implantation et l’organisation du SGEN dans les premiers départements, puis dans ceux qui les rejoignirent ultérieurement. Marcel Capit dut ensuite s’occuper des élections aux commissions administratives paritaires académiques (CAPA) qui eurent lieu lors de la constitution de l’académie, furent renouvelées en 1965 comme dans le reste de la France et durent l’être à nouveau en 1966 dans l’académie de Nantes, vu l’adjonction de deux nouveaux départements. Il devait donc chaque fois constituer les listes de candidats, organiser la propagande, être présent au dépouillement des votes, etc.
En même temps Marcel Capit suivait les questions générales. À la commission administrative du 10 novembre 1963, il évoquait le déroulement dans son académie de la grève des heures supplémentaires, menée à la rentrée par le SNES et le SGEN, grève que le SNES interrompit seul le 12 octobre tandis que le SGEN la continuait jusqu’au 23 octobre. Puis, le 13 décembre 1964, le bureau académique réagit à la motion que le comité national venait de voter à l’unanimité moins une abstention ; cette motion autorisait les responsables nationaux du SGEN à participer aux travaux du comité national d’« Horizon 80 » lorsque ceux-ci concernaient l’Éducation nationale et la Recherche. Cette association avait été constituée pendant l’été 1964 afin de mettre au point le programme de Gaston Defferre*, alors candidat à l’élection présidentielle de décembre 1965. Il est vraisemblable que l’abstention fut celle de Marcel Capit ; en effet le bureau académique réuni à son retour critiqua cette participation à « Horizon 80 » car il y avait en Loire-Atlantique une tradition assez apolitique. En outre le socialisme y était mal vu parce que marqué par l’anticléricalisme. Mais cette résolution du 13 décembre ne fut pas appréciée par Paul Vignaux* qui, par sa lettre du 17 décembre, refusa de publier ce texte dans Syndicalisme universitaire car cela diminuerait « l’efficacité de l’action entreprise sur mandat du comité national ». L’année suivante, l’assemblée départementale SGEN de Loire-Atlantique, réunie le 17 octobre 1965, se préoccupa de l’élection présidentielle, alors toute proche, et demanda que le comité national des 30-31 octobre donnât « publiquement son appui à tout candidat favorable au socialisme démocratique et accordant "la priorité des priorités" à l’Éducation nationale ». Ce texte, présenté par Marcel Capit, inspira la position qui fut effectivement adoptée par le comité national. Par ailleurs, dans une région où l’enseignement privé était fortement implanté, Marcel Capit se souciait particulièrement de la laïcité. Le SGEN ayant constitué le 16 octobre 1965 une commission de défense du service public, on le retrouva évidemment parmi ceux qui participèrent à une réunion de cette commission, le 1er novembre 1966, à l’issue du comité national.
Marcel Capit se préoccupait en outre de la marche de la section Second degré. Il intervint en mai 1965 sur le fonctionnement des CAP nationales de promotion, demandait à la même commission administrative, quelques mois plus tard, que les séances de cette commission fussent préparées par un rapport qui parviendrait aux membres de la commission trois semaines avant la réunion.
Aussi fut-il heureux de céder en 1967 sa charge de secrétaire académique à Yves Chevrel, professeur de littérature comparée à la faculté des lettres de Nantes. Il pouvait ainsi se consacrer à ses autres activités car il était à la fois membre de la CAPA des certifiés et de la commission de la carte scolaire. En outre il faisait les démarches pour les enseignants SGEN à l’étranger car les services financiers des Affaires étrangères avaient été délocalisés à Nantes. Madame David, secrétaire nationale SGEN pour ce personnel, lui transmettait donc bien des dossiers épineux. Il allait assumer toutes ces tâches jusqu’à la retraite, c’est-à-dire pendant encore une dizaine d’années.
Marcel Capit demeurait en même temps un membre actif du bureau académique. Il était à cette époque assez critique à l’égard de P. Vignaux qui, pensait-il, n’avait pas bien compris les événements de Mai 68. Aussi le 24 juin 1968, le bureau académique de Nantes vota une longue motion qui regrettait notamment que « les différentes sections du SGEN académique n’aient pas trouvé près du bureau national un écho à leurs préoccupations et que le bureau national après un mouvement d’une ampleur et d’une durée sans égal, n’ait pas cru de son devoir de convoquer au moins le comité national ». La motion exigeait donc « un fonctionnement réellement démocratique de l’organisation syndicale par l’association, aussi fréquente que possible, des responsables académiques (SAG et SA de degrés) aux décisions engageant la politique syndicale ». M. Capit était alors secrétaire Second degré pour l’académie, comme le signala Syndicalisme universitaire, le 22 Mai 1969. Dans les années qui suivirent, il demeura assez engagé dans l’action syndicale académique pour que, lors des élections aux CAPN de 1973, on lui demandât de représenter sa région sur la liste des certifiés que le SGEN présentait aux suffrages des électeurs.
Outre son travail au sein du SGEN, Marcel Capit joua un rôle important dans sa région sur le plan confédéral. Élu dès 1960 à la commission exécutive de l’Union départementale (UD) CFTC, puis CFDT, de Loire-Atlantique, il y siégea pendant dix ans. En 1999, Gilbert Declercq rendait hommage à sa présence discrète, mais constante « près des métallos nantais et nazairiens qui étaient à l’avant-garde de notre action syndicale en Loire-Atlantique ». Or Gilbert Declercq qui, dans les années 1947-1948, faisait déjà partie de la « minorité » CFTC, était alors depuis 1958 secrétaire permanent de cette UD, après avoir été permanent Métaux pour le département. Gilbert Declercq considérait que la présence de Marcel Capit dans un département où la CFTC avait un fort contingent d’enseignants privés était essentielle car par lui l’Éducation nationale participait à l’activité de l’UD. Gilbert Declercq ajoutait que l’effort de Marcel Capit leur avait permis d’aborder l’évolution de la CFTC en CFDT « avec sérieux et sans heurt majeur ». Aussi, « s’il n’avait pas été là, cela nous aurait beaucoup manqué ».
Une fois à la retraite, Marcel Capit prit un repos bien mérité et se consacra à sa famille. Il était officier des Palmes académiques.
Par Madeleine Singer
SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, Th. Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. dép. Nord, J1471, notamment les cartons n° 5 et n° 13) ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987, 669 p. — Syndicalisme universitaire (1961-1968). — Lettre de G. Declercq à M. Singer, 11 février 1999. — Lettres de M. Capit à M. Singer, 10 janvier 1995, 18 novembre 1997, 13 janvier 1999 (AP).