BLOCH Jean-Claude, Marx

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 10 septembre 1923 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; élève-ingénieur ; victime civile.

Jean-Claude Marx Bloch était le fils de Marcel Bloch et d’Yvonne Marguerite Landauer.
En 1944, il était élève-ingénieur en première année à l’École nationale supérieure de l’aéronautique. Il accomplissait son année à l’École des Mines de Saint-Étienne (Loire). Il résida au 34 rue du Grand Gonnet (Saint-Étienne) et à l’École des Mines. Ses parents demeuraient 7 rue Saint-Dominique à Nîmes (Gard).
D’après son père, Jean-Claude Bloch se rendit à Lyon le 28 juin 1944 et fut arrêté le lendemain sous le faux nom de Raymond Saint-Bonnet par des hommes du Parti populaire français (PPF) et des miliciens. Il fut ensuite remis à la Gestapo et interné à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs », sous sa véritable identité. Il fut donc emprisonné en tant que juif mais le motif de son arrestation reste plus incertain. D’après Marcel Bloch, en 1944, son fils Jean-Claude Bloch était lié à Henri Ledermann, agent du Service Périclès. Jean-Claude Bloch et Henri Ledermann furent appréhendés le même jour à Lyon. Henri Ledermann était alors en mission pour la Résistance. Il est donc possible que Jean-Claude Bloch ait été arrêté non pas en tant que juif mais en tant que résistant.
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, Jean-Claude Bloch, Henri Ledermann et 48 autres prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Jean-Claude Bloch fut retrouvé dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Son corps fut décrit comme suit : 1m75, cheveux châtains. Il fut d’abord enregistré sous le numéro 108 puis identifié le 12 octobre 1944 par son père, Marcel Bloch. Jean-Claude Bloch fut inhumé à Bron.
Il obtint la mention Mort pour la France en 1945 et le titre d’interné politique en 1952.
En 1945, une salle d’études de l’École nationale supérieure de l’aéronautique et une salle de classe du lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine furent baptisées du nom de Jean-Claude Bloch. Au lycée Pasteur, une plaque fut également posée pour lui rendre hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186229, notice BLOCH Jean-Claude, Marx par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 23 octobre 2016, dernière modification le 15 décembre 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Jean-Claude Bloch.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3808W866, 31J66, 3460W2.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.

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