CAPOCCI Oreste

Par Yves Lequin

Né le 13 mai 1888 à Paris (Ve arr.), mort le 29 octobre 1950 à Paris ; ouvrier tailleur, puis représentant de commerce ; militant syndicaliste et socialiste, secrétaire général de la Fédération nationale des Employés CGT, président de l’association « Les Amis de Force ouvrière », membre du comité directeur du Parti socialiste SFIO.

Né dans une famille d’origine italienne, Oreste Capocci commença à militer en 1907-1908 comme secrétaire puis président des Jeunesses socialistes révolutionnaires du XIXe arrondissement de Paris. Jusqu’à la guerre, il se consacra à peu près exclusivement à l’action antimilitariste. Diffuseur du journal Le Conscrit en 1908, il fut appréhendé en septembre 1909 rue de Rivoli alors qu’il vendait La Guerre sociale ; quelques jours auparavant, il avait déclaré dans une réunion socialiste qu’il n’hésiterait pas à tourner son fusil contre ses chefs au cas où son unité - il allait partir au service militaire - serait envoyée contre une manifestation ouvrière. Un an plus tard, il fut repéré en tenue militaire à un meeting du Comité d’entente des Jeunesses socialistes révolutionnaires de la Seine et, pour ce fait, changé de corps. Dès sa libération, à la fin de 1910, il adhéra à la Jeune Garde Révolutionnaire, devenant en 1912 membre de son comité directeur aux côtés d’Almereyda*, puis à la SFIO. Pendant trois ans, il fut un des orateurs les plus actifs des réunions des Jeunesses socialistes à Paris, prenant une part exceptionnelle à la campagne contre la loi des trois ans, à cette gauche de la SFIO souvent liée dans l’action aux milieux libertaires, puisqu’il fut en 1911 parmi les défenseurs de la feuille antimilitariste L’Abattoir et qu’en août 1913, il fut des signataires d’une affiche « Liberté-Infamie » publiée par les Jeunesses syndicalistes de la Seine ; il siégeait d’ailleurs à leur comité directeur comme représentant des employés.

Mobilisé en août 1914 - il ne fut libéré qu’en juillet 1919 -, il semble qu’il ait rapidement abdiqué ses convictions antérieures, car en 1916, une note de police lui fit dire, dans une réunion socialiste à laquelle il assistait pendant une permission, que « le parti ferait mieux de s’occuper des questions économiques et de l’après-guerre que de perdre son temps à discuter la reprise des relations internationales qui restent impossibles ». De fait, en février 1920, il fut le candidat « réformiste » de la majorité confédérale au secrétariat de l’Union des Syndicats de la Seine et il entra en avril à la commission exécutive de la Fédération des syndicats d’employés. Nommé secrétaire de la section « des petits magasins » de la Chambre syndicale des employés de la région parisienne en septembre de la même année, il devint secrétaire général permanent et appointé de celle-ci en février 1921. Une nomination qui souleva de très vives controverses, car il ne faisait pas partie de la Commission exécutive. En fait, ce n’était là qu’un épisode de la lutte entre « révolutionnaires » et « majoritaires », du côté desquels Oreste Capocci s’était résolument rangé. Il était l’un des animateurs du « Cercle d’études et d’action syndicales » qui regroupait leurs forces et organisait leur lutte ; d’emblée, il déclara les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) illégaux : « les minoritaires », disait-il dans un meeting en septembre de la même année, « déclarent respecter la Charte d’Amiens, ils obéissent en réalité à un parti politique ». Il devint effectivement l’un des acteurs les plus déterminés de la « reconstitution » des organisations confédérées après la scission, et, dans la ligne de Léon Jouhaux*, l’un des principaux dirigeants de la CGT jusqu’à l’unité et après.

En effet, dès décembre 1921, il participa à la reconstruction de l’Union des syndicats ouvriers confédérés de la Seine et entra à son conseil d’administration ; un peu plus tard, il y fut chargé de la propagande. Au congrès de mars 1923, il fut élu à la Commission administrative de la CGT et devint en 1929 secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d’Employés ; membre de la commission de l’enseignement et de l’éducation ouvrière créée par le XXe congrès (Paris, 1929), délégué titulaire de la CGT au Conseil supérieur de l’Enseignement technique, délégué ouvrier au Conseil supérieur du Travail, il était en outre conseiller prud’homme de la Seine, section du commerce, et vice-président de la section de 1933 à 1936. Membre de la SFIO depuis 1922, il fut en 1929 candidat socialiste aux élections municipales du 5 mai dans le quartier parisien de la Madeleine (VIIIe arr.).
Oreste Capocci, qui avait déjà présenté au XXIIe congrès de la CGT (Paris, 1933) le rapport sur les Assurances sociales joua un rôle important lors du congrès d’unité, à Toulouse, en mars 1936 ; il fut l’un des principaux orateurs de la tendance « ex-confédérée » sur la question des structures, soulignant la nécessité de l’incompatibilité des mandats syndicaux et politiques et prônant l’adhésion à la Fédération syndicale internationale (FSI) pour y poursuivre l’unification des forces ouvrières sur un plus large plan. En avril suivant, il devint le secrétaire général de la nouvelle Fédération des employés et le resta jusqu’à la dissolution de la CGT en septembre 1940. Au congrès confédéral de Nantes, en novembre 1938, il se rangea sur les positions de la tendance « Syndicats », qui regroupait les militants hostiles à la progression de l’influence communiste dans la CGT. Après septembre 1940, il fut un moment employé à l’Union des Assurances sociales. Membre, en 1942, du Comité d’études économiques et syndicales, il se déclara hostile à la Charte du travail élaborée par le Maréchal Pétain et certains de ses anciens amis de Syndicats passés au vichysme. Par la suite, son action lui valut la médaille de la Résistance. À la Libération, il reprit ses fonctions de secrétaire général de la Fédération nationale des employés CGT et devint gérant, en 1947, de L’Écho des employés et des cadres qu’il venait de fonder. En novembre de la même année, il fut élu président de l’association « Les amis de Force Ouvrière » qu’il avait contribué à rassembler. Il suivit donc tout naturellement Léon Jouhaux* et ses amis à la nouvelle « CGT-Force Ouvrière ». Siégeant d’emblée à son conseil d’administration, il demeura jusqu’à sa mort secrétaire permanent appointé de sa Fédération des employés et cadres.

Élu au comité directeur du Parti socialiste SFIO en août 1946 puis en août 1947, il en démissionna en décembre 1947 ainsi que de sa fonction de responsable des groupes socialistes d’entreprise. La scission intervenue dans la CGT était vraisemblablement à l’origine de cette décision.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18625, notice CAPOCCI Oreste par Yves Lequin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 septembre 2022.

Par Yves Lequin

SOURCES : Arch. Nat. F7/13618, F7/13722 F7/13794. — Arch. PPo. BA/1686 et PPo. 300. — Arch. Jean Maitron. — L’Écho des employés, mars 1921. — Le Travailleur parisien. 1929-1930. — XXIe congrès de la CGT, Paris, 1931, Compte rendu. — D. Stephany, Le Personnel de la CGT de 1936 à 1938, op. cit. — Agendas de la Bourse du Travail de Paris. — Notes de Jean Maitron, Gilles Morin et Claude Pennetier.

ICONOGRAPHIE : Le Peuple, 12 avril 1922. — La CGT, op. cit., p. 573.

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