GOURDAIN Raymond, François

Par Annie Pennetier

Né le 21 mars 1920 à Amiens (Somme), fusillé le 21 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) suite à une condamnation à mort ; cheminot ; résistant FTPF d’Amiens.

Raymond Gourdain
Raymond Gourdain

Raymond Gourdain, domicilié rue de la Boutillerie à Amiens, travaillait comme électricien à la SNCF. Résistant dans le groupe Karl-Marx-Saint-Acheul, il participa, le 1er février 1942, avec un groupe de Francs-tireurs, à un attentat contre la permanence de la LVF Légion des volontaires français, rue des Jacobins à Amiens. Arrêté par la police française, il fut interné dans la prison de la ville puis condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 580, le 18 mars 1942. Bien que ce soit peu commun car les troupes allemandes fusillaient à Amiens, il fut transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), puis fusillé au Mont-Valérien le 21 mars 1942 avec cinq autres résistants tous de la Seine et du réseau britannique Phill.
Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine le jour même.

Selon l’abbé Stock, il n’avait pas laissé pas de dernière lettre (en fait il y en avait une)..
Son nom est gravé sur la stèle à la mémoire des camarades des quartiers Noyon Saint-Acheul située plaine C, allée des coucous, ancien cimetière de Saint-Acheul d’Amiens où il a été réinhumé le 17 février 1948, ainsi que sur le monument de la gare du nord de la ville. Le nom de Raymond Gourdain est inscrit sur la cloche commémorative du Mont-Valérien. Par délibération municipale du 26 octobre 1956, une partie de sa rue prit son nom.



L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :

« Samedi 21.3.42
Matin, appris à Fresnes que 6 [prisonniers] doivent être fusillés dans l’après-midi, je les préparai lentement à la nouvelle, 5 avaient été condamnés la veille, sentence immédiatement confirmée.
Paulin, Georges, 1, place du 14 juillet, Malakoff
Raven, Roger, 89, rue des Boulets, XIe
Kellner, Jacques, 80, rue Spontini, XVIe
Étienne, Robert, 2, rue du théâtre, XVe
Fency, Fernand, 10, square de Port Royal, XIIIe [en fait Fenzy]
Gourdain, Raymond, 175, rue Boutillerie, Amiens
Les 5 premiers se confessèrent et communièrent, le dernier était arrivé la vieille d’Amiens, où condamné à mort, mais exécuté à Paris, n’était pas baptisé, athée, mourut ainsi, sans assistance religieuse. Les autres écrivirent des lettres avant, étaient plein de courage, départ de Fresnes à 3 heures, puis fusillés à 4 heures, enterrés à Ivry. »

Dernière lettre de Raymond Gourdain
 
A 12 h 30 en la prison de Fresnes le 21 mars 1942.
Cher Père, chère Mère,
Quand tu recevras cette lettre je ne serai plus ; votre fils, votre Raymond, celui qui aura été le but de votre vie vous aura quittés à jamais. Je tiens à vous embrasser tous deux et vous demande de dire un dernier adieu à tous ceux que j’ai connus. Je voudrais, vous qui avez tant fait pour moi, que vous ne pleuriez pas trop. Je veux que vous repreniez goût à la vie et preniez un peu de distraction. Il n’y a pas que moi sur cette terre et vous trouverez bien encore des parents à chérir. Embrassez bien pour moi mon oncle Auguste, Daniel, Clémentine, sa petite fille, vous l’aimez bien, elle vous fera un peu oublier, cousine Mélina, son mari, ses fils, Plaquin, bref tous nos parents. Oui, votre fils est mort, mais sachez que cela n’a point été dans des souffrances, il a eu un moral excellent jusqu’au bout. Tiens, pour vous distraire, achetez un poste de TSF, allez parfois au cinéma, moi qui n’ai plus que quelques heures, jusqu’à 16 heures, vous demande de ne plus pleurer comme avant et de ne point pleurer sur ma tombe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186348, notice GOURDAIN Raymond, François par Annie Pennetier, version mise en ligne le 31 octobre 2016, dernière modification le 2 février 2022.

Par Annie Pennetier

Raymond Gourdain
Raymond Gourdain

SOURCES : DAVCC Caen (notes TH.Pouty) . — Jacques Lejosne, Jackie et Françoise Fusillier Amiens1940-1945. A la rencontre des plaques de rues en hommage aux résistants 2016.page 27 . — MémorialGenweb. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 73.

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