GUIHAIRE Joseph

Par Fabrice Bourrée

Né le 18 novembre 1891 à Sainte-Anne-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine), décapité le 5 décembre 1942 à Brandenbourg ; frère dominicain ; résistant affilié au groupe « La Vérité Française » ; arrêté le 25 novembre 1941, condamné à mort en France, décapité en Allemagne.

En 1911-1912, Joseph Guihaire était novice dominicain au couvent du Saulchoir (près de Tournai en Belgique). Mobilisé lors de la guerre 1914-1918, il fut capturé en Belgique. Après de nombreux mois de captivité en Allemagne, il fut envoyé en Suisse pour des raisons de santé. Après l’armistice, il reprit ses études ecclésiastiques au Saulchoir et fut ordonné prêtre à Tournai le 5 août 1923. Il fut assigné comme prédicateur à Amiens en 1925, puis à Dijon l’année suivante et enfin au couvent Saint-Jacques, à Paris, en 1932. Entre autres activités, il y poursuivit des recherches historiques sur Lacordaire, célèbre prédicateur dominicain et académicien, et publia Lacordaire et Ozanam en 1939. Il ne fut pas mobilisé pendant la campagne de 1939-1940.

Sous l’Occupation, il rejoignit le groupe de résistance « La Vérité Française » fondé par Jean de Launoy, dont il était le confesseur avant-guerre, et Julien Lafaye, vétérinaire à Versailles. Il publia plusieurs articles dans le bulletin clandestin du groupe. A la suite d’une dénonciation, la Gestapo fit une descente au couvent Saint-Jacques le 25 novembre 1941. Après deux heures de perquisitions, les révérends pères Guihaire et Chenault furent emmenés à Fresnes. Le Tribunal militaire allemand de la rue Boissy-d’Anglas (Paris) prit en charge cette affaire. L’accusation reprochait au RP Chenault d’avoir reçu des exemplaires du journal clandestin du mouvement et d’avoir critiqué fortement les camps de jeunesse allemands. Quant au RP Guihaire, les accusations allemandes étaient plus graves. On lui reprochait d’être le conseiller moral de l’organisation clandestine et d’avoir mis à son service son influence de prêtre. On l’accusait également d’avoir publié dans la Vérité Française des articles contre la législation antijuive du gouvernement allemand et sur la conscience chrétienne face au nazisme.

Le 27 mai 1942, le procureur du tribunal allemand requit contre le révérend père la peine de mort. Dans son journal rédigé pendant sa détention à Fresnes, Le Père Guihaire exposa le déroulement du procès. A la date du 27 mai, il écrivit : « Voilà du nouveau ! Qui aurait pu penser cela ! Mes chères sœurs, mon frère Francis, et vous tous Pères et sœurs, mes frères et mes sœurs, mes bons amis et mes chers enfants, aviez-vous jamais pensé que votre frère, votre Père et votre ami était un malfaiteur digne de mort ! A cause vous, en votre nom, au nom de vos prières et de votre affection, j’espère malgré tout un acquittement. »

Le 30 mai, Joseph Guihaire fut condamné à mort. Il rédigea le lendemain un recours en grâce. Le 22 juin, il écrivait « Si je passe par des heures de réel condamné à mort, je suis le plus ordinairement dans l’état d’âme de celui qui va continuer à vivre. »

Sa condamnation fut suspendue et il fut transféré en Allemagne, au camp de Brandenbourg à la fin d’août 1942. Joseph Guihaire y fut décapité le 5 décembre 1942.

Joseph Guihaire fut homologué chargé de mission de 2e classe (lieutenant) au titre du réseau Hauet-Vildé. Une plaque commémorative apposée à l’entrée du Couvent Saint-Jacques, rue des Tanneries, rappelle son sacrifice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186400, notice GUIHAIRE Joseph par Fabrice Bourrée, version mise en ligne le 23 février 2018, dernière modification le 31 mai 2022.

Par Fabrice Bourrée

SOURCES : SHD Vincennes - Arch. Nat.F60/1573, dossier de recours en grâce de Joseph Guihaire ; Z6/818, cour de justice de la Seine). – Archives du couvent Saint-Jacques, Paris (Journal de détention du RP Guihaire). — Archives de l’abbé Joseph de la Martinière, Musée de la Résistance, Besançon. — André Duval, « Joseph Guihaire » in Dictionnaire de biographie française, volume 17 – Colette Couvreur, Pierre Descamps, Vie et mort du chef d’escadron Descamps, Privat, 1968

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