SOLSONA Blanche [née DALLOIS Marie, Blanche]

Par Marie-Cécile Bouju, Daniel Grason

Née le 18 juillet 1893 à Blet, arrondissement de Saint-Amand-Montrond (Cher), morte en déportation le 1er mai 1944 à Ravensbrück (Allemagne), maître imprimeur, résistante.

Blanche Solsona.
Blanche Solsona.

Fille naturelle d’Antoinette Dallois, Blanche Dallois a épousé à Paris (XIVe arr.) le 3 août 1919 José Solsona un ouvrier du livre catalan installé en France depuis 1909. Blanche Dallois donnait alors des cours à domicile pour les jeunes filles. Le couple s’installa à son compte fondant leur imprimerie vers 1922, l’Imprimerie J. Solsona, au 5 rue Hallé dans le 14e arrondissement de Paris. L’imprimerie était connue notamment pour publier textes et périodiques qui servaient la cause catalane à partir de 1935 au moins, et très probablement la cause républicaine. Les époux Solsona eurent un fils, Pierre, né en 1920. José Solsona n’arrivant pas obtenir la nationalité française, sa compagne était devenue espagnole par mariage. José Solsona mourut en 1939. Blanche Solsona obtint la nationalité française le 12 avril 1940, sur jugement rendu par le juge de paix du XIVe arrondissement, et reprit la direction de l’imprimerie. En août 1940 elle créa un journal pour enfants « Chanterelle ».
Dès septembre 1940 un militant du parti communiste clandestin la sollicita pour imprimer des tracts de l’organisation. Ne pouvant répondre à toutes les demandes, elle fit appel à Léon Aubrun. De décembre 1940 à juin 1942 cette activité fut suspendue, l’organisation clandestine disposant de son propre réseau d’une quinzaine d’imprimeurs. Après de longues filatures de la BS1, ils furent interpellés, fusillés comme otages le 8 août 1942 au Mont-Valérien. Il s’agissait de : Arthur Tintelin, Jean Letienne, Pierre Lacan, François Wouters, Pierre Galesloot, Jean Raine, Pierre Hardenberg, Léon Appay, Georges Gentil, Louis Guyot, Eugène Houdart, Henri Daubeuf, Jean Landragin, Bénito Sacristan-Guerro, Marcel Monge, Gaston Etiévent et Maurice Grandcoing. Leurs épouses ou compagnes furent déportées à Auschwitz, la plupart y moururent.
Début juin 1942, Blanche Solsona fut à nouveau sollicité par un militant du parti communiste clandestin, son imprimerie édita des dizaines de milliers de tracts. Le 19 octobre 1942 des policiers saisissaient environ cinquante mille tracts : « Aux cheminots communistes de France », « Les petits commerçants et les artisans », « Frères de France », « Collaborer s’est trahir », « Les pillards nazis vident nos caves ».
Dans une note, les Renseignements généraux la cataloguait ainsi : « bien que n’ayant pas milité au sein du parti communiste [elle] a toujours eu et ce avant les hostilités, des sympathies pour les doctrines marxistes. »
Lors de son interrogatoire, elle déclara avoir imprimé dès 1935 « des travaux d’impression pour le compte du parti séparatiste catalan […] ainsi que des tracts et brochures en langue espagnole. »
Pendant la même période l’enquête policière établissait que l’établissement Solsona imprima une quarantaine de tracts différents (trois millions de tracts). Le parti communiste clandestin versa quatre cent trente mille francs dont trois cent mille francs permirent l’achat d’une machine de marque « Lambert », et finança l’imprimerie de Léon Aubrun, au total environ un million deux cents mille francs en trois mois. Sur une machine, un tirage était en cours.
Blanche Solsona a été frappée par des policiers au cours de son interrogatoire. Elle disculpa Termes-Vilaplana : « Dès le début [il m’indiqua] qu’il ne voulait pas s’occuper de ce travail. Il m’avait même à l’origine conseillé de le refuser mais, la nécessité a fait que j’ai néanmoins résolu d’effectuer cette besogne. »
Inculpée d’infraction au décret du 26 septembre 1939, Blanche Solsona a été transférée à Fresnes le 28 novembre 1942. Elle a été déportée le 26 juillet 1943 au départ de la gare de l’Est, cinquante-huit détenues étaient dans un wagon voyageur aux fenêtres grillagées. Toutes « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), ce qui signifiait condamnée à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de l’Or du Rhin de Richard Wagner.
Les prisonnières arrivèrent à Sarrebruck le 27 juillet, elles repartirent le 30 à destination de Ravensbrück, arrivèrent le 1er août. Ces déportées étaient soumises à un isolement total, aucun travail en Kommando extérieur, pas de colis, pas de courrier, Block à part des autres détenues. Elle mourut à Ravensbrück le 1er mai 1944. Son fils Pierre Solsona est également mort en déportation, le 17 février 1945 à Mauthausen (Autriche).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186524, notice SOLSONA Blanche [née DALLOIS Marie, Blanche] par Marie-Cécile Bouju, Daniel Grason, version mise en ligne le 8 avril 2018, dernière modification le 23 avril 2022.

Par Marie-Cécile Bouju, Daniel Grason

Blanche Solsona.
Blanche Solsona.

SOURCES : Arch. PPo BS1 GB 068, 1 W 798-33348, 77W 5369. – Livre Mémorial, Fondation pour la mémoire de la déportation [en ligne]. – État civil en ligne cote 3E 5399, vue 53, Arch. Dép. Cher. — Note de Alain Dallois.

PHOTOGRAPHIES : Arch. PPo. GB 167 cliché du 26 octobre 1942.

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