AUBREY Georges [Pseudonyme La Fayette]

Par Jean-Claude Bonnin

Né le 28 août 1893 à Northampton (Massachussets), abattu par des soldats allemands le 18 juillet 1944 à Bétête (Creuse) ; chef d’entreprise ; résistant du mouvement Combat dans le Cher-sud , "commandant Aubrey"

Georges Aubrey, citoyen américain, vint s’installer, à la fin de l’année 1942, dans le petit hameau de Meslon, commune de Coust (Cher) avec sa famille : son épouse française et ses deux fils, Norbert et Guy.
En 1917, âgé de 24 ans, engagé volontaire, il était venu faire la guerre en France où il fut blessé au combat, ce qui lui valut une décoration : la "purple Heart ", à la fin de la guerre. Lors de sa convalescence, il fit la connaissance de Alberte Viette qu’il épousa en septembre 1918. Le couple s’installa en 1920 aux États-Unis, où naquit leur premier fils Norbert, puis revint en France en 1922. Là, il monta une entreprise de fabrication de joints de pare-brise et de glaces d’automobiles à Garches (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), entreprise qu’il dirigera jusqu’en 1941.

Parallèlement à son activité professionnelle, Georges Aubrey devint président de l’"American Legion" , en France, et développa les relations entre les vétérans américains et les anciens combattants français. Fermement antinazi, il le fit savoir en participant à des émissions sur radio Mondial, et, lors de l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, les autorités d’occupation le déclarèrent "indésirable" à Paris. Alors, il alla s’installer à Saint-Amand-Montrond (Cher), fin 1941, avec son fils aîné Norbert. Alberte Aubrey et leur deuxième fils Guy les rejoignirent lors de leur emménagement dans une petite maison à Meslon (fin 1942).

Georges Aubrey entra en contact avec le mouvement de résistance Combat. Avec son fils Norbert, il participa à la réception de parachutages, près de son domicile (sur un terrain situé entre le hameau de Meslon et Coust). Il prit le pseudonyme de "La Fayette" , Norbert adoptant celui de "Montcalm", et recruta des volontaires pour le groupe "Combat." Le 6 juin 1944, G. et N. Aubrey faisaient partie du groupe armé de Combat qui investit, avec les FTP de "Hubert" , la ville de Saint-Amand-Montrond. Le 8 juin, Aubrey fut chargé par Daniel Blanchard de regrouper les résistants du Cher-Sud qui n’étaient pas partis dans la Creuse. Il installa son PC au moulin de la Roche, près de Sidailles, dans un endroit isolé. Son épouse et Guy, d’abord cachés par des agriculteurs, le rejoignirent à ce PC.

Le 18 juillet 1944, le "commandant" Aubrey, avec quelques maquisards transportés dans deux automobiles, se rendirent dans la Creuse, dans le but de rencontrer le responsable de la compagnie Surcouf Daniel Blanchard, à Masbaraud-Mérignat. Sa voiture, évitant les grands axes, ouvrait la route. Elle était conduite par Guy Esmoignt, réputé casse-cou. Vers 13 heures, les deux véhicules venant de Nouzerines (commune limitrophe au nord de Bétête et à la limite du département de l’Indre) se présentèrent à l’entrée du bourg de Betête (Creuse) avec cinq occupants.Le village était occupé depuis le matin par les troupes allemandes avec des postes aux entrées du village. Esmoignt ouvrit le feu. Cela fut fatal aux occupants du véhicule qui tombèrent sous les balles allemandes, Aubrey se faisant tuer en tentant de s’enfuir à pied. La deuxième voiture des résistants s’arrêta à temps et ses deux occupants réussirent à s’échapper.

Georges Aubrey, abattu le 18 juillet 1944 à Bétête dans la Creuse a été enterré rapidement dans cette commune. Sollicité par la famille de l’Américain entré dans la résistance Saint-Amandoise, le général de Gaulle intervint et l’armée américaine ainsi que les autorités françaises lui rendirent les honneurs lors du transfert du corps à Creuzier-le-Vieux (Allier) où il repose.Son nom est gravé sur le monument aux morts de cette commune et sur celui de Saint-Amand-Montrond. Il figure également sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret. Une rue de Creuzier-le-Vieux porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186569, notice AUBREY Georges [Pseudonyme La Fayette] par Jean-Claude Bonnin, version mise en ligne le 7 novembre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Claude Bonnin

SOURCES : AERI-Cher . — Jacqueline Humbert Buisson, Saint-Amand-Montrond 1939-1944 un été meurtrier, Edition Bussière, 2004.—Marc Parrotin Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Memorial Genweb. — Article du journal La Montagne 20 juillet 2010 — Notes d’Annie Pennetier et Michel Thébault.

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