SLOWENSKI Eugène, Georges, Aloïse

Par Daniel Grason

Né le 29 août 1905 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), mort le 9 août 1988 à Villejuif (Val-de-Marne) ; membre de la Légion étrangère, volontaire en Espagne républicaine, manutentionnaire, marchand forain, trafiquant, membre de la Légion nord-africaine.

Fils d’Eugène Slowenski, journalier, et de Catherine Martin, sans profession, Eugène Slowenski s’engagea en 1923 dans la marine, il résilia son contrat deux ans plus tard. Il travailla en tant que chef d’équipe dans une usine qui fabriquait des câbles électriques. Au début de l’année 1926, il était condamné à quinze jours de prison pour rébellion et tapage nocturne par le tribunal correctionnel de Colmar (Haut-Rhin). Un mois plus tard il contracta un engagement de cinq ans dans la Légion étrangère, il signa un nouveau contrat de trois ans. Libéré en 1934, il vint à Paris habita 7 rue du Bois-des Caures dans le XVIIe arrondissement, il devint manutentionnaire aux magasins Dufayel, puis garçon de comptoir. Il épousa Marie Prada le 14 décembre 1935 à Paris (XVIIe arr.), le couple demeura 3 rue Marcadet à Paris (XVIIIe arr.).
Il se porta volontaire pour combattre en Espagne au sein des Brigades internationales, il partit le 28 novembre 1936 avec des espagnols. Il fut incorporé dans la XIVe Brigade internationale, blessé en décembre 1936 sur le front de Murcie, nommé lieutenant il participa ensuite aux combats de la cité universitaire à Madrid.
Muté dans la 126e Brigade, 28e Division il fit la campagne d’Aragon. Nommé chef d’État-Major dans l’armée de l’Est en 1937, avec ses hommes il participa à la campagne de Valence et de Teruel. Son épouse le rejoignit en 1937. Lors d’un bombardement aérien, il resta enseveli plusieurs heures avant d’être dégagé. Il rentra en France lors du retrait des volontaires internationaux en novembre 1938.
Réformé en novembre 1939, Eugène Slowenski exerça le métier de marchand forain sur les marchés. Sa patente n’ayant pas été renouvelé, il travailla un an pour l’organisation Todt sous le nom de Martin (nom de jeune fille de sa mère) dans l’Oise, l’Aisne et les Ardennes. Il retourna à Paris 45 rue Violet (XVe arr.).
Il vécut ensuite de trafics. Le 29 septembre 1941 il était condamné par défaut par la 13e Chambre correctionnelle de la Seine par défaut à six mois d’emprisonnement et vingt-cinq francs d’amende pour abus de confiance. Le 23 juin 1942 le Tribunal d’État émettait un mandat d’arrêt sous l’inculpation de recel et trafic de titres de rationnement. Le 7 juillet 1942 il était condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la confiscation des biens, pour recel et trafic de titres de rationnement.
Il entra en contact avec Walter Klein de nationalité allemande, ce dernier fut arrêté par la police allemande en 1933 pour appartenance au Parti communiste d’Allemagne. Il devint indicateur au service des nazis, envoyé en France il adhéra au Parti communiste pour l’infiltrer. Arrêté en septembre 1939 comme sujet allemand, il était interné au camp des Milles (Bouches-du-Rhône). Libéré fin septembre 1940, il entra au SD (service de sécurité de la SS). Walter Klein était une vieille connaissance d’Eugène Slowenski qu’il rencontra à la Légion étrangère. Klein l’hébergea dans un moulin à Giverny (Eure) où il éleva des volailles.
En mars 1944 Eugène Slowenski se présenta rue Lauriston (XVIe arr.), au siège de la Gestapo française, Henri Chamberlin alias Henri Lafont recrutait des hommes pour la Légion nord-africaine en formation. L’encadrement officiers et sous-officiers était constitué d’hommes de nationalité française. Ces hommes furent chargés de combattre les maquis en Corrèze, en Dordogne et en Franche-Comté. Il participa à certaines opérations, armé et revêtu de l’uniforme allemand.
Début juillet 1944, Eugène Slowenski prudent prenait contact avec le mouvement « Ceux de la Résistance – Vengeance » de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Son nom figurait sur des listes trouvées au siège de la Gestapo française rue Lauriston, Eugène Slowenski. Le 2 septembre 1944 une commission rogatoire était émise, interpellé le 15 septembre par la police judiciaire, fouillé il portait sur lui : un brassard tricolore portant le n° 195, un laisser-passer des F.F.I. sous-secteur de Boulogne portant le timbre du mouvement « Ceux de la Libération – Vengeance », un ordre de mission à son nom portant le cachet du colonel commandant des F.F.I. du département de la Seine, une pièce avec sa photographie émanant du commissariat de Boulogne-Billancourt destinée à faciliter ses déplacements, des fausses pièces d’identité au nom de Martin Eugène avec sa photographie etc.
Interrogé le 16, 17, 18, 25 et 28 novembre par des inspecteurs de la police judiciaire, les policiers reconstituèrent son parcours. Il nia avoir revêtu l’uniforme allemand et avoir été armé, puis il finit par le reconnaitre. Il donna les noms de ceux qui dirigeaient et encadraient les tueurs et tortionnaires de la Légion nord-africaine : Paul Maillebuau, Charles Cazauba, Alexandre Villaplane, Eddy Pagnon, Paul Clavié, Lucien Prévost, Michel Chave, Moura, Abel Danos, El Maadi, Monange, Edmond Delhaye, Jean Delchiappo, Mathieu Fioraventi, Jean Thilmont dit Jean de La Villette, Cabanne et Labussière.
Le secrétaire général des « Comités antifacistas en Francia » délivra le 23 juin 1945 une attestation certifiant qu’Eugène Slowenski était « un militant antifasciste lequel a fait la guerre d’Espagne avec le grade de Capitaine d’E.M. et a accompli en tout moment les missions qu’on lui a confié. […] je lui délivre le présent certificat ». Une seconde attestation en espagnol en date du 8 juillet 1947 était signée de Leopoldo Menéndez, général de l’armée, secrétaire adjoint de la défense nationale du gouvernement de la République. Le général confirmait qu’Eugène Slowenski avait combattu dans l’Armée républicaine dans la 24e division comme capitaine de l’État-Major de la 133e Brigade Mixte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186579, notice SLOWENSKI Eugène, Georges, Aloïse par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 novembre 2016, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/6/441 (transmis par Gilles Morin). – RGASPI (Moscou) 545.6.45/4. – Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Éd. Le Cherche Midi, 2005. — État civil.

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