Saint-Dizier-Leyrenne (Creuse), La-Croix-de-la-Mine, 19 juillet 1944

Par Michel Thébault

Le 19 juillet 1944 au matin, à Saint-Dizier-Leyrenne, eurent lieu à la fois un combat entre un escadron de l’École de la Garde de Guéret repliée au maquis, et un combat de rencontre entre le groupe Surcouf des maquisards du Cher qui devant la pression de la brigade Jesser avait choisi de regagner son département d’origine. L’unité de la brigade Jesser surprit le groupe Surcouf au bivouac dans un petit bois situé à La-Croix-de-la-Mine (commune de Saint-Dizier-Leyrenne, Creuse). Les troupes allemandes parvinrent à encercler le bois et à l’issue du combat on releva six morts dont « Surcouf » (Daniel Blanchard) et son adjoint René Van Gaver. De son côté l’École de la Garde eut deux morts à proximité, au lieu-dit La Villatte.

Le 6 juin 1944, René Van Gaver était à la tête des résistants de Combat qui investirent Saint-Amand-Montrond avec les FTP de "Hubert" (Lalonnier). Dans la nuit du 7 au 8 juin, environ trois cents maquisards du Cher se replièrent de Saint Amand-Montrond mise à feu et à sang par les soldats allemands et les miliciens, en direction de Guéret (Creuse) libérée le 7 juin par les forces de la Résistance creusoise. Ils emmenaient avec eux leurs prisonniers, les miliciens, les femmes trouvées en leur compagnie, dont Simone Bout-de-l’an, épouse du secrétaire général de la Milice. Ils suivirent le 9 juin 1944 en début de matinée (lors de la contre-offensive allemande contre la ville de Guéret) le repli des résistants creusois vers le sud, le point de repli se situant pour la compagnie Surcouf sur la commune de Masbaraud-Mérignat (Creuse), précisément au château de Masbaraud-Mérignat.
Après le passage de la division Das Reich et les combats et massacres du 9 juin 1944 au 12 juin 1944 (où deux maquisards du Cher Louis Rolland et Louis Bitaud
trouvèrent la mort), une période de calme relatif s’installa en Creuse. Les maquis du Cher repliés dans le sud de la Creuse connurent un répit relatif. La compagnie Surcouf participa, avec succès, à quelques coups de main contre la Milice et l’occupant au début du mois de juillet.
A la mi-juillet 1944, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. L’une des colonnes (colonne rapide du commandant Coqui, régiment de sécurité motorisé n°1000) entra dans le département le 14 juillet en venant de Murat (Cantal) et se dirigea vers le secteur d’Aubusson. Le 1er bataillon du régiment 1000 (commandant Vonalt) installa à Bourganeuf (Creuse) son PC opérationnel. A partir du 16 juillet en particulier, le commandement fit rayonner ses compagnies à partir de la ville avec l’objectif d’accrocher les groupes de maquisards présents dans le sud de la Creuse pour les éliminer.
Le mercredi 19 juillet au matin, des éléments de la colonne Jesser arrivèrent au lieu-dit le Pont de Murat (commune de Saint-Dizier-Leyrenne) et, parfaitement renseignés (disposant de cartes précises, localisant avec exactitude cinq cantonnements FFI), investirent plusieurs hameaux de la vallée du Thaurion. Le secteur de La Villatte tenu par un détachement de l’escadron 2/5 de l’école de la Garde fut attaqué par une forte unité allemande. Peu après les mêmes unités entrèrent en contact avec le groupe Surcouf qui avait bivouaqué pour la nuit dans un lieu peu propice à la défense, un étroit triangle boisé entouré de routes, à la Croix-de-la Mine (commune de Saint-Dizier-Leyrenne). Les maquisards furent rapidement encerclés et un violent combat s’engagea. René Van Gaver, parti en reconnaissance, (vraisemblablement au moment des combats tout proches de l’escadron de la Garde) fut tué au lieu-dit La Villatte non loin de la Croix-de-la-Mine. Daniel Blanchard « Surcouf », Marcel Danjon, Georges Cottereau, Albert Ravel, Émilien Trébujais, tombèrent au combat ; soixante-deux maquisards faits prisonniers furent conduits à Bourganeuf (enfermés dans la tour Zizim) et déportés (13 moururent en déportation) ; quinze hommes seulement réussirent à échapper à l’encerclement.
Une stèle fut établie après la guerre à la Croix de la Mine, route de Chauverne (Saint-Dizier-Leyrenne). Elle comprend neuf noms : les 5 maquisards de la compagnie Surcouf tués en ce lieu, Daniel Blanchard « Surcouf », Georges Cottereau, Marcel Danjon, Albert Ravel, Émilien Trébujais ; René Van Gaver de la même compagnie tué à peu de distance au lieu-dit La Villatte (même commune) ; elle mentionne aussi le nom de William Perlet maréchal des logis major de l’École de la Garde de Guéret, tué le même jour à peu de distance au combat de La Villatte entre un escadron de la Garde entré dans la Résistance et une unité allemande, et René Verdier, un jeune résistant engagé comme agent de liaison auprès de ce maquis de l’École de la Garde, également tué à La Villatte ; elle mentionne enfin le nom de René Vaslin FTP compagnie Daniel réfugié à Saint-Dizier-Leyrenne et tué le 18 juillet à Ceyroux (Creuse). Cette stèle reste le lieu de commémorations annuelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186625, notice Saint-Dizier-Leyrenne (Creuse), La-Croix-de-la-Mine, 19 juillet 1944 par Michel Thébault, version mise en ligne le 8 novembre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : Marc Parrotin Le temps du maquis Ed. Verso 1984 et Mémorial de la résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Tzvetan Todorov Une tragédie française été 44 scènes de guerre civile Ed. Le Seuil Coll. L’Histoire immédiate 1994 — — Amicale des cadets de la Garde — mémorial genweb — Article Le Populaire du Centre

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