Par Daniel Grason, Claude Pennetier
Né le 28 août 1898 à Paris (XIIIe arr.), mort le 11 janvier 1986 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) ; conseiller municipal communiste de Villejuif ; résistant ; déporté.
Fils de Georges Mathieu Alexandre, vingt-sept ans, cordonnier et de Marie-Louise Corcé, vingt-quatre ans, mécanicienne en chaussures, il naquit au 50, rue Gérard à Paris XIIIe arrondissement. Il épousa Eugénie Madeleine Malher le 16 juin 1917 en mairie du XIIIe arrondissement.
Maurice Cardin eut de nombreux emplois : garçon de bateau-lavoir, mécanicien, corroyeur chez Chabeur dans le XIIIe arr., artisan cordonnier. Il abandonna la rue Croulebarbe dans le XIIIe arr, au profit du lotissement Sainte-Yvonne à Villejuif, où il construisit de ses mains un pavillon avec des matériaux de démolition. La défense des Mal-lotis. Il travaillait à la société SCT 128, boulevard Victor-Hugo à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine).
Il fut élu conseiller municipal communiste de Villejuif en mai 1935, sur la liste dirigée par Paul Vaillant-Couturier. Il s’occupa particulièrement des colonies de vacances, notamment de la colonie Bernadoux. Le conseil de préfecture le déchut de son mandat le 29 février 1940 pour appartenance au Parti communiste. Il était mobilisé à Melun. Soupçonné de se livrer à la distribution de tracts du Parti communiste clandestin, son domicile fut perquisitionné sans succès par la police le 4 août 1942.
Mis en cause dans l’affaire Guilbert, Gilardet et autres… Des inspecteurs de la BS1 remarquèrent le 17 octobre 1942 qu’il ne venait plus à son domicile depuis une huitaine de jours. Il avait été vu pour la dernière fois le 10 septembre 1942 à 20 heures alors qu’il parlait avec Messaoud Ben Hamiche à 20 heures au café situé à l’angle de la rue du Moulin de Saquet et de la voie Coysevox à Vitry-sur-Seine. Le 12 novembre 1942 il fit l’objet d’un mandat d’arrêt pour activité communiste.
Pendant l’Occupation, Maurice Cardin milita dans la région parisienne sous le nom de Fernand Horace. Début septembre 1943 il vivait sous le pseudonyme de "Gibertin" au 71, rue Albert à Paris (XIIIe arr.). Il fut interpellé le 2 septembre au moment où il se présentait au domicile de la femme Noyer née Mathis. Fouillé, il portait sur lui deux fausses cartes d’identité et deux documents annotés. Aux termes de l’enquête, les policiers concluaient que Maurice Cardin était le responsable technique de la région 89 et « vraisemblablement de l’inter-région de Paris ».
Il fut emprisonné à la Santé, aux Tourelles, aux camps de Rouillé (Vienne) et de Voves (Eure-et-Loir), puis à Compiègne. Il était le 21 mai 1944 dans le convoi de 2004 hommes qui partit de Compiègne à destination de Neuengamme en Allemagne, les déportés arrivèrent trois jours plus tard. Matricule 31892 Maurice Cardin fut affecté à Helmstedt-Beendorf, lieu d’un kommando de travail où les détenus (es), femmes et hommes travaillaient à la construction d’usines souterraines dans deux anciens puits de mines, puis à Wöbbelin à la construction d’un camp pour les prisonniers de guerre. Le camp fut libéré le 2 mai 1945, Maurice Cardin avait survécu aux épreuves. La moitié des déportés de ce convoi étaient morts, il rentra en France le 20 juin.
Son nom figure en novembre 1944 sur la liste des conseiller municipaux provisoire malgré son éloignement. Il créa une échoppe de cordonnier devant son pavillon 10 impasse Sainte-Yvonne. Réélu conseiller municipal communiste de Villejuif le 19 octobre 1947 dans la municipalité Louis Dolly, il le demeura jusqu’en 1977. Il dirigea les colonies de vacances de la ville et créa la colonie de Plougrescan (Côtes-du-Nord). Maurice Cardin militait toujours au Parti communiste en 1978. Il succéda à Louis Dolly, comme président des Vétérans communiste de Villejuif.
Maurice Cardin a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il était père d’une fille. Il mourut le 11 janvier 1986 et fut enterré au cimetière de Villejuif. Une salle municipale du centre-ville porte son nom.
Par Daniel Grason, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. PPo. GB 68, PCF Carton 8 dossier 22. – Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1. – Arch. com. Villejuif. – Renseignements recueillis par C. Escoda. – État civil Paris XIIIe V4E 9543 acte n° 1926. — Notice du DBMOF par Jean Maitron et Claude Pennetier. – Marcelino Gaton, Carlos Escoda, Mémoire pour demain, Graphein, 2000.