Par Claude Pennetier
Né le 11 juin 1943 à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) ; professeur d’EPS ; militant de l’UJCF, de l’UEC et du PCF, secrétaire de la section communiste de Clichy (1969-1977) ; député suppléant (1973-1978) ; militant syndicaliste du SNEP, secrétaire académique et national du SNEP, secrétaire départemental et coordinateur régional de la FSU.
Fils unique d’un ouvrier rotativiste, – Roger Cardon, un des responsables du syndicat CGT du Livre parisien – et de Marguerite Denis, professeure de collège à Clichy (Hauts-de-Seine), Pierre Cardon fut élevé dans un milieu familial acquis aux idéaux progressistes.
Au lycée Condorcet, il s’engagea dès l’âge de quinze ans pour la Paix en Algérie, en diffusant le « Manifeste des 121 », et en militant dans un petit collectif, « Témoignages et documents », dont le siège était rue du Landy à Clichy, à deux rues de chez lui. Il participa au comité antifasciste du lycée Condorcet créé par Alain Krivine. Il chercha à adhérer à la Jeunesse communiste, mais le secrétaire du cercle du lycée, Alain Krivine, le jugeait trop acquis à la ligne du PCF (trop « stalinien »). Il adhéra alors en 1959 à l’UGS (Union de la gauche socialiste), créée en 1957 par Gilles Martinet, Claude Bourdet et Yves Jouffa). Il en fut trésorier – à 16 ans – pour la section parisienne. À la dissolution de l’UGS en 1960, il ne rejoignit pas le PSU, mais adhéra à l’UJCF.
Devenu secrétaire du cercle du lycée Condorcet, puis membre du bureau lycéen parisien de la JC parisienne, suivi par Jean Gager*, il participa à toutes les manifestations pour la Paix en Algérie. Léon Zitrone l’interviewa en 1960, en tant que représentant des JC, pour une émission de « 5 colonnes à la Une », consacrée à la guerre d’Algérie. Interview censurée. Pierre Desgraupes déclara en 1961 : « il y a très peu de censure […]. Il y a seulement des pressions politiques qui nous font choisir tel sujet. Une seule séquence, sur l’Algérie, a sauté il y a un an environ. »
Arrêté lors d’une manifestation non-violente en 1961, à laquelle son cercle avait décidé d’envoyer un observateur, Pierre Cardon côtoya en cellule Lanza del Vasto* dont la personnalité le fascina. II participa au début d’un des cortèges de la manifestation du 17 octobre 1961 se dirigeant vers les grands boulevards, mais des amis algériens lui conseillèrent d’en partir. C’est dans un café algérien qu’il fêta le 19 mars 1962, le jour de l’indépendance algérienne, son adhésion au PCF à Clichy – avec son père et un de ses collègues algérien, que les rotativistes de France-Soir avaient réussi à faire libérer du camp de transit de Vincennes, au bout de quinze jours de manifestations journalières.
Pierre Cardon passa son bac « philo » à Saint-Germain-en-Laye. À l’UJCF, il devint secrétaire du secteur des lycées de Seine-et-Oise au début de 1962. Il fut condamné en correctionnelle pour diffamation de menées OAS à l’encontre d’un professeur, pour un article paru dans le journal Avenir des lycéens communistes. Maître Pierre Kador* assura sa défense et fit faire valoir, en vain, que la main courante prouvant cette assertion avait curieusement disparu. Cette condamnation ne figura cependant pas dans son casier judiciaire, car il était mineur.
Il suivit ensuite les études du professorat d’éducation physique et sportive à Saint-Germain, puis en 1964 à Caen (Calvados), où il adhéra à l’UEC et à l’UNEF. Il fut élu vice-président de l’AGEC (Association générale des étudiants de Caen), mais exclu de l’UEC en 1965, pendant ce qu’il appela la « période Krivine-Robrieux ».
Pierre Cardon se maria en 1966 avec Claudine Hamet, agrégée d’histoire-géographie, qui devint par la suite professeure au lycée Honoré de Balzac à Paris, docteure en histoire, historienne de la déportation, et il termina sa formation au professorat à l’UEREPS de Paris en 1967. Ils eurent deux fils, Yann, devenu ingénieur architecte informatique, et Loïc, directeur artistique.
En 1966, avec un camarade étudiant en EPS à Bordeaux, Daniel Dubroca, il recréa l’ONEPS (secteur EPS de l’UNEF), qui avait déjà été créé par Marcel Berge quelques années auparavant, puis recréé par Jacques Rouyer. En 1967, après six mois d’enseignement à temps partiel comme maître auxiliaire d’EPS à l’École des Ponts-et-Chaussées, il fut nommé à la rentrée 1967-1968 professeur d’EPS à l’École nationale de Radioélectricité et lycée technique de Clichy. II adhéra au SNEP-FEN et participa en 1967 à un bureau départemental « ouvert » où les deux tendances autonome et Unité et Action cohabitaient.
En 1968, il était membre du secrétariat de section du PCF de Clichy. En grève depuis le début du mois de mai, il participa activement au mouvement ouvrier local, en particulier au déclenchement de l’occupation des usines Citroën de Clichy. Avec ses camarades, il y organisa une école élémentaire du PCF et s’investit dans le service d’ordre de nombreuses manifestations, dont celle du 13 mai 1968, comme responsable du SO devant la Sorbonne.
Après un service militaire de seize mois, il devint premier secrétaire de section du PCF de Clichy (1969 à 1977). Il suivit une école centrale d’un mois du PCF en 1970, dont la co-directrice était Annick Davisse. Il fut élu suppléant du député communiste de la circonscription de Clichy-Levallois-Perret, de 1973 à 1978, Parfait Jans.
Au SNEP-FEN, il siégeait à la CA départementale des Hauts-de-Seine de 1967 à 1969-1970, et devint en 1971, membre du secrétariat académique de Versailles.
À partir de 1982, tout en restant militant au PCF, il consacra l’essentiel de son activité militante au syndicalisme. De 1984 à 1990, il appartint au secrétariat national du SNEP (secteur pédagogique), participa en 1984 aux commissions « horizontales » ministérielles et à la commission interministérielle « sport et santé ». Membre de la délégation du SNEP qui obtint le coefficient 1 en EPS au baccalauréat, il participa aussi à l’équipe qui produisit les trois premiers livres pédagogiques du SNEP, dont le succès de vente fut immédiat (plus de la moitié de la profession). Il continuait cependant à militer dans son académie, était commissaire paritaire de 1984 à 2003, élu avec des pourcentages régulièrement très élevés : 92 % des votants pour son dernier mandat. Et il assura la responsabilité de secrétaire académique, de 1990 jusqu’en 1994.
En 1992, la scission de la FEN se précisa à la suite de l’exclusion du SNES et du SNEP, conduisant à la création de la Fédération syndicale unitaire en 1993. Pierre Cardon devint le premier secrétaire départemental de la FSU des Hauts-de-Seine et participa à ce titre à l’élaboration des premiers statuts fédéraux nationaux. De 1984 à 1997, il poursuivit l’animation, avec trois militants de la FEN, du SGEN et de la FCPE, du collectif du « 16 janvier » des Hauts-de-Seine, qui mena campagne contre la « Fac Pasqua » et qui rassembla jusqu’à 16 organisations départementales. En 1993, il fut à l’origine de la première conférence de presse départementale commune, FSU, CGT et les premières composantes départementales de SUD (Santé, Impôts, PTT, dont le représentant était Olivier Besancenot*). Aux élections professionnelles de 1996, la FSU 92 devint la première fédération enseignante du département.
En 1995, Pierre cardon assura la responsabilité de coordonnateur de la FSU « Région parisienne » pendant le grand mouvement social contre le « plan Juppé ». Toujours investi de cette fonction de coordonnateur académique FSU, il participa activement à la grève des ZEP de l’académie de Versailles en 1998, qui obtint le classement en ZEP des maternelles et du 1er degré. Jusqu’à sa retraite en 2003, il resta membre de la coordination régionale FSU et du bureau académique de son syndicat.
À partir de cette date, il se réinvestit dans le militantisme politique au PCF, en étant membre du comité et du bureau fédéral des Hauts-de-Seine, membre du comité régional.
Il participa par ailleurs activement aux recherches et à la tenue du site initié par son épouse, Claudine Cardon-Hamet, auteure d’une thèse intitulée Déportés politiques à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942, convoi majoritairement composé de syndicalistes et de communistes.
Membre depuis 1985 du comité de rédaction de la revue Enjeux-UA du courant de pensée « Unité et Action », il en assurait toujours en 2022 la mise en page, bénévolement depuis 1998.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Comité national du PCF. — Arch. SNEP et FSU. — Revue Unité et Action puis Enjeux-UA. — Renseignements fournis par le biographié à Claude Pennetier, et précisés à Alain Dalançon.