CARIOU Alain [CARIOU Jean, Alain]

Par Jacques Girault, Claude Pennetier, Jocelyne Prézeau

Né le 9 avril 1915 à Plogonnec (Finistère), mort le 7 avril 1998 à Brest (Finistère) ; instituteur ; résistant ; secrétaire de la fédération communiste du Finistère (1946-1947) ; responsable départemental des mouvements laïques.

Fils de cultivateurs dont le mari travailla comme terrassier à Paris, Alain Cariou, élève de l’école primaire supérieure de Quimperlé de 1927 à 1932, entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Quimper en 1932 et obtint le brevet supérieur en 1935. Sa scolarité fut passable à la différence de ses stages excellents où ses qualités pédagogiques furent appréciées. Il enseigna à Quéménéven comme intérimaire puis comme stagiaire et obtint le certificat d’aptitude pédagogique en octobre 1935. Il effectua son service militaire d’octobre 1936 à octobre 1938 dans un régiment du Train à Nantes (Loire Inférieure/Atlantique) qu’il termina avec le grade de maréchal des logis dans un régiment de dragons à Provins (Seine-et-Marne). Blessé lors d’un accident de side-car, le 16 août 1938, soigné à l’hôpital militaire Percy à Clamart (Seine/Hauts de Seine), il fut réformé définitif (invalidité de 45 %).

Il se maria en août 1939 à Ploéven avec une institutrice. Le couple eut un fils pendant la guerre puis deux autres garçons après 1945.

Après avoir enseigné comme intérimaire à partir de février 1939 à Audierne, puis un trimestre à Esquibien (octobre 1939-décembre 1940), il dirigea l’école de garçons de Goulien, de janvier 1941 à la fin de l’année scolaire 1945-1946. Dès sa nomination, il fut le secrétaire de la Caisse des écoles et de la société sportive locale. Sa première inspection en décembre 1941 fut excellente. En 1944, il s’occupait toujours activement des œuvres annexes de l’école (Croix rouge, œuvre des pupilles, caisse des écoles, société sportive, comité des prisonniers).

Alain Cariou fut directeur des écoles primaires de Ploéven en 1947-1948 puis de Plogoff (ainsi que du cours complémentaire) de 1948 à 1955. Il enseignait dans la classe des grands (cours moyen et fin d’études) et gérait les cantines scolaires et la bibliothèque scolaire. À Plogoff, enseignant les sciences et les mathématiques dans les divisions de cours complémentaires, il fut pérennisé en 1953 comme professeur de CC puis de collège d’enseignement général. Militant laïque, il avait des responsabilités périscolaires locales dans les amicales laïques et départementales. Nommé à Brest (école des quatre Moulins) en 1955, il rejoignit immédiatement un poste au collège technique national (garçons) de Brest où, maître auxiliaire, délégué rectoral, il assura l’intérim de l’enseignement des sciences à partir d’octobre 1955. Enfin il occupa un poste d’instituteur, délégué rectoral, détaché au collège d’enseignement secondaire Kérichen, pour enseigner les mathématiques de 1964 à sa retraite en 1971.

Membre du Parti communiste en 1938, Alain Cariou, en contact, depuis le15 octobre 1941, avec une organisation de Résistance, adhéra au Front national le 1er mars 1942 à la section de Pont-Croix (groupe Le Meur) qui effectua notamment des sabotages de lignes téléphoniques et organisa des distributions de matériel clandestin et des transports d’armes et de munitions de l’île de Sein à la baie des Trépassés. Responsable cantonal du Front national et du secteur du Cap Sizun, organisateur du maquis de Scaër en juillet 1943, commandant de la compagnie « Catroux » après le 6 juin 1944, il participa aux combats de la libération du Cap Sizun et d’Audierne en août 1944, selon les attestations pour obtenir en 1953 la carte de Combattant volontaire de la Résistance. Démobilisé des FFI le 28 septembre 1944, vice-président du comité départemental de Libération en 1944-1945, il fut élu membre du conseil central de la Renaissance française lors de ses États généraux, chargé de la coordination de l’organisation dans les quatre départements bretons, et détaché pour ses responsabilités dans les organisations du Conseil national de la Résistance en 1944-1945.

Désigné comme secrétaire à la propagande de la fédération du Parti communiste français à la Libération, il suivit l’école centrale au début de 1946 et fut réélu secrétaire fédéral lors de la IXe conférence fédérale (10-11 août 1946). Permanent d’octobre 1946, il quitta cette responsabilité dans le courant 1947 et fut remplacé par Marie Lambert.

Dans ses souvenirs, Jean Nedelec dressa un portrait chaleureux d’Alain Cariou qui l’avait fait adhérer au PCF : "C’était un formidable débatteur, alliant le breton au français". Il décrit en particulier la contradiction que Cariou porta à un député de droite, Monteil, lors d’une réunion électorale à Plouyé. Alain Cariou monta sur scène et se mit à interpeller, avec humour, la salle en breton. Monteil, à son grand dam, n’y comprenait rien et ne savait plus quoi dire. Il se retira assez honteusement, laissant la place au communiste Alain Cariou."
Jean Nedelec assista à la neuvième conférence fédérale d’août 1946, dans la salle des fêtes de Quimper. Jeannette Vermeersch représentait la direction nationale. « Quel ne fut pas mon étonnement de l’entendre reprocher à Alain Cariou, avec violence, je ne sais quels manquements à son travail de dirigeant. Ce fut la première grande surprise d’un jeune adhérent. Alain Cariou, pris pour cible encore lors de la treizième conférence fédérale à Douarnenez, les 4 et 5 mars 1950, en présence de Jacques Duclos. J’ai conservé les documents de l’époque et quand je les relis, en ce début du XXIe siècle, je demeure effaré devant ce qui est écrit. Dans un chapitre intitulé "La Critique et L’autocritique" je note : “Le camarade Cariou doit encore aller plus loin et rechercher ailleurs que dans son tempérament la source de ses erreurs. Et, si ce premier pas signifie chez lui une victoire de l’esprit de parti sur l’amour-propre petit-bourgeois, il y manque encore l’essentiel : une participation beaucoup plus active à la correction des erreurs qui se sont répercutées dans l’ensemble de la Fédération, en premier lieu dans le mouvement laïque.” »
Jean Nedelec ajoutait « Je dois dire combien Alain Cariou m’a ouvert d’horizons, lors d’une École fédérale qu’il dirigeait à Tal-Ar-Groas en Crozon, dans les années 1950. Quand on sait la fidélité de ce camarade au Parti communiste, le rôle important qu’il a joué dans le mouvement laïque, j’ai toujours trouvé les critiques contre lui injustifiées."

En 1954, à Plogoff, Cariou, qui n’était plus membre du comité fédéral, participait à l’activité communiste.

Au conseil d’administration du Comité d’action laïque du Finistère, le 9 décembre 1948, lors de l’élection du bureau, Jean Le Pemp, secrétaire général sortant, proposa de reconduire le bureau précédent. Alain Cariou prit la parole : « Mon cher Le Pemp, tu as beaucoup de responsabilités dans le mouvement laïque, au CAL, aux parents d’élèves, au SNI... c’est pourquoi je suis candidat au poste de secrétaire général du Comité d’Action Laïque. » Étonnement de Le Pemp qui ne s’attendait certes pas à cette candidature. Force fut de mettre aux voix cette demande d’Alain Cariou. Vote à mains levées et résultat : Même nombre de voix pour chaque candidat. Le Pemp ayant remarqué qu’un membre du conseil d’administration n’avait pas pris part au vote, l’interpella. Il s’agissait de Francis Madec, Secrétaire Général de la Fédération des Œuvres Laïques depuis 1930, date de la naissance de cette fédération. Pressé de prendre une décision, Francis Madec déclara : « Je vote pour Alain Cariou. » Cette élection témoignait des progrès rapides des communistes dans les milieux de l’enseignement primaire du Finistère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18685, notice CARIOU Alain [CARIOU Jean, Alain] par Jacques Girault, Claude Pennetier, Jocelyne Prézeau, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 août 2021.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier, Jocelyne Prézeau

SOURCES : Arch. Nat., F7 15477, dossier 151 Alain Signor. — Arch. Dép. Finistère (Émilie Goubin), 176 W 4, 1622 W 31. — Arch. comité national du PCF. — Eugène Kerbaul, Dictionnaire biographique de militants du Finistère. — Presse locale. — Jean Nedelec, 1920-1980. 60 ans de vie militante dans le Finistère, sd, Maison de la lecture, fédération des œuvres laïques du Finistère.

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