PAPASSAVAS Argiris

Par Daniel Grason

Né le 26 juin 1894 à Gallipoli (Turquie), mort le 18 janvier 1944 à Mauthausen (Autriche) ; garçon de café ; militant de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.), F.T.P.

Fils de Nicolas et d’Hélène, née Chrisacula, Argiris Papassavas était de nationalité Grecque. Veuf, il était père d’une fille. Il s’engagea le 22 août 1914, il combattit avec le 1er Régiment de la Légion étrangère, blessé au combat en 1915 à Carency (Pas-de-Calais), l’armée le libéra en 1916, et le réforma sans pension. En 1934 il demanda la nationalité française, il ne l’obtint pas. Il exerça la profession de garçon de café.
Le 15 mars 1940 un informateur prévint la police, des tracts communistes ronéotypés étaient diffusés au café « Le Tonneau », 132 boulevard de Grenelle (XVe arr.). L’indicateur désignait Argiris Papassavas. Une enquête fut ouverte, l’établissement surveillé, l’exactitude de la dénonciation ne fut pas établie.
Argiris Papassavas demeura du 5 août 1940 au 22 février 1941 au 13 rue de la Smala à Paris (XVe arr.). Des policiers du quartier de Grenelle l’interpellèrent le 21 février 1941 alors qu’il collait des tracts du Parti communiste sur les murs des immeubles en compagnie d’un autre militant Marius Marioni. Ce dernier de nationalité italienne fut livré aux Autorités allemandes.
Les policiers trouvèrent chez Argiris Papassavas trente-deux pièces de bronze usinées dont il ne put préciser la provenance. Incarcéré à la prison de la Santé, il comparut le 13 mai 1941 devant la Cour d’Appel de Paris et fut condamné à six mois de prison pour infraction du décret-loi du 26 septembre 1940 et « propagande germanophobe » ainsi que pour « vol ». Il purgea sa peine à Fresnes puis au fort de Villeneuve-Saint-Georges (Seine, Val-de-Marne).
À sa sortie de prison il habita 1 rue de la Croix-Nivert (XVe arr.). Argiris Papassavas travailla quelques temps comme garde-voies à la gare de La Folie à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Il reprit son métier de garçon de café. Un résistant F.T.P. tabassé lors d’un interrogatoire donna son nom, trois inspecteurs de la BS2 se présentèrent sur son lieu de travail le 29 novembre 1942 au café « L’Étoile d’Or », 41 rue Félix-Faure (XVe arr.) et l’arrêtèrent. Fouillé, il portait sur lui : un carnet de notes, deux talons de mandat portants les noms et adresses de Marius Marioni et de Georgette Patay, une feuille manuscrite avec un prénom et une adresse, et un nom avec une autre adresse sur un autre feuillet.
À son domicile les policiers saisissaient un pistolet automatique calibre 8,35 mm était saisi ainsi que son chargeur garni de six cartouches, et une boîte de vingt-cinq cartouches de calibre 8 mm pour revolver à barillet.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il affirma qu’il n’avait jamais été membre du Parti communiste mais sympathisant. Un militant le contacta à la mi-novembre 1942 au café où il travaillait et lui avait proposé d’entre dans les « T.P. » (Troupe populaire). Un rendez-vous fut fixé Argiris Papassavas rencontra un responsable, un policier lui présenta une photographie, c’était bien l’homme qu’il avait vu. Il rencontra le jeudi suivant au métro Duroc le même résistant accompagné de trois hommes.
Les policiers lui présentèrent deux photographies, il reconnut l’homme et la femme. Il déclara : « Je n’ai commis aucun attentat, et j’ignore si les camarades avec qui j’étais en liaison en ont commis ». L’analyse de son pistolet par le laboratoire municipal confirma la déclaration de Papassavas, l’arme n’avait jamais été utilisée dans un attentat.
Frappé lors de l’interrogatoire, il fut sommé de s’expliquer sur la provenance de la boîte de cartouches. Il affirma l’avoir trouvée sur les rails de la voie ferrée de la gare de La Folie quand il était garde-voies. Quant aux talons de mandats, l’un lui avait été adressé par son amie Georgette Patay et l’autre par Marius Marioni, quand il était en prison.
Incarcéré, Argiris Papassavas était le 16 août 1943 dans l’un des wagons aux fenêtres grillagées qui partirent le 16 août 1943 de la gare de l’Est à destination de Sarrebruck. Les cinquante-deux hommes furent dirigés sur le camp de Neue Bremm. Le 26 août vingt-quatre prisonniers étaient envoyés au camp de Mauthausen (Autriche), six étaient impliqués dans la même affaire : Agiris Papassavas, Jules Miline, André Saltel, Oswald Zavodsky, Louis Duriez et Edmond Hirsch. Tous étaient « NN », Nuit et Brouillard, ce qui signifiait destiné à disparaître. Matricule 34593, Argiris Papassavas mourut à Mauthausen le 18 janvier 1944. Sur les listes du camp son nom et prénom étaient orthographiés Papassawas Argiéris.
Son arrestation et sa destinée furent évoquées le 27 mars 1945 devant la commission d’épuration de la police. Sa fille demeurait en province, elle ne fut pas prévenue. Elle vivait à Saint-Étienne dans la Loire, elle écrivit le 15 février 1956 au Préfet de police de Paris. Ayant déposé une demande d’attribution d’une pension au ministère des Anciens combattants, elle demandait des renseignements sur son père.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186871, notice PAPASSAVAS Argiris par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 novembre 2016, dernière modification le 13 novembre 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2 carton 20, 1W 0092, KB 6, transmis par Gilles Morin 1W 599. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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