COLOMBO Pia [COLOMBO Éliane, Marie, Amélie, dite]

Par Julien Lucchini

Née le 16 juillet 1930 à Homblières (Aisne), morte le 16 avril 1986 à Créteil (Val-de-Marne) ; comédienne, chanteuse « Rive-Gauche ».

Le père d’Éliane Colombo, d’origine milanaise, était ouvrier chaudronnier. Sa mère était originaire du Nord, où naquit sa fille. Dès sa naissance, Éliane Colombo fut confiée à sa grand-mère maternelle, dont elle fut très proche. Elle passa son enfance à Homblières où elle suivit une scolarité tourmentée et très vite interrompue. Vers 1942, elle et sa grand-mère rejoignirent ses parents en région parisienne et s’installèrent à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Ayant assisté, en famille, à certaines représentations au Théâtre du Châtelet, Éliane Colombo se prit de passion pour le chant et la danse et, en dépit des hésitations de ses parents, entra comme petit rat à l’Opéra de Paris. Son apprentissage fut interrompu en 1949 par une angine mal soignée qui se mua en danse de Saint-Guy. Éliane Colombo, gravement amoindrie, en guérit trois ans plus tard mais dut renoncer définitivement à une carrière de danseuse. Elle s’orienta alors vers le théâtre et s’inscrivit au cours Simon. Elle y retrouva une ancienne condisciple du Châtelet qui, ayant monté un spectacle au Centre américain, lui demanda de chanter sur scène. Maurice Fanon, alors professeur d’anglais, l’y entendit et l’encouragea à embrasser la carrière de chanteuse.

Éliane Colombo passa alors plusieurs auditions, sans succès, jusqu’à ce que Léo Noël, cofondateur du cabaret « l’Écluse », ne l’engage. Elle prit alors le nom de scène de Pia Colombo et enregistra son premier disque. En 1956, elle emménagea, avec sa grand-mère, chez Maurice Fanon, qu’elle épousa trois ans plus tard. Elle devint dans le même temps l’interprète des chansons de son époux, qui lui écrivit notamment l’Écharpe, chanson qui participa pour beaucoup à sa notoriété. Le couple se sépara en 1963 mais tous deux restèrent très proches et continuèrent longtemps de travailler ensemble.

Elle se produisit, dans les années qui suivirent, au « Port du Salut », à « La Colombe », à l’Olympia – où elle assura la première partie de Georges Brassens –, mais aussi à Bobino. Programmée par Jacques Canetti aux « Trois Baudets », elle devint l’interprète de chansons de Brassens (Les croquants), de Jacques Brel (La valse à mille temps), mais aussi de Claude Nougaro (Le rouge et le noir) ou encore de Serge Gainsbourg (Défense d’afficher). La vague yé-yé du début des années 1960 l’obligea à mettre sa carrière musicale entre parenthèses et, dès lors, Pia Colombo renoua avec le théâtre. Dès 1962, elle interpréta, sous la direction de Roger Planchon, le premier rôle féminin pour Schweyk dans la Deuxième Guerre mondiale, de Bertold Brecht. En 1966, elle se produisit au Théâtre national populaire, dans Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, qui fut un succès et qui lui laissa un souvenir impérissable.

Si Pia Colombo s’était faite plus rare sur les scènes des cabarets, elle n’avait pas pour autant cessé de chanter. En 1964, elle avait à nouveau assuré la première partie de concert de Georges Brassens et, l’année suivante, elle avait compté parmi les dix artistes (avec Jean Ferrat, Maurice Fanon, Christine Sèvres ou Claude Vinci, entre autres) qui s’étaient produits à La Mutualité pour un gala de soutien aux victimes du tremblement de terre de M’sila, en Algérie. En 1965, après un échange avec Joël Holmès, elle enregistra la chanson Rue des rosiers, qui évoquait la rafle du Vel’ d’Hiv’ de 1942. Deux ans plus tard, elle se produisit en tournée en Union soviétique.

En mai-juin 1968, Pia Colombo participa, avec d’autres artistes, à quelques actions de soutien. Le 14 mai, avec entre autres Leny Escudero, on la vit chanter à l’Olympia lors d’un gala de soutien aux enfants victimes de la guerre du Vietnam, au profit de la Croix-Rouge. Avec Maurice Fanon, Jean Ferrat ou Dominique Grange, elle se rendit à plusieurs piquets de grève. Enfin, elle prit part avec Isabelle Aubret et Georges Moustaki à un concert de soutien aux grévistes dans Bobino, alors occupé. Dans les années qui suivirent, elle se fit l’une des principales interprètes, sur la scène française, des chansons de Bertold Brecht. En 1969, le répertoire de Pia Colombo fut récompensé par le Grand-Prix de l’Académie Charles-Cros. Toujours en 1969, elle interprète, vêtue en entraîneuse, La Chanson de Craonne pour des soldats anglais dans le film du réalisateur Richard Attenborough Oh what a lovely war !.

Pia Colombo continua de monter sur les planches et d’interpréter des pièces de Brecht, notamment au festival d’Avignon. En 1973, elle fut invitée à se produire à la Fête de l’Humanité. Elle donna des concerts en Italie, à Cuba et aux États-Unis. Soutien déclaré de François Mitterrand aux élections présidentielles de 1974, Pia Colombo devint dans les années qui suivirent l’une des interprètes de Léo Ferré, et s’engagea dans plusieurs mouvements de soutien au peuple chilien après le coup d’État du général Pinochet.

À la fin des années 1970, on lui diagnostiqua un cancer et, pendant plusieurs années, ses apparitions publiques se firent rares. Elle joua néanmoins dans un spectacle écrit par son ex-mari, Maurice Fanon, Requiem autour d’un temps présent, et se produisit une dernière fois à l’Olympia en 1981. Elle mourut quelques années plus tard, à l’âge de cinquante-cinq ans, et fut incinérée au crématorium du Père-Lachaise. Après son décès, sa ville natale d’Homblières donna son nom à sa salle des fêtes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article186889, notice COLOMBO Pia [COLOMBO Éliane, Marie, Amélie, dite] par Julien Lucchini, version mise en ligne le 13 novembre 2016, dernière modification le 15 mai 2017.

Par Julien Lucchini

SOURCES : Louis-Jean Calvet, Cent ans de chanson française (1905-2005), Paris, l’Archipel, 2006. — Sites Internet. — Notes de Claude Pennetier.

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