Par Benoit Willot
Née le 31 octobre 1859 à Sainte-Geneviève-sur-Argence (Aveyron), morte le 15 octobre 1917 à Paris (XIIIe arr.) ; employée ; coopératrice à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) et Champigny-sur-Marne.
Victoria Bès vit le jour au village de Vabres, sur la commune de Sainte-Geneviève-sur-Argence. Elle était la fille de Casimir Bès, cultivateur de 27 ans, et de sa très jeune épouse Antoinette, Virginie Debès, 17 ans.
Elle était la compagne de Marie Henri Brégeot, dit Henry Vaudémont (qui utilisait également le pseudonyme de Gringoire). Bien qu’ils ne furent pas mariés, elle se nommait « Mme Vaudémont ». La relation fut durable, quoique parfois orageuse. Ainsi, elle se présenta en décembre 1887 à l’hebdomadaire radical-socialiste dont son compagnon était le rédacteur en chef, Voix des communes, et braqua un revolver sur lui. Ils vivaient tous les deux à Joinville-le-Pont (Seine, actuellement Val-de-Marne).
Elle devint administratrice de la société de consommation « La Populaire », fondée en 1886, à Champigny-sur-Marne. Elle représenta cette coopérative lors du congrès coopératif de Grenoble en 1893, où elle fut la seule femme à exercer ce rôle comme le relève Bernardot, délégué du familistère de Guise. La coopérative, transférée en 1894 à Joinville-le-Pont, fut dissoute en décembre 1895.
Membre du groupe de libre-pensée la Raison (Bry, Alfortville, Joinville), Victoria Vaudémont assista en 1893 et 1894 à plusieurs séances du Conseil central de la Fédération française de la libre-pensée.
En septembre 1895, Victoria Vaudémont organisa, avec un militant radical-socialiste, Pierre Jules Tireau, une souscription « Pour les affamés de Carmaux », qui recueillit dans la commune de Joinville des dons de plus de 260 personnes en faveur des grévistes de la verrerie.
Après le décès d’Henry Vaudémont en juillet 1896, elle fut dans l’obligation de pourvoir à son existence, et s’adressa aux organes coopératifs pour obtenir une place de caissière dans une société. Cette demande fiut soutenue au cours du 9e congrès coopératif, tenu au musée social en octobre 1896. La Fédération de la libre-pensée lança également une souscription pour lui venir en aide, qui reçut les versements de douze structures et de six libres-penseurs.
Victoria Vaudémont résidait à Paris (Xe arr.), 10, rue de Paradis, fin 1896.
Elle mourut à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en 1917. Elle était alors domiciliée au 11, rue de la Glacière (XIIIe arr.).
Par Benoit Willot
SOURCES : Arch. Dép. Aveyron (état civil). — Arch. Dép. Val-de-Marne (recensements). — Voix des communes, hebdomadaire, 1886-1896. — L’Union coopérative, bulletin, 1896-1897. — Libre-pensée, bulletin, 1894-1896. — Revue de la prévoyance et de la mutualité, 1894. — État civil de Paris XIIIe arr., 1917, Décès, Acte n°3403 (Filae). — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.