CARLIER Édouard, Gustave

Par Jean-Pierre Bonnet, Martine Bottineau, Marie-Louise Goergen

Né le 21 décembre 1905 à Lillers (Pas de Calais), mort le 24 avril 1991 à Liévin (Pas-de-Calais) ; cheminot ; syndicaliste CGTU puis CGT et militant communiste du Pas-de-Calais ; député communiste (1962-1968, 1973-1978).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Le père d’Édouard Carlier était ouvrier, peintre en bâtiment et père de huit enfants en tout, quatre filles et quatre garçons, deux moururent en bas âge. Sa mère était femme de ménage.

Édouard Carlier fréquenta l’école maternelle Michelet jusqu’à l’âge de six ans, puis l’école primaire. De cette période, il dira : « Tout m’intéressait, j’étais un bon élève et j’apprenais facilement. » Lors de la Première Guerre mondiale, les Carlier se virent contraints de quitter Béthune et se retrouvèrent à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Là, il entra à douze ans dans une petite usine.

De retour à Béthune, il fit les marchés avec ses frères et sœurs. De novembre 1925 à octobre 1926, il effectua son service militaire (110e d’Infanterie) où il suivit les cours de musique. Après son service, il obtint du travail dans une usine de Nœux-les-Mines où il resta quelques années. De plus, il jouait au football avec les cheminots de Béthune et finit par entrer lui-même aux chemins de fer en août 1928, d’abord comme mécanicien, puis comme conducteur de train

Édouard Carlier devint rapidement adhérent à la CGTU, puis trésorier et enfin secrétaire du syndicat. Il donna son adhésion au Parti communiste en 1934. L’unité syndicale CGT-CGTU permit d’avoir un grand syndicat cheminot à Béthune, fort de 1 150 adhérents. Les élections municipales de mai 1935 furent l’occasion pour les adhérents et sympathisants du Parti communiste de présenter une liste. Édouard Carlier y figurait, mais aussi d’autres militants ouvriers parmi lesquels Gaston Coquel* (métallurgiste), tête de liste du Bloc ouvrier et paysan, Paul Carron (peintre en bâtiment), Léopold Mouchon (cheminot retraité), Alfred Delerue (ajusteur), Armand Racine (artisan carreleur) et Odoiska Boulenge (cheminot). Le poste de maire revint finalement à André Legillon, radical indépendant, confirmant les orientations centristes de la ville.

Le 30 novembre 1938, il participa à la grève de protestation contre les décrets Daladier (entre autre remise en question de la loi de 40 heures). La répression fut très forte et quatre militants furent révoqués. Il fut muté dans l’Ardèche, où il fut très bien accueilli. En 1939 la SNCF l’envoya au Bourget (Seine, Seine-Saint-Denis), puis à Saint Saulve, près de Valenciennes (Nord). Tout ceci ne l’empêcha pas de mener une vie familiale auprès de son épouse Jeanne et de leur fils Jean.

Sous l’Occupation, revenu au dépôt de Béthune, il multiplia les sabotages contre la machine de guerre allemande afin de ralentir les convois militaires et la production. Cependant, la SNCF licencia les « suspects » et il fut révoqué le 7 août 1941. Il réussit à trouver du travail dans les ateliers de construction du Nord au Blanc-Mousseron. Là, les sabotages continuèrent et il fut finalement contraint de partir en Allemagne, en novembre 1942, pour réparer des locomotives (son dossier n’indique pas si c’était dans le cadre du STO). Il profita d’une permission pour disparaître et rejoindre la Résistance. Un syndicat clandestin fut reconstitué au dépôt de Béthune. Il assura le contact avec le centre ferroviaire de Lens, où des débrayages furent envisagés en octobre 1943. Les menaces de la Gestapo se développaient, mais aucun train ne circulait et le trafic était paralysé. Édouard Carlier fit partie de la délégation syndicale chargée de négocier la fin du mouvement. Le 18 octobre 1943, les délégués furent reçus par le secrétaire d’État aux transports, Bichelonne, du gouvernement de Vichy. Ils firent valoir que les rations alimentaires étaient insuffisantes, les vêtements de travail et les chaussures usés. Le 18 novembre, la délégation revint avec de maigres résultats (quelques paires de bleus supplémentaires, du savon, quelques promesses de reclassement), mais fière d’avoir tenu tête aux « Pétains ».

Dès l’été 1944, il fut nommé conseiller municipal provisoire de la ville de Béthune, au titre de la résistance. Confirmé à ce poste avec cinq autres communistes en 1945, il fut réélu en 1947 et 1953 mais battu en 1959. Il retrouva son siège en 1965.

Édouard Carlier participa au mouvement de grève de 1947-1948. Ayant retrouvé sa place au dépôt de Béthune après la guerre, il reprit son poste de secrétaire du syndicat des cheminots qu’il conserva jusqu’à sa retraite. Il avait déjà assumé cette fonction de 1935 à 1939. De plus, au début des années 1950, il était délégué auprès du directeur général au titre de l’Union Nord. Il siégeait également à la direction de l’Orphelinat des chemins de fer.

Édouard Carlier fut élu député en 1962 à la surprise générale, à la faveur d’une triangulaire avec Maurice Cassez (MR) et Émile Vanrullen (SFIO). Réélu député en 1967, battu en 1968, il retrouva son siège en 1973 et ne se présenta pas en 1978. Par ailleurs, il devint conseiller général communiste. Il fut successivement élu en 1967, 1973 et 1979. En 1977, il fut de nouveau élu municipal et devint adjoint.

Édouard Carlier céda aussi son siège au conseil général mais resta au sein de l’assemblée municipale jusqu’en 1989, ayant demandé à être déchargé de ses fonctions d’adjoint au maire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18706, notice CARLIER Édouard, Gustave par Jean-Pierre Bonnet, Martine Bottineau, Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 avril 2023.

Par Jean-Pierre Bonnet, Martine Bottineau, Marie-Louise Goergen

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

SOURCES : Arch. SNCF de Béziers. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comités fédéraux du PCF. — Notice rédigée à partir d’un document de 10 pages de Martine Bottineau. — État civil.

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