BLOCH Marx

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 15 décembre 1881 à Trimbach (Bas-Rhin), massacré le 17 ou 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; commerçant ; victime civile

Marx Bloch était le fils de Samuel et de Sarah Levy. Il se maria avec Rachel Bloch le 13 mai 1907 à Trimbach (Bas-Rhin). Marx Bloch vécut avec sa famille à Trimbach au moins jusqu’en mai 1912 puis il s’installa à Wissembourg (Bas-Rhin) où il demeura au 33 rue Nationale. Marx Bloch avait quatre enfants. Il était commerçant.
Marx Bloch se réfugia à Lyon en septembre 1939 ou en 1941. Il résida au 69 rue Servient (IIIe arr.) jusqu’en 1944.
Le 12 août 1944, Marx Bloch fut arrêté par des hommes du Parti populaire français (PPF) parce qu’il était juif. Il existe deux versions des circonstances de son arrestation. D’après certaines sources, Marx Bloch fut appréhendé avec Gustave Ernest Weil à Crépieux-la-Pape (Ain, Rhône). D’autres sources indiquent au contraire qu’il fut arrêté au 69 rue Servient (Lyon) vraisemblablement avec son gendre Charles Alfred Bloch et peut-être avec Gustave Weil. Après son arrestation, Marx Bloch fut interné à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le matin du 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent extraits « sans bagage » de la prison et conduits dans des camions au camp d’aviation de Bron. Surveillés par des soldats allemands, ils durent reboucher les trous d’obus et déterrer et désamorcer des bombes non éclatées toute la journée. A midi, « on leur donna une portion de soupe claire ». A 18h, l’adjudant-chef Brau demanda à 20 soldats de se porter volontaires pour accompagner les détenus. A 18h30, ils chargèrent « les prisonniers sur un camion en les battant à coups de cravaches et de crosses de fusils ». Les prisonniers furent conduits près d’un grand trou de bombe. On les fit mettre en cercle autour de la fosse qu’ils commencèrent à reboucher. Les soldats portaient des bouts de tuyau en fer entourés de caoutchouc. Les détenus furent vraisemblablement battus (assommés peut-être ?) et ils reçurent chacun une balle dans la tête ou dans le corps. Le lendemain, l’adjudant-chef Brau fit recouvrir de terre et de blocs de maçonnerie la fosse dans laquelle gisaient pêle-mêle les corps des victimes.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers juifs de la baraque aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Marx Bloch fut retrouvé le 21 septembre dans le charnier C, situé au nord du hangar numéro 13 et contenant 25 cadavres. Nous pouvons déduire grâce à différents témoignages que la fosse C contenait vraisemblablement les cadavres de 22 victimes du 18 août, les cadavres de 2 victimes du 17 août et le corps d’une femme exécutée probablement le 21 août. Il est donc difficile d’établir clairement quelle fut la date d’exécution de Marx Bloch. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Son corps fut décrit comme suit : 1m80, barbe et cheveux grisonnants, lunettes d’écaille à verres bi-convexes, « complet mauve à rayures, bretelles à petits damiers crème et rouge avec une bande mauve centrale. » Il fut d’abord enregistré sous le numéro 38 puis identifié le 14 novembre 1944 par son fils Jules Bloch qui demeurait 69 rue Servient. Son corps fut inhumé à Bron.
Il obtint le titre d’interné politique en 1953 et la mention Mort pour la France en 2015.
Bron, terrain d’aviation (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article187498, notice BLOCH Marx par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 5 décembre 2016, dernière modification le 15 décembre 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Marx Bloch.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W12, 3460W2, 3460W1, 3460W4, 3808W866, 31J66.— Arch. Dép. Bas-Rhin, tables décennales de Trimbach, 1903-1912.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem.

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