RECHENMANN Charles, Théophile dit Julien ou Raymond

Par Dominique Tantin

Né le 24 août 1912 à Saint-Louis-Lès-Bitche (Moselle), exécuté sommairement le 10 septembre 1944 au camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) ; ingénieur ; agent secret français du Special Operations Executive (SOE), section F, réseau Rover, capitaine, résistant dans les Hautes-Pyrénées et en Charente.

Fils de Théophile Rechenmann, instituteur, et de son épouse Marie née Curin, Charles Rechenmann devint ingénieur électronicien au terme de brillantes études et officier de réserve d’artillerie à l’issue de son service militaire effectué à Poitiers. En 1935, il entra comme ingénieur à la société Meci, une entreprise d’électricité à Paris. Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, il fut libéré comme mosellan dès le 4 août 1940 à condition qu’il reste en Allemagne, mais il rejoignit sa famille réfugiée en Charente où son père exerçait son métier d’instituteur à Ruelle, tous refusant de regagner la Moselle annexée de fait par le Reich dès l’été de 1940.
Désireux de poursuivre la lutte, il tenta vainement de franchir les Pyrénées, puis, en juin 1941, il s’installa à Tarbes (Hautes-Pyrénées) où il ouvrit un bureau au nom de la société Meci. Au début de 1942, il fut contacté par Benjamin Cowburn, un agent du SOE section F dont il avait fait la connaissance à Paris alors que ce dernier travaillait dans une société pétrolière. Charles Rechenmann accepta de travailler pour Cowburn en zone non occupée. En juin 1942, il forma un « groupe Rechenmann. » De retour en France après une brève formation en Angleterre, il entra comme ingénieur à l’usine Hispano-Suiza à Tarbes.
Sur la recommandation de Benjamin Cowburn, et par l’intermédiaire de Maria del Pilar Alvarez, alias Irène, réfugiée espagnole et boite aux lettres du SOE, il fut contacté par Maurice Southgate, alias Hector, chef du réseau SOE Stationer, qui devint son supérieur pour la région tarbaise. Charles Rechenmann organisa des groupes de sabotages et la réception de parachutages.
Au cours de séjours en Charente, il y organisa un groupe de résistance lié à l’Intelligence service avec Bernard Fischer et André Petit.
Il regagna l’Angleterre par avion Hudson dans la nuit du 15 au 16 novembre 1943 et suivit une formation approfondie dans les centres du SOE. Promu lieutenant le 17 janvier 1944, il fut ramené en France par mer le 19 ou le 21 mars 1944 selon les sources. Il fut rejoint par le lieutenant James Mayer, son adjoint et Louis Sirois, son radio, parachutés dans le Gers. Il créa le réseau ROVER qui organisa des sabotages, notamment chez Hispano-Suiza le 23 mars 1944. En avril 1944, Charles Rechenmann revint en Charente accompagné de Mayer et Sirois, et le groupe fut hébergé par les Fischer de Barbezieux, les Pouget et les König d’Angoulême.
Mais ils furent alors repérés et traqués par le contre-espionnage allemand, lequel bénéficiait des informations livrées par deux indicateurs français, Maurice Quatineau et René Bocquereau. Le premier à tomber fut James Mayer, arrêté par les policiers de l’Abwehr venus de Paris et la Feldgendarmerie. Le 10 ou le 12 mai selon les sources, Charles Rechenmann fut arrêté par les hommes de l’Abwehr à l’hôtel du Cheval de Bronze à Angoulême (aujourd’hui Trésorerie générale). Transféré à Paris, il fut déporté à Buchenwald le 8 août 1944, et pendu le 10 septembre 1944 au crématoire du camp avec 16 autres déportés identifiés comme agents secrets de l’Angleterre, dont son adjoint James Mayer.

Homologué au grade de capitaine, il obtint la mention « Mort pour la France. » Il est titulaire à titre posthume de la Croix de guerre avec palme, et Member of the order of the British Empire (Military Division).
Son nom est inscrit sur plusieurs monuments : en Charente, sur des stèles commémoratives à Angeduc et Ruelle-sur-Touvre, à Valençay dans l’Indre sur le Mémorial SOE, à Grenoble (Isère) sur la plaque commémorative de l’Institut Polytechnique, sur le monument aux Morts de Sarreguemines (Moselle) et, avec vingt autres noms, sur la plaque commémorative apposée dans l’antichambre du four crématoire du camp de Buchenwald, plaque inaugurée le 15 octobre 2010, à la mémoire des agents du SOE exécutés dans ce camp en 1944 et 1945, parmi lesquels treize Français et huit Britanniques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article187512, notice RECHENMANN Charles, Théophile dit Julien ou Raymond par Dominique Tantin, version mise en ligne le 5 décembre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Dominique Tantin

SOURCES : CD-Rom La Résistance en Charente, AERI 2005. — Wikipedia. — MémorialGenWeb, notamment pour le SOE :
-  Valençay
-  Buchenwald

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