Argenton-sur-Creuse (Indre), 9 juin 1944

Par Michel Gorand

Le 9 juin 1944 est une journée terrible pour les habitants d’Argenton-sur-Creuse : 67 morts. Le même jour 99 pendus à Tulle ; le lendemain, c’est Oradour sur Glane, 642 morts : pour les trois villes, c’est la barbarie des nazis de la division « Das Reich ».

Mémorial du 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse
Mémorial du 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse
Cliché Michel Gorand

Mémorial du 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse.

Liste des 65 noms inscrits : Arnoux Paul, Aubry Hélène (née Cabaret), Aubry Nicole, Aubry Gisèle, Auclair Fernand, Baudras Roger, Bodineau Germain, Bossoutrot Alphonse, Brandy Jean, Brisset Maxime, Bultel Auguste, Carmier Paulin, Chatin Jean, Chatin Marie (née Moreau), Chauvin Lucien, Delaune Etienne, Delaveau Mathurin, David Louis, David Fabien, Defait André Raoul, Defait Léon Victor, Delor François, Deschaumes Etienne, Desfarge Paul, Duchemin Henri, Ferragu Marcel, Fischer Joseph, Foirien Marcel, Fontenette Berthe, Fraysse André, Garros Raymond, Gasc René Louis, Galinat Théodore, Gorgone François, Gorse Guy, Grunwald Frédéric, Joly Marcel, Lambert Jacques, Lamy André, Lemerle Ferdinand, Maignan Roland, Martin André, Martin Auguste, Masson René, Militon Pierre, Militon Jenny (née Chevalier), Miteu Paul, Montagu Roger, Ngoc-Tran, Nony Charles, Pasquet Roger, Pathé Roger, Patrijat André, Périnet Raymond , Portal Jean, Pouyat Etienne, Robinet Léonce, Rognon Henri, Rouer André, Thimonnier Joseph, Thimonnier Joseph fils, Thimonnier Ernest fils, Vallet André, Villeneuve Jean, Wetzel Auguste. 2 inconnus.


A Argenton, le maquis est chargé de la destruction d’un train allemand, chargé d’essence et de torpilles, en stationnement à Argenton, sur une voie de garage au « Petit Nice », (sur la ligne Argenton-La Châtre, ligne fermée en 1952). Entre 5 et 6h du matin, le maquis se rend à Argenton, s’installe aux points stratégiques de la ville, attaque la gendarmerie pour récupérer des armes puis, vers 6H45, le cantonnement des GMR (Groupe mobile de réserve, chargé du maintien de l’ordre), où il récupère une dizaine de volontaires. A 9h, un peu moins d’une centaine d’hommes sont armés et divisés en 3 groupes pour attaquer le train : à 10h le combat s’engage et un GMR (Meignien) est blessé mortellement ; le Lieutenant Grunwald, des GMR, qui dirige un groupe, est blessé mortellement ; ils décèderont le soir même. Le combat dure une demi-heure, et une vingtaine de soldats allemands, qui gardaient le train, se rend ; dans l’après- midi, les prisonniers seront conduits à Bouesse, où ils passeront la nuit, puis dans une ferme abandonnée près de Bonnavois (à côté de Cluis), où ils resteront quelques jours avant d’être conduits à Dampierre (« Ma résistance » p.99, de Daniel Paquet-2016).
Dans le même temps, vers 11h, une voiture allemande venant de Limoges est arrêtée au barrage des maquisards, établi à l’entrée d’Argenton, près du château d’eau, sur la RN 20. Des échanges de coups de feu ont lieu, un maquisard (Defait) est mortellement blessé, mais les Allemands peuvent s’enfuir.
De la même manière, vers 15h, trois camions allemands du Groupe « Stenger » sont accrochés au barrage du Moulinet à l’entrée d’Argenton : un camion est récupéré, mais les Allemands s’échappent avec les 2 autres camions. Le 9 juin, la colonne de répression du colonel Stenger se transportait de Poitiers à Châteauroux via Le Blanc et la Brenne (Méobecq).
Vers 18h une énorme colonne de blindés allemands arrive sur la route de Limoges, alertée sans doute par les Allemands échappés de la voiture attaquée le matin. Il s’agit de la 15ème Compagnie du 3ème bataillon du régiment « der Führer » de la division « Das Reich » (plus de 150 hommes). Le combat est bref, les maquisards se retirent, certains sont tués. Un groupe d’Allemands opère avec sauvagerie, à partir de 19h, rue St Antoine, puis route de Fontfurat (deviendra rue du 9 juin), rue de l’abattoir, avenue Rollinat… ; les Allemands prennent des otages ; ils fusillent des gendarmes et des cheminots rue de Maroux ; ils rassemblent, à la nuit tombée, une centaine d’otages qui passeront la nuit au « Petit Nice ». Les obsèques d’une cinquantaine de victimes auront lieu le 12 juin à Argenton.
Au matin du 10 juin vers 6h30, les Allemands vérifieront les identités des otages : l’intervention d’un professeur d’allemand d’Argenton, JM Cubel (de son vrai nom Lothaire Kubel), en sauva un grand nombre ; ensuite les Allemands relâcheront les otages sauf une dizaine qu’ils emmèneront avec eux sur Limoges et qu’ils fusilleront, vers 18h, à la carrière de Gramagnat, au hameau du Malabre, au nord de Limoges : les Argentonnais l’apprendront le 24 juin.

Ils furent tués en combattant contre les troupes allemandes (12 personnes) :
BAUDRAS Roger, Hugues
BRANDY Jean
BULTEL Auguste, Joseph
DAVID Fabien, René
DAVID Louis
DEFAIT Léon, Victor
DESFARGE Paul
GASC René, Louis
GRUNWALD Frédéric, Charles
MEIGNIEN Roland
ROGNON Henri, Camille
ROUER André

Ils furent tués, vers 20h, rue Saint Antoine à Argenton (4 personnes ) :
AUCLAIR Fernand
CHAUVIN Lucien
DUCHEMIN Henri
PORTAL Jean

Ils furent tués, vers 19h30/20h, route de Fontfurat à Argenton (qui est devenue rue du 9 juin) (11 personnes) :
AUBRY Gisèle, Hélène, Renée
AUBRY Nicole, Adolphine, Marie
CABARET Hélène, Marie
CHEVALIER Jenny
FERRAGU Marcel
FOIRIEN Marcel
LEMERLE Ferdinand, Joseph, Guillaume, Marc
MILITON Pierre
NONY Charles, Lucien
PATHÉ Roger, Henri, Auguste
PATRIJAT André, Eugène


Ils furent tués le 9 juin 1944 avenue Rollinat à Argenton-sur-Creuse (5 personnes) :
BRISSET Maxime
JOLY Marcel, Jean, Marie
LAMY André
PÉRINET Raymond
VILLENEUVE Jean, Joseph

Ils furent tués rue de l’Abattoir à Argenton-sur-Creuse (2 personnes) :
DELAVEAU Mathurin
DESCHAUMES Étienne, Denis


Ils furent tués en différents points de la ville d’Argenton-sur-Creuse (12 personnes) :

BOSSOUTROT Alphonse, François
CHATIN Jean-Eugène
DEFAIT André, Raoul
DELAUNE Etienne, Alexandre, Raoul
FONTENETTE Berthe, Marie
LAMBERT Jacques, Jean, Eugène, Ernest
MARTIN André, Gustave
MARTIN Auguste
MASSON René
MOREAU Marie
PASQUET Roger, Alphonse, Paul
ROBINET Léonce


Ils furent fusillés rue de Maroux à Argenton (7 personnes) :
BODINEAU Germain, Louis
CARMIER Paulin, Victor
DELOR François, Eugène
FISCHER Joseph
MITEU Paul
POUYAT Etienne
THIMONNIER Joseph, Adrien


Ils furent fusillés (dont 5 soldats du 1er régiment de France, un officier, 6 civils et des inconnus) dans une carrière, au lieu-dit Gramagnat au Malabre, (commune de Beaune les Mines à l’époque), quartier nord de Limoges :
ARNOUX Paul, Célestin
FRAYSSE André, Lucien
GALINAT Théodore
GARROS Raymond
GORGONE François, Joseph, Marie
GORSE Guy
MONTAGU Roger, Camille
THIMONNIER Ernest
THIMONNIER Joseph
TRANS Hoai, Ngoc
VALLET André
WETZEL Auguste, Marcel

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article187558, notice Argenton-sur-Creuse (Indre), 9 juin 1944 par Michel Gorand, version mise en ligne le 8 décembre 2016, dernière modification le 24 mars 2019.

Par Michel Gorand

Mémorial du 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse
Mémorial du 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse
Cliché Michel Gorand
Plaque apposée sur le mur de la gendarmerie d’Argenton-sur-Creuse
« Arrêtés et fusillés par les Nazis allemands le 9 juin 1944 »
(Cliché Michel Gorand)

SOURCES : Dr Cotillon, Argenton 9 juin 1944, 994). — lain Giévis et de Jean Louis Laubry, « Été 1944 », SPHARESD, bulletin n°12 de 1996. — Pierre Brunaud, Argenton-sur-Creuse dans la guerre, 2008). — État civil d’Argenton.

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