CARPENTIER Émile [CARPENTIER Alfred, Émile, Henri]

Par Yves Le Maner

Né le 14 septembre 1888 à L’Étoile (Somme), mort le 9 mai 1948 à Wierre-au-Bois (Pas-de-Calais) ; ouvrier au chemin de fer ; militant syndicaliste et socialiste de Boulogne-sur-Mer, secrétaire adjoint de l’Union départementale des syndicats CGT du Pas-de-Calais.

Le père d’Émile Carpentier était soldat à Givet au moment de sa naissance, sa mère ouvrière de fabrique. Émile Carpentier, qui déclara l’enfant (probablement le grand-père), était tisseur. Émile Carpentier se maria en avril 1912 à Condé-Folie (Somme).
Ouvrier au dépôt des machines de la Compagnie des Chemins de fer du Nord à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Émile Carpentier adhéra à la CGT bien avant la Première Guerre mondiale, mais il n’endossa des responsabilités syndicales qu’au lendemain du conflit et plus précisément à partir de la grande grève des cheminots de 1920. Secrétaire général du syndicat des cheminots de Boulogne-sur-Mer, il fut l’un des adversaires les plus résolus des militants communistes au cours des débats qui ébranlèrent profondément l’Union départementale des syndicats du Pas-de-Calais pendant l’année 1921. Délégué de son organisation au congrès national de la CGT à Paris, il soutint activement la motion Bidegaray et, à son retour à Boulogne, lors d’une assemblée générale tenue le 16 juin 1921, il obtint un ralliement quasi unanime à sa position.
La scission consommée, le puissant syndicat de Carpentier constitua la partie maîtresse de l’Union locale confédérée de Boulogne-sur-Mer. Carpentier devait assurer la direction de l’« Union des Chambres syndicales ouvrières » confédérée de 1921 à la réunification de 1935, tout en conservant le secrétariat du syndicat des cheminots qu’il quitta cependant pendant quelques mois en 1923-1924 lorsqu’il fut appelé à la Commission exécutive de la Fédération CGT des travailleurs des chemins de fer. L’UL confédérée qui comptait cinq syndicats et environ 1 600 membres (dont 1 200 cheminots) en 1929 s’effrita sous l’effet du chômage qu’entraîna la crise économique à partir de 1930-1931. Ces deux années virent une chute brutale des effectifs syndiqués et la disparition de certains syndicats (dont celui des cimentiers) que compensa, très partiellement le ralliement du syndicat des instituteurs. Cependant l’activité de Carpentier et son habileté de négociateur parvinrent à redresser la situation et, dès 1934, l’UL-CGT regroupait huit syndicats avec un total de 1 359 membres dont 904 cheminots. Les confédérés se présentèrent ainsi dans une situation d’absolue domination lorsque fut entamé le processus de réunification avec les unitaires au début de 1935. Malgré sa profonde hostilité aux communistes, Carpentier avait accepté à plusieurs reprises des initiatives communes avec les unitaires lors des grèves et, en 1924, il avait figuré parmi les signataires d’un appel à l’unité des cheminots du réseau Nord regroupant des dirigeants des deux organisations rivales (voir Bounières Énogat). La fusion des organisations de cheminots de Boulogne lui donna logiquement le secrétariat général de l’organisation unique, les ex-confédérés représentant en effet 95 % de l’effectif total. Élu co-secrétaire, avec l’ex-unitaire Adolphe Robert, de l’Union locale réunifiée au cours de l’assemblée générale du 4 octobre 1935 (la fusion ne sera effective qu’en janvier 1936), Carpentier fut à ce titre délégué au congrès départemental d’unité qui fut convoqué en décembre 1935. Membre de la commission administrative de l’UD confédérée depuis 1921, il fut élu secrétaire adjoint (avec le militant unitaire G. Coquel) de l’UD-CGT réunifiée, fonction qu’il occupa jusqu’en 1939 (voir Chopin Clotaire*).
Carpentier était en 1939 secrétaire adjoint de l’union des syndicats des cheminots de la région Nord avec Blanchet et Jean Catelas*. Il occupa seul ce poste après le 22 octobre 1939, suite à l’éviction des ex-unitaires.
Émile Carpentier fut exclu à vie des organisations syndicales par la Commission nationale de reconstitution des organisations syndicales des travailleurs pendant les séances des 14 et 21 novembre 1944, pour avoir été membre du Comité ouvrier de secours immédiats (COSI) animé par d’anciens militants de la CGT ralliés à l’État français.
Membre du Parti socialiste SFIO, Émile Carpentier siégea à la commission exécutive de la Fédération du Pas-de-Calais jusqu’en 1939. Il avait été pendant plusieurs années conseiller d’arrondissement à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Conseiller municipal et adjoint au maire d’Outreau pendant de longues années aux côtés de son ami Ernest Desclèves* il fut élu maire en 1945, succédant à Louis Guilbert qui avait été mis en place par le Comité local de Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18757, notice CARPENTIER Émile [CARPENTIER Alfred, Émile, Henri] par Yves Le Maner, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 14 novembre 2008.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Nat. F7/13038, F7/13660 et 13681. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 2372, 2373 et 5304. — Arch. PPo. 308, octobre 1926, BA 2442. — L’Espoir, 23 mai 1948. — Renseignements fournis par H. Henneguelle, ancien sénateur-maire de Boulogne-sur-Mer. — Comptes rendus des congrès de la Fédération CGT des Cheminots. — Notes de Pierre Vincent et de Jean-Pierre Besse. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable