Par Pierre Baudrier
Menuisier à Crest (Drôme), joua les premiers rôles dans la résistance au coup d’État de décembre 1851, condamné à Algérie +.
Né avec le siècle à Crest, René Danjon était marié et père de quatre enfants,
La Gazette des Tribunaux du 21 janvier 1852 raconte en ces termes son arrestation ainsi que celle de Jean Gonthier adjoint au maire de Suze et de Claude Caban, fils du maire de Suze :
« Drôme Gisors). — Le 13, la brigade de gendarmerie de Crest, sous les ordres du maréchal-des-logis Roussel, accompagnée de vingt hommes d’infanterie, s’est rendue vers une heure du matin, sur la montagne dite Saint-Bancas, commune de Gigas, où devaient se réunir vers midi, dans une chapelle, tous les chefs fugitifs de l’insurrection qui a eu lieu à Crest. Après avoir parcouru vingt kilomètres à travers des rochers et des chemins effrayans, ils y arrivèrent vers les quatre heures du matin, et là, le maréchal-des-logis Roussel divisa sa troupe sur quatre points séparés, afin que ses soldats n’étant point aperçus par les insurgés, pussent les cerner à la première attaque. Enfin, après cinq heures d’embuscade, deux insurgés se présentèrent sur les hauteurs des rochers, au nord de la montagne, au lieu de se diriger sur la chapelle ; et, dès qu’ils aperçurent la troupe, ils rétrogradèrent. Aussitôt le maréchal-des-logis Roussel, le gendarme Barret et cinq voltigeurs les poursuivirent pendant plus d’.une heure dans les rochers, où ils les perdirent de vue. Huit coups de feu furent tirés sans pouvoir en atteindre un seul. Le gendarme Barret et les cinq voltigeurs ayant reçu l’ordre de tourner la montagne, pour contenir par derrière les insurgés qui se rendaient à la chapelle, le maréchal des-logis gravit seul les rochers les plus escarpés pour rejoindre la troupe, et n’étant plus qu’à 600 mètres d’elle, il aperçut trois insurgés, armés chacun d’un fusil, qui fuyaient du côté opposé à la troupe. Le gendarme Bourrelly et quatre fantassins rejoignirent alors le maréchal-des-logis Roussel, et poursuivirent ces trois insurgés pendant une heure dans des ravins et des rochers affreux. Enfin, et après une course des plus pénibles, ils parvinrent à arrêter le nommé Danjou, menuisier à Crest. Cette arrestation est peut-être la plus importante de toutes, car cet homme est le plus redouté dans ces contrées ; il était, suivant la prévention, le chef d’une société secrète et de l’insurrection. C’est lui qui conduisit toutes les bandes vers Crest, en les excitant au pillage et à la révolte. Pendant la poursuite de ces trois fuyards, dix-neuf coups ont été tirés tant par la gendarmerie que par la troupe, mais inutilement. Le gendarme Gibert, resté en embuscade près de la chapelle, et une partie de la troupe de ligne, ont poursuivi également un insurgé qui se rendait à la réunion convenue. Dix-huit coups de feu lui ont été tirés : un seul l’a atteint à la jambe droite, ce qui ne l’a pas empêché de continuer à fuir dans les rochers, où il a été perdu de vue. Le gendarme Barrez, qui était parti d’un autre côté de la montagne pour rejoindre la troupe, a opéré, pendant son trajet, l’arrestation du nommé Jean Gonthier, adjoint au maire de la commune de Suze, insurgé fugitif et principal chef de l’insurrection. Le maréchal-des-logis Roussel et les cinq voltigeurs, de retour dans cette commune, ont aussi arrêté le nommé Claude Caban, fils du maire de Suze, prévenu d’insurrection. Ces trois arrestations ont été opérées après une lutte et une course des plus extraordinaires et des plus acharnées. »
Par Pierre Baudrier
SOURCE : Base des données des Poursuivis suite au coup d’État de décembre 1851.